Développement
Le business de la pauvreté
«La volonté de réduire de moitié d’ici 2015 la proportion des pauvres est un geste des dirigeants mondiaux de portée historique attestant l’impérative nécessité de résoudre le problème de la pauvreté de masse, sans doute l’enjeu principal qu’affronte l’humanité». Lennart Bâge, Président du Fonds International de Développement Agricole (FIDA).
De notre envoyé spécial à Monterrey
La Conférence internationale sur le financement du développement qui se tient dans la ville de Monterrey au Nord du Mexique du 18 au 22 mars est la première grande occasion depuis le Sommet du Millénaire, organisé par l’ONU, de réunir les différents acteurs du financement du développement. Un forum qui a commencé un peu mollement, mais en fin de journée, les multiples tables rondes, les conférences, les discussions de couloir comme les séances plénières donnaient le ton du débat.
Depuis une dizaine d’années, les pays donateurs ont l’impression d’accorder des aides sans que cela ne résolve quoique ce soit. De réunions en forums internationaux, ils ont estimé que les pays pauvres devaient avant tout améliorer leurs gouvernements : une condition sine qua non pour un développement durable. Pour cela, ils se réunissent dans ce genre de réunions et donne les conseils qu’ils estiment adéquats aux pays du Sud pour qu’ils aient des politiques plus saines, des institutions plus solides afin de s’émanciper, devenir moderne, abandonnant les vieux schémas du passé. L’idée récurrente pour y parvenir : développer le commerce international, moteur du développement. Mais pour qu’il joue son rôle, il faut permettre l’accès des pays pauvres aux marchés des produits qui les intéressent tout en proposant de nouveaux mécanismes pour qu’ils utilisent les fonds des organismes internationaux.
Le commerce des PVD devient un marché
Le Consensus de Monterrey est en fin de compte une tentative d’établir de nouvelles relation entre le Nord et le Sud. Il ne s’agit plus d’aborder les thèmes classiques de la stabilité macroéconomique, ni d’imposer des plans d’ajustement structurel. La nouvelle politique est aujourd’hui de proposer des thèmes plus pertinents qui proviennent des leçons apprises ces 20 dernières années. Le déclic s’est sans doute produit lors des manifestations anti-mondialisation de Davos et l’apparition du Forum social de Puerto Alegre. La quatrième conférence de l’OMC à Doha (Qatar) en novembre 2001 a donné naissance chez les mondialistes à l’idée qu’il était possible d’améliorer le système commercial international : un cycle de développement qui stimule à la fois les pays industrialisés comme les pays émergents.
Le Consensus de Monterrey part de cet acquis et propose de mieux régulariser ces nouveaux marchés, ce qui donne lieux lors des conférences à des échanges très asymétriques entre ceux qui tiennent le discours du libre échange et ceux qui militent pour un monde meilleur. Les thèmes abordés pendant ces cinq jours portent sur les points délicats : certains veulent régler la question des dettes extérieures des pays les plus endettés, d’autres veulent rendre plus cohérents les systèmes financiers et commerciaux internationaux. Les débats portent aussi sur le besoin d’améliorer la surveillance des économies en contrôlant en particulier les mouvements des capitaux à court terme avec un nouveau rôle du FMI qui devrait être redéfini pour qu’il puisse être plus attentif à la bonne marche des économies et puisse détecter les crises avant qu’elles n’éclatent.
Enfin, le dernier grand point évoqué par le Consensus de Monterrey est celui de la «bonne gouvernance», un moyen d’éviter de parler de la corruption qui empoisonne le secteur privé et les institutions financières internationales. Ce fléau ne mérite aucun traitement, les mesures concrètes pour l’enrayer et l’éradiquer ne font, curieusement, l’objet d’aucun débat.
L’autre point que le Consensus de Monterrey a du mal à aborder sont toutes les difficultés que rencontrent les pays pauvres : les barrières douanières des pays du nord lorsqu’ils veulent exporter, les subventions qu’accordent les gouvernements pour défendre leur économies qui faussent les échanges avec le sud, les règles de la concurrence, les mesures antidumpings, les normes sanitaires, toujours appliquées dans le même sens. L’ONU estime que les pays riches dépensent pour ses mesures protectionnistes 361 milliards de dollars, soit 7 fois le montant de l’Aide Publique au Développement. Ces mesures privent les pays pauvres de ressources estimées à 130 milliards de dollars dont ils auraient besoin pour assurer leur développement.
La Conférence internationale sur le financement du développement qui se tient dans la ville de Monterrey au Nord du Mexique du 18 au 22 mars est la première grande occasion depuis le Sommet du Millénaire, organisé par l’ONU, de réunir les différents acteurs du financement du développement. Un forum qui a commencé un peu mollement, mais en fin de journée, les multiples tables rondes, les conférences, les discussions de couloir comme les séances plénières donnaient le ton du débat.
Depuis une dizaine d’années, les pays donateurs ont l’impression d’accorder des aides sans que cela ne résolve quoique ce soit. De réunions en forums internationaux, ils ont estimé que les pays pauvres devaient avant tout améliorer leurs gouvernements : une condition sine qua non pour un développement durable. Pour cela, ils se réunissent dans ce genre de réunions et donne les conseils qu’ils estiment adéquats aux pays du Sud pour qu’ils aient des politiques plus saines, des institutions plus solides afin de s’émanciper, devenir moderne, abandonnant les vieux schémas du passé. L’idée récurrente pour y parvenir : développer le commerce international, moteur du développement. Mais pour qu’il joue son rôle, il faut permettre l’accès des pays pauvres aux marchés des produits qui les intéressent tout en proposant de nouveaux mécanismes pour qu’ils utilisent les fonds des organismes internationaux.
Le commerce des PVD devient un marché
Le Consensus de Monterrey est en fin de compte une tentative d’établir de nouvelles relation entre le Nord et le Sud. Il ne s’agit plus d’aborder les thèmes classiques de la stabilité macroéconomique, ni d’imposer des plans d’ajustement structurel. La nouvelle politique est aujourd’hui de proposer des thèmes plus pertinents qui proviennent des leçons apprises ces 20 dernières années. Le déclic s’est sans doute produit lors des manifestations anti-mondialisation de Davos et l’apparition du Forum social de Puerto Alegre. La quatrième conférence de l’OMC à Doha (Qatar) en novembre 2001 a donné naissance chez les mondialistes à l’idée qu’il était possible d’améliorer le système commercial international : un cycle de développement qui stimule à la fois les pays industrialisés comme les pays émergents.
Le Consensus de Monterrey part de cet acquis et propose de mieux régulariser ces nouveaux marchés, ce qui donne lieux lors des conférences à des échanges très asymétriques entre ceux qui tiennent le discours du libre échange et ceux qui militent pour un monde meilleur. Les thèmes abordés pendant ces cinq jours portent sur les points délicats : certains veulent régler la question des dettes extérieures des pays les plus endettés, d’autres veulent rendre plus cohérents les systèmes financiers et commerciaux internationaux. Les débats portent aussi sur le besoin d’améliorer la surveillance des économies en contrôlant en particulier les mouvements des capitaux à court terme avec un nouveau rôle du FMI qui devrait être redéfini pour qu’il puisse être plus attentif à la bonne marche des économies et puisse détecter les crises avant qu’elles n’éclatent.
Enfin, le dernier grand point évoqué par le Consensus de Monterrey est celui de la «bonne gouvernance», un moyen d’éviter de parler de la corruption qui empoisonne le secteur privé et les institutions financières internationales. Ce fléau ne mérite aucun traitement, les mesures concrètes pour l’enrayer et l’éradiquer ne font, curieusement, l’objet d’aucun débat.
L’autre point que le Consensus de Monterrey a du mal à aborder sont toutes les difficultés que rencontrent les pays pauvres : les barrières douanières des pays du nord lorsqu’ils veulent exporter, les subventions qu’accordent les gouvernements pour défendre leur économies qui faussent les échanges avec le sud, les règles de la concurrence, les mesures antidumpings, les normes sanitaires, toujours appliquées dans le même sens. L’ONU estime que les pays riches dépensent pour ses mesures protectionnistes 361 milliards de dollars, soit 7 fois le montant de l’Aide Publique au Développement. Ces mesures privent les pays pauvres de ressources estimées à 130 milliards de dollars dont ils auraient besoin pour assurer leur développement.
par Patrice Gouy
Article publié le 19/03/2002