Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Développement

NEPAD : Le dialogue est entamé avec le secteur privé

L’Afrique a réussi à amorcer à Dakar un dialogue multiforme avec le secteur privé international malgré les lenteurs et les faiblesses qui marquent encore l’élaboration du plan de relance économique de l’Afrique dans le cadre du NEPAD.
De notre envoyée spéciale à Dakar

«Un thème qui revient sans cesse dans les discussions est la nécessité de mobiliser l’épargne et le secteur privé africains», reconnaît un parlementaire sénégalais qui a assisté à un des cinq ateliers de travail, respectivement consacrés aux infrastructures, à l’agriculture, aux technologies de l’information et de la communication, à l’énergie et à l’environnement.

Chaque atelier a été présidé par un chef d’Etat africain, les représentants du secteur privé jouant les modérateurs. Mais toutes les régions africaines n’étaient pas encore prêtes et n’avaient donc pas de projets déjà élaborés et chiffrés.

«En fait le défi est plus grand que nous l’imaginions», reconnaît Garry Hodgson de Microsoft à propos du NEPAD. Il estime toutefois que l’Afrique revient de loin et que le nouveau partenariat auquel les hommes d’affaires sont invités à participer implique la participation des dirigeants mais aussi du secteur privé africain pour réussir.

Pour Microsoft, la part de l’Afrique n’a représenté que 0,5% des 30 milliards de dollars du chiffre d’affaires du géant informatique l’année dernière, soit 150 millions de dollars. Microsoft qui a lancé un projet ambitieux en Afrique du Sud pour informatiser 32000 écoles publiques, voudrait étendre ce genre d’activités ailleurs, à condition que l’environnement y soit favorable, car «sans électricité, par exemple, on ne peut rien faire», reconnaît Harry Hodgson.

Investissement et formation doivent être liés

Le développement des technologies de l’information et de la communication implique aussi la formation des professeurs et la création de micro-entreprises de base, par exemple au niveau de la vente de matériel informatique au détail. L’homme de Microsoft estime toutefois que des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Nigeria pourraient être les prochains sur la liste, car ils ont accompli d’énormes progrès en matière d’informatique, et souligne que la politique de Bill Gates, le patron de Microsoft, est d’étendre ce partenariat à l’ensemble de l’Afrique et du Moyen-Orient.

En fait pour chaque thème, chaque région africaine –nord, sud, est, ouest et centre– a préparé des projets à importance régionale ou continentale, dont certains chiffrés, qui ont été présentés aux investisseurs du secteur privé. Comme par exemple le programme Geftarail qui prévoit la construction d’un chemin de fer d’interconnexion de l’Afrique de l’ouest reliant le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo. Mais d’autres réunions sont encore nécessaires, comme avec les représentants du G8 qui regroupe les principaux bailleurs de fonds de l’Afrique.

Microsoft est parmi les nombreuses compagnies américaines dont les responsables ou les représentants ont fait le voyage à Dakar pour cette première rencontre avec le secteur privé dans le cadre du NEPAD. Les hommes d’affaires américains ont d’ailleurs été confortés par le message de soutien du président américain George W. Bush, se félicitant de l’attachement à la bonne gouvernance contenu dans le NEPAD, qui a été lu devant la conférence qui s’est clôturée mardi par un invité de dernière heure, le chef d’Etat nigérian Olusegun Obasanjo qui s’était excusé la veille.

«Ce qui est important, c’est que l’Afrique reconnaît l’importance de la bonne gouvernance qui est un gage de stabilité», souligne de son côté l’administrateur associé du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), qui a été auparavant le conseiller économique du président du Burkina Faso. Pour lui, l’intérêt montré par les hommes d’affaires à Dakar –plusieurs centaines étaient présents lundi et mardi– illustre la nécessité de mieux faire connaître l’Afrique. Il insiste aussi sur la mobilisation de l’épargne africaine, thésaurisée ou placée à l’étranger, en préconisant le développement des bourses de valeur africaines.

Le PNUD prévoit notamment l’organisation de séminaires entre les investisseurs de Wall Street et les représentants des ces bourses. «Ce premier rendez-vous a eu du succès mais il faut attendre de voir l’ensemble des projets qui seront retenus en juin prochain par le G8», précise l’un d’eux. Il ajoute toutefois que des contacts bilatéraux ont été pris ou poursuivis dans la capitale sénégalaise qui pourraient également se traduire par de nouveaux investissements.



par Marie  Joannidis

Article publié le 17/04/2002