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Développement

La Cnuced critique le FMI et la Banque mondiale

Comme elle le fait régulièrement, et généralement en vain, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a lancé mardi un nouveau cri d’alarme sur l’extrême pauvreté dont souffrent les pays les moins avancés (PMA). Elle estime en effet que si les tendances économiques actuelles se poursuivent, 450 millions de personnes au moins vivront avec moins d’un dollar par jour d’ici 2015, soit près de 30% de plus qu’aujourd’hui. La Cnuced, pour qui les politiques d’ajustement structurel du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale sont trop rigides, estime par ailleurs que doubler le revenu des ménages pourrait être une des solutions et entraîner une importante réduction de la pauvreté dans les PMA.
Dans son rapport sur les PMA, la Cnuced, qui analyse pour la première fois la pauvreté dans l’ensemble de ces pays, dresse un constat alarmant. Selon ses nouvelles estimations en effet, les quatre cinquièmes de la population des PMA vivaient avec moins de deux dollars par jour en 1995-1999, leur consommation privée moyenne dépassant à peine un dollar par jour. La pauvreté, souligne par ailleurs la Cnuced, est particulièrement grave sur le continent africain qui compte 34 des 49 pays classés dans cette catégorie. La proportion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour est passé de 56% dans les années 70 à 65% vingt ans plus tard. Si les PMA asiatiques ont enregistré de meilleurs résultats, deux tiers de leur population vivent cependant avec moins de deux dollars par jour.

La Cnuced déplore que les programmes d’ajustement structurel imposés dans les années 80 et 90 aux PMA n’aient pas suffi à faire reculer la pauvreté. Son dernier rapport montre même que «l’incidence de l’extrême pauvreté n’a pas diminué dans les pays qui ont engagé ces programme, y compris dans le groupe de ceux qui ont été mis en œuvre correctement». Elle regrette donc «la rigidité» d’organismes comme le FMI et la Banque mondiale qui subordonnent l’aide au développement à une bonne application de ces politiques d’ajustement structurel. Pour la Cnuced, il est en effet «urgent d’accroître l’aide et d’améliorer son efficacité». Elle se félicite que la forte baisse des flux d’aide aux PMA qui s’était amorcée dans les années 90 ait cessé depuis deux ans. Elle regrette toutefois que la valeur réelle de cette aide pour le développement reste inférieure de 49 % par rapport aux chiffres de 1990.

Faire reculer la pauvreté, c’est possible

La Cnuced, dans son rapport sur les PMA, propose une nouvelle approche pour faire reculer la pauvreté. Elle estime en effet que les stratégies de réduction de la pauvreté ne doivent pas cibler uniquement les 20% d’habitants les plus démunis. Elles doivent plutôt s’attacher, par le développement , à relever le niveau de vie de la majorité de la population. Pour ce faire, la Cnuced préconise de doubler, le plus rapidement possible, le niveau de vie moyen des ménages. «Si la consommation privée par habitant doublait, la proportion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour passerait de 65% à moins de 20%», souligne ainsi le rapport.

Le lien entre la diminution de l’extrême pauvreté et l’augmentation de la consommation moyenne dans les PMA est une donnée nouvelle et la Cnuced considère cette découverte importante, tout comme le lien qui existe entre l’extrême pauvreté et la dépendance à l’égard des produits de base. Dans certains pays, en effet, au sous-sol riche en minéraux ou en produits pétroliers, l’augmentation du PIB, liée à l’exportation de ces ressources, ne traduit pas souvent une réduction de la pauvreté. La Cnuced estime ainsi qu’il est important d’encourager dans les PMA le développement d’une industrie de transformation qui puisse affranchir ces pays des aléas des cours des marchés internationaux.

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par Mounia  Daoudi

Article publié le 19/06/2002