Développement
La mondialisation ne profite pas à l’Afrique
Le club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, émanation de l’OCDE a organisé à Dakar au Sénégal, une conférence internationale sur le commerce et l’investissement en Afrique qui ne tire qu’un maigre bénéfice de la mondialisation. Des experts, des chercheurs et aussi des opérateurs économiques se sont penchés sur les causes de cette marginalisation et souhaient faire porter aux chefs d'Etat leurs résolutions issues de leursdiscussions. Les organisateurs veulent ainsi éviter les traditionnels reproches, non moins fondés, sur les conclusions de ce genre de réunion qui sont souvent théoriques et techniques mais très éloignées des réalités des pays africains.
De notre envoyé spécial à Dakar
La mondialisation ne profite pas aux pays africains. Pourquoi ? C’est à cette simple question qu'ont tenté de répondre des experts d’organisations internationales, des chercheurs, des économistes, des acteurs politiques et économiques des pays du nord et du sud réunis à Dakar, du 23 au 26 avril. L’OCDE qui regroupe une trentaine de pays riches, offre un cadre à cette discussion, qui se veut fiable puisque l’essentiel de ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation ne profite qu’aux pays développés. Le contexte est connu. Le décloisonnement des marchés est une réalité et l’interdépendance des marchés nationaux est croissante. Le volume des activités à travers les échanges internationaux et le flux des investissements directs étrangers ont été établis en 2OOO à plus de 1 3OO milliards de dollars. Dans ce contexte l’Afrique a enregistré, ces cinq dernières années, une progression de 75% du flux des échanges, mais les investissements directs dont elle a bénéficié sont inférieurs à 1%. Elle ne tire donc pas profit du décloisonnement des marchés, mais les esprits optimistes voient plutôt dans cette faiblesse une marge considérable d’intégration de l’Afrique à l’économie mondiale.
A l’ouverture de la conférence de Dakar, le président Abdoulaye Wade a surtout insisté sur l’autre aspect de la mondialisation qu’est le commerce. Dans les pays africains au sud du Sahara, le commerce est devenu une pièce maîtresse des économies nationales, alors qu’elle avait été construite autour de l’exportation des cultures dites de rente et de l’exportation des certains minerais. Au moment où les cours de ces matières premières dégringolaient sur les marchés internationaux, on enregistrait dans le même temps un regain d’activité sur le plan national et régional. Dans les années 90 les échanges commerciaux ont atteint une progression de 38% alors que le produit intérieur brut (PIB) plafonnait à moins de 9% et les exportations de l’Afrique ne progressaient que de 5%. Ces différents constats conduisent aujourd’hui les décideurs africains à orienter les politiques sur les questions de développement local, pour combattre par la même occasion la pauvreté.
Faut pas rêver
L’importance du commerce dans les économies nationales renforce aujourd’hui les convictions des initiateurs du NEPAD, qui s’associent à la démarche de l’OCDE, pour évoquer ensemble «le renforcement des capacités» comme levier de développement. Dans un langage moins technique, on développera des activités dans lesquelles les aptitudes et performances sont maîtrisées. Plusieurs secteurs d’activité, l’agriculture, l’industrie et même les services ont fait l’objet de discussions diverses à travers plusieurs ateliers de travail lors de la conférence de Dakar. Les experts et entrepreneurs, invités par l’OCDE, ont étudié ensemble des stratégies de développement pour rendre valable et compétitive la production africaine. Dans le domaine de l’agriculture on se souvient que certaines institutions financières et de nombreux chefs d’Etat africains avaient demandé aux pays développés un moratoire sur les subventions accordées à certains produits agricoles des pays du nord qui mettent en péril la production du sud. La France et le Canada avaient favorablement accueilli cette proposition qui a une vertu, celle de donner à l’agriculture africaine non subventionnée la possibilité d’accéder au marché international.
Or, la concurrence est aujourd’hui déloyale et «l’Afrique part battue d’avance» selon Abdoulaye Wade. Pour autant, il ne croit pas en la suspension, sous quelque forme que ce soit, des subventions dont bénéficie l’agriculture en France où Etats-Unis.«Cela relève d’une décision politique que ces pays ne pourront prendre, le monde paysan représentant chez eux une force politique et économique non négligeable», poursuit le président Wade. Lors des premiers ateliers de réflexion, Abdoulaye Diop, le ministre sénégalais de l’Economie et des finances à inviter les experts présents à la conférence de Dakar à réfléchir plutôt à des «solutions de contournement des difficultés, des distorsions et des incohérences» qui pénalisent l’Afrique. Pour Pape Demba Thiam de l’OCDE, il faut maintenant dégager des initiatives pour «une situation économiquement maîtrisée et politiquement gérable». Le président Wade a surpris tout le monde en annonçant l’abandon de cette demande africaine, alors qu’il n’avait pas encore consulté ses homologues africains sur ce dossier.
De nombreux observateurs conviennent, en effet, que la décision politique d’un moratoire sur les subventions agricoles dans certains pays d'Europe et d'Amérique relève du domaine du rêve. Mais ces mêmes experts pensent qu’une coalition homogène pourrait peser dans la balance des discussions, lors du sommet du G8 à Evian , en juin prochain, et dans tous les cas, obtiendrait un meilleur résultat que le renoncement affiché par le président Wade.
Sur la même lancée le président sénégalais a fait une autre annonce tout aussi désarmante. «Les chefs d’Etat invités ne viendront pas à Dakar parapher les conclusions de la conférence. Ils ne feront pas le déplacement, juste pour une matinée» a affirmé le président Wade à ses hôtes. Il semblait avoir pris seul cette décision puisque la direction de l’OCDE, présente à Dakar s’est retrouvée dans une délicate posture, celle de déconseiller à certains chefs d’Etat de faire le voyage de Dakar. L’OCDE a alors bouleversé ses programmes, la déception se lisait sur les visages mais Abdoulaye Wade a rassuré tout le monde en promettant d’amener ses pairs africains à valider les résolutions de Dakar lors de la prochaine session au sommet de l’Union africaine dans quelques mois à Maputo, au Mozambique.
La mondialisation ne profite pas aux pays africains. Pourquoi ? C’est à cette simple question qu'ont tenté de répondre des experts d’organisations internationales, des chercheurs, des économistes, des acteurs politiques et économiques des pays du nord et du sud réunis à Dakar, du 23 au 26 avril. L’OCDE qui regroupe une trentaine de pays riches, offre un cadre à cette discussion, qui se veut fiable puisque l’essentiel de ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation ne profite qu’aux pays développés. Le contexte est connu. Le décloisonnement des marchés est une réalité et l’interdépendance des marchés nationaux est croissante. Le volume des activités à travers les échanges internationaux et le flux des investissements directs étrangers ont été établis en 2OOO à plus de 1 3OO milliards de dollars. Dans ce contexte l’Afrique a enregistré, ces cinq dernières années, une progression de 75% du flux des échanges, mais les investissements directs dont elle a bénéficié sont inférieurs à 1%. Elle ne tire donc pas profit du décloisonnement des marchés, mais les esprits optimistes voient plutôt dans cette faiblesse une marge considérable d’intégration de l’Afrique à l’économie mondiale.
A l’ouverture de la conférence de Dakar, le président Abdoulaye Wade a surtout insisté sur l’autre aspect de la mondialisation qu’est le commerce. Dans les pays africains au sud du Sahara, le commerce est devenu une pièce maîtresse des économies nationales, alors qu’elle avait été construite autour de l’exportation des cultures dites de rente et de l’exportation des certains minerais. Au moment où les cours de ces matières premières dégringolaient sur les marchés internationaux, on enregistrait dans le même temps un regain d’activité sur le plan national et régional. Dans les années 90 les échanges commerciaux ont atteint une progression de 38% alors que le produit intérieur brut (PIB) plafonnait à moins de 9% et les exportations de l’Afrique ne progressaient que de 5%. Ces différents constats conduisent aujourd’hui les décideurs africains à orienter les politiques sur les questions de développement local, pour combattre par la même occasion la pauvreté.
Faut pas rêver
L’importance du commerce dans les économies nationales renforce aujourd’hui les convictions des initiateurs du NEPAD, qui s’associent à la démarche de l’OCDE, pour évoquer ensemble «le renforcement des capacités» comme levier de développement. Dans un langage moins technique, on développera des activités dans lesquelles les aptitudes et performances sont maîtrisées. Plusieurs secteurs d’activité, l’agriculture, l’industrie et même les services ont fait l’objet de discussions diverses à travers plusieurs ateliers de travail lors de la conférence de Dakar. Les experts et entrepreneurs, invités par l’OCDE, ont étudié ensemble des stratégies de développement pour rendre valable et compétitive la production africaine. Dans le domaine de l’agriculture on se souvient que certaines institutions financières et de nombreux chefs d’Etat africains avaient demandé aux pays développés un moratoire sur les subventions accordées à certains produits agricoles des pays du nord qui mettent en péril la production du sud. La France et le Canada avaient favorablement accueilli cette proposition qui a une vertu, celle de donner à l’agriculture africaine non subventionnée la possibilité d’accéder au marché international.
Or, la concurrence est aujourd’hui déloyale et «l’Afrique part battue d’avance» selon Abdoulaye Wade. Pour autant, il ne croit pas en la suspension, sous quelque forme que ce soit, des subventions dont bénéficie l’agriculture en France où Etats-Unis.«Cela relève d’une décision politique que ces pays ne pourront prendre, le monde paysan représentant chez eux une force politique et économique non négligeable», poursuit le président Wade. Lors des premiers ateliers de réflexion, Abdoulaye Diop, le ministre sénégalais de l’Economie et des finances à inviter les experts présents à la conférence de Dakar à réfléchir plutôt à des «solutions de contournement des difficultés, des distorsions et des incohérences» qui pénalisent l’Afrique. Pour Pape Demba Thiam de l’OCDE, il faut maintenant dégager des initiatives pour «une situation économiquement maîtrisée et politiquement gérable». Le président Wade a surpris tout le monde en annonçant l’abandon de cette demande africaine, alors qu’il n’avait pas encore consulté ses homologues africains sur ce dossier.
De nombreux observateurs conviennent, en effet, que la décision politique d’un moratoire sur les subventions agricoles dans certains pays d'Europe et d'Amérique relève du domaine du rêve. Mais ces mêmes experts pensent qu’une coalition homogène pourrait peser dans la balance des discussions, lors du sommet du G8 à Evian , en juin prochain, et dans tous les cas, obtiendrait un meilleur résultat que le renoncement affiché par le président Wade.
Sur la même lancée le président sénégalais a fait une autre annonce tout aussi désarmante. «Les chefs d’Etat invités ne viendront pas à Dakar parapher les conclusions de la conférence. Ils ne feront pas le déplacement, juste pour une matinée» a affirmé le président Wade à ses hôtes. Il semblait avoir pris seul cette décision puisque la direction de l’OCDE, présente à Dakar s’est retrouvée dans une délicate posture, celle de déconseiller à certains chefs d’Etat de faire le voyage de Dakar. L’OCDE a alors bouleversé ses programmes, la déception se lisait sur les visages mais Abdoulaye Wade a rassuré tout le monde en promettant d’amener ses pairs africains à valider les résolutions de Dakar lors de la prochaine session au sommet de l’Union africaine dans quelques mois à Maputo, au Mozambique.
par Didier Samson
Article publié le 28/04/2003