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Irak

Vers un retrait des marines de Falloujah

Les <EM>marines </EM>pourraient quitter vendredi le symbole de la résistance à l’occupation qui est devenue la ville de Falloujah. 

		(Photo : AFP)
Les marines pourraient quitter vendredi le symbole de la résistance à l’occupation qui est devenue la ville de Falloujah.
(Photo : AFP)

Un an presque jour pour jour après l’annonce par le président George Bush de la fin des combats en Irak, la mission de pacification et de reconstruction du pays qu’il avait assignée aux forces américaines semble bien mal engagée. La coalition est en effet confrontée à une forte résistance à Falloujah assiégée par les marines depuis le 5 avril et la situation à Najaf, cette ville sainte du chiisme où s’est retranché le chef radical Moqtada al-Sadr, est de l’aveu même de l’administrateur américain Paul Bremer «explosive».


Les mises en garde du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et de son envoyé spécial en Irak, Lakhdar Brahimi, sur les conséquences qu’aurait une offensive américaine sur la ville assiégée de Falloujah auraient-elles été entendues par l’administration Bush? Les raids de l’aviation américaine se sont certes poursuivis pour la deuxième nuit consécutive sur cette cité devenue le symbole de la résistance à l’occupation. Mais les forces de la coalition ont nié avoir renoncé à trouver une solution pacifique à cette crise. Et dans l’après-midi de jeudi, un haut responsable militaire américain, le lieutenant-colonel Brennan Byrne qui commande les marines à Falloujah, a annoncé que ses troupes allaient commencer à évacuer la ville dès le lendemain. «Les soldats du 1er bataillon du 5e régiment de marines vont partir demain. Ils vont commencer à évacuer dans la matinée le sud de la ville, puis le nord», a-t-il déclaré. Selon lui, «Falloujah est un problème irakien et le contrôle de la ville sera transféré aux forces irakiennes de Falloujah». Des témoins ont affirmé avoir vu des militaires charger et empaqueter du matériel ainsi que des armes dans des camions et commencer à quitter certains quartiers de la ville qu’ils avaient investis pour se rendre dans la base principale des marines située à l'extérieur de la ville.

Ces derniers développements interviennent alors que le président américain menaçaient encore la veille les combattants sunnites des pires représailles. «Nous nous occuperons de ceux qui veulent empêcher la marche vers la liberté et c’est exactement ce qui se passe à Falloujah», avait notamment affirmé George Bush. Il avait en outre assuré que l’état-major américain allait «prendre toutes les mesures nécessaires pour sécuriser» la ville, précisant même que «la majeure partie de la cité connaissait un retour à la normale» même si quelques poches de résistance subsistaient.

Malgré les nombreuses violations de la trêve à Falloujah, les négociations entre notables de la ville et représentants de la coalition n’ont jamais été vraiment interrompues. Mais devant la dégradation de la situation, des responsables de la ville ont adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies pour lui demander son aide pour mettre fin aux combats. «Nous en appelons à vous personnellement pour que vous interveniez pour arrêter le bain de sang en cours», ont-ils écrit dénonçant «la pratique de la punition collective» infligée aux habitants de la ville.

A Najaf, les partisans d’al-Sadr menacent

Soutenant la position de son envoyé spécial en Irak, Kofi Annan a ainsi estimé que les raids américains sur Falloujah aggravaient la situation. «Les actions militaires violentes lancées par une puissance occupante contre les habitants d’un pays occupé ne font qu’empirer les choses», a-t-il affirmé. Selon lui, «plus l’occupation donne l’impression de prendre des mesures qui font du mal à la population, plus les rangs de la résistance s’étoffent». Cette analyse de la situation semble, à en croire les développements sur le terrain, avoir fait son chemin auprès des responsables de la coalition. Et même si un retrait de Falloujah est susceptible de s’apparenter à une défaite de la plus grande armée du monde, il semblerait que la coalition souhaite éviter un bain de sang dont la conséquence ne peut qu’être désastreuse pour les forces d’occupation. Et cela d’autant plus qu’un sondage Gallup/CNN/USA Today publié jeudi révèle que près de la moitié des Irakiens jugent que la guerre a fait plus de mal que de bien au pays et que 57% d’entre eux souhaitent le départ immédiat de la coalition.

Cette nouvelle prudence de l’administration de la coalition semble également de mise à Najaf où la tension est toutefois montée d’un cran après l’établissement mercredi d’un point de contrôle américain à l’entrée de la ville. Ce barrage a été établi sur la route qui relie cette ville sainte à Koufa distante de dix kilomètres à peine, à l’endroit même où les soldats espagnols étaient stationnés avant leur retrait de la zone. «Il s’agit d’une mesure provocatrice destinée à encercler Najaf», a dénoncé un adjoint de Moqtada al-Sadr, ce jeune imam radical que les militaires américains ont pour mission de capturer mort ou vif. «Notre riposte sera violente et personne ne saura la prévenir» a menacé le responsable chiite. Selon lui, la présence de soldats de la coalition à Najaf «sera considérée comme une violation de la ville sainte», les partisans de Moqtada al-Sadr se donnant le droit de défendre leurs chefs et leurs sites religieux. «Toute la terre de la région de Najaf est sacrée et nous avons le droit de nous défendre», a-t-il insisté.

Conscients des conséquences que pourrait avoir un embrasement de la communauté chiite, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell a affirmé que les forces américaines «étaient très attentives» à ne pas nuire aux civils et aux lieux saints lors des opérations militaires qu'elles mènent en Irak. «Nous sommes très attentifs à ce que nous faisons à Falloujah, à Najaf, à Kerbala et ailleurs dans le pays», a-t-il insisté. Il a toutefois fait porter la responsabilité de la dégradation de la situation aux rebelles irakiens les accusant de d’utiliser les lieux saints pour entreposer des armes, pour servir de points d'observation et pour tirer sur les troupes de la coalition.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 29/04/2004 Dernière mise à jour le 30/04/2004 à 09:03 TU

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