Libye
Procès du sida: 6 condamnations à mort
(Photo : AFP)
C'est l'un des plus gros scandales de santé publique en Libye. A la fin des années 90, plus de 400 enfants sont contaminés par le virus du sida dans un hôpital de Benghazi. Quarante-six d'entre eux sont morts ces cinq dernières années.
Face à la colère des familles, les autorités libyennes trouvent un coupable idéal : le personnel médical étranger travaillant dans le pays. Deux médecins, un Palestinien et un Bulgare, ainsi que cinq infirmières bulgares sont arrêtés en 1999. Ils sont accusés d'avoir volontairement inoculé le virus du sida pour d'hypothétiques tests médicaux. Le colonel Kadhafi soupçonne même un temps la CIA et le Mossad, les services secrets israéliens, d'être derrière cette affaire.
Pendant les quatre années d'un procès fleuve, les sept détenus plaident désespérément non-coupable. On tente de leur extorquer des aveux sous la torture. Le professeur Luc Montagnier, l'un des découvreurs du virus du sida, vient même témoigner en leur faveur à Benghazi, en incriminant les conditions d'hygiène dans l'hôpital.
En Bulgarie, 715 000 personnes signent une pétition pour réclamer leur libération.
L'Union européenne et les États-Unis ont également suivi de très près le déroulement de ce procès.
Un verdict musclé, sévèrement critiquéSix condamnations à mort : les verdict est musclé. Et il est sévèrement critiqué, à l'étranger, à un moment où le colonel Kadhafi est en quête d'une nouvelle respectabilité.
La Bulgarie, première concernée, juge inacceptables ces condamnations et en appelle à la Communauté internationale pour intervenir auprès du colonel Kadhafi.
Cette affaire constitue un test pour les Libyens, a déclaré le ministre des Affaires étrangères bulgare, actuellement en visite à Washington où il avait justement reçu mercredi le soutien de son homologue américain Colin Powell dans ce dossier.
L'Union européenne a fait part de sa profonde déception, estimant que ce verdict pouvait assombrir les relations avec Tripoli, pourtant en plein essor depuis la visite de Mouammar Kadhafi à Bruxelles il y a dix jours. Le dirigeant libyen s'était alors montré plutôt confiant sur cette affaire, dont la résolution est présentée par les Européens comme un préalable à une normalisation complète.par Sylvain Biville
Article publié le 07/05/2004 Dernière mise à jour le 07/05/2004 à 10:08 TU