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Cameroun

L’Onel en observation

En vue des prochaines élections, municipales et présidentielle, le président Paul Biya a nommé les onze membres de l’Observatoire national des élections (Onel). 

		(Photo : AFP)
En vue des prochaines élections, municipales et présidentielle, le président Paul Biya a nommé les onze membres de l’Observatoire national des élections (Onel).
(Photo : AFP)
Le président Biya a nommé le 26 mai les onze membres de l’Observatoire national des élections (Onel). A quelques semaines des municipales partielles du 13 juin et à cinq mois de l’élection présidentielle attendue pour le mois d’octobre prochain, le profil des membres de cette équipe était très attendu. Les personnalités retenues sont en nette rupture avec celles choisies en 2001, dont certaines étaient des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir. Mais beaucoup attendent de savoir jusqu’où iront ces présomptions de « neutralité » et « d’impartialité ».

La nomination des onze membres de l’Onel, «structure chargée de la supervision et du contrôle des opérations électorales et référendaires», est venue mettre fin à un long suspens. Les décrets présidentiels étaient attendus pour au moins quatre raisons. D’abord, en décembre 2003, la loi du 19 décembre 2000, portant création d’un Observatoire national des élections, a connu de notables modifications intervenues au niveau de l’Assemblé nationale: jusque-là désignés par le Chef de l’Etat de manière absolument discrétionnaire le temps d’un «processus électoral», les membres de cette institution, tout en restant nommés par le président de la République, le sont après consultation des partis politiques et de la société civile, et ce pour un mandat de trois ans. Ensuite, les consultations menées par le Premier ministre Peter Mafany Musonge auprès des partis politiques, toutes tendances confondues, et des représentants de la société civile étaient achevées depuis le 4 février, sans qu’on sache si le président Biya prendrait en compte les propositions recueillies par le chef du gouvernement.

Enfin, on commençait à se demander, s’agissant d’une institution dont il est clairement dit qu’elle se met en place «en année électorale, dès le début du processus électoral», comment le pouvoir, déjà à cheval sur ce principe pour ce qui est de l’élection présidentielle attendue en octobre de cette année, allait se tirer d’affaire lors des élections municipales partielles du 13 juin prochains. Le tout dans un contexte où les partis politiques d’opposition se plaignaient déjà bruyamment du non fonctionnement de l’Onel, lequel avait pour le compte des municipales et législatives de 2002 pu aider à résoudre nombre de problèmes soulevés par les adversaires du RDPC, notamment pour ce qui est de la sensible question des inscriptions sur les listes électorales qui alimente son lot d’accusations à l’encontre des autorités administratives soupçonnées de favoriser les militants du parti au pouvoir.

L’opposition stoïque

En désignant les membres du nouvel Onel, le président Biya semble avoir opté pour une relative stabilité, par rapport à l’équipe sortante, puisque celle-ci compte encore la moitié de ses représentants dans le nouveau casting. De plus, le chef de l’Etat a probablement voulu mettre ses décrets à l’abri des vives contestations soulevées en 2001, lors de la nomination des membres de l’ancienne équipe, dont certains membres étaient notoirement connus comme militants du RDPC - à l’instar de feu Enoch Kwayep, tout premier président de l’Onel -, alors que la loi indique clairement que « les membres de l’Onel sont choisis parmi les personnalités indépendantes, connues pour leur intégrité morale, leur honnêteté intellectuelle, leur neutralité et leur impartialité». Deux figures, parmi les onze que compte l’Onel, rendent mieux compte de ces précautions présidentielles: le président, François-Xavier Mbouyom, un magistrat à la retraite, qui a prêté serment depuis lors à l’Ordre des avocats du Cameroun; et la vice-présidente, Diana Acha Morfaw, avocate, et enseignante en Droit. Tous deux côtoient leurs confrères, des universitaires, des notaires, et un religieux.

Apparemment, le président Biya est parvenu à couper court aux critiques d’il y a trois ans. Si du moins l’on en juge par les toutes premières réactions des milieux politiques. Sans surprise, Augustin Frédéric Kodock, secrétaire général de l’une des tendances de l’Union des populations du Cameroun ( UPC), ministre d’Etat chargé de l’Agriculture, a reconnu que « les membres de l’Onel sont des hommes de très grande expérience».

Quant au Social democratic front (SDF), de John Fru Ndi, défenseur irréductible d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni, dont n’ a jamais voulu le pouvoir) et membre d’un regroupement des partis d’opposition (Coalition nationale pour la reconstruction et la réconciliation) dans la perspective de la désignation d’un candidat unique de l’opposition à la prochaine élection présidentielle , son secrétaire général adjoint, a semblé afficher un certain stoïcisme. «Nous n’avons pas de préjugés. Il faudra juger le maçon au pied du mur», a déclaré M. Mouafo, sans préciser si les propositions du SDF ont été prises en compte dans les décrets adoptés mercredi.



par Valentin  Zinga

Article publié le 27/05/2004 Dernière mise à jour le 27/05/2004 à 14:31 TU