Cameroun
Présidentielle: les grandes manœuvres ont commencé
John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya viennent d’enclencher une dynamique dont ils attendent qu’elle aboutisse non seulement à une amélioration du processus électoral jugé vicié et partial, mais aussi à la désignation d’un candidat unique de l’opposition pour la prochaine élection présidentielle théoriquement prévue pour octobre 2004. Le leader du Social Democratic Front (SDF) et le président national de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) se disent déjà près à apporter leur soutien à un candidat qui serait choisi sur la base d’un programme commun. Ces engagements, qui vont figurer dans un document en voie de finalisation, sont pris au moment où des regroupements des partis d’opposition ne cessent de se disloquer, et que le RDPC au pouvoir ne vit plus qu’au rythme d’interminables «appels» des militants, invitant la président Paul Biya à se présenter à l’élection attendue.
De notre correspondant à Yaoundé
Alors que l’opinion attend encore d’éprouver ses ressorts, les officiels des deux partis s’enchantent déjà de la perspective d’une symphonie politique dont les partitions sont quasiment arrêtées. Non sans raison. En 1992, John Fru Ndi, leader du Social Démocratic Front (SDF), principal parti d’opposition, s’était présenté à l’élection présidentielle, sous la bannière d’une coalition des partis politiques, à laquelle prenait part, Adamou Ndam Njoya, porte- étendard de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), faute pour les deux d’avoir accepté de s’effacer au profit de l’un ou de l’autre. Et, depuis l’élection présidentielle d’octobre 1997, que les deux partis avaient boycottée –aussi bien que l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, UNDP, devenue un parti de gouvernement avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais , RDPC au pouvoir– rien n’indiquait que UDC et le SDF se retrouveraient sur un front commun. C’est chose faite.
L’un des champs de préoccupations est de part en part traversé par des considérations électorales. «Eu égard aux expériences des élections jusque-là organisées par le gouvernement du Renouveau depuis l’avènement du multipartisme au Cameroun en 1990, élections toutes entachées des irrégularités les plus variées et des multiples fraudes allant de l’inscription discriminatoire sur les listes électorales à la falsification des procès-verbaux de décompte des voix en passant par le bourrage des urnes et les tripatouillages divers, et étant donné en outre que l’alternance politique par voie des élections libres, justes et transparentes constitue l’essence même du système démocratique, nous n’entendons plus, en aucun cas, accepter une fois de plus des élections irrégulières au Cameroun», explique, soucieux de ne pas brûler la politesse aux leaders des deux partis, l’un des membres de la commission de préparation de la «déclaration commune» en voie de finalisation.
Autant dire que l’Observatoire national des élections (Onel), créé en 2000, considéré, dans le texte, comme une «structure indépendante chargée de la supervision et du contrôle des opérations électorales et référendaires», continue d’être récusé par ces partis, comme un organe crédible. Rien d’étonnant pour l’UDC et le SDF, qui n’ont jamais fait mystère de leur vœu de voir mises en place au Cameroun, des institutions véritablement indépendantes pour assurer la gestion de l’ensemble du processus électorale, à l’exemple d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni), selon le parti de John Fru Ndi. Ce qui n’est pas une mince affaire.
«C’est pourquoi, nous en appellerons à tous les patriotes républicains et démocrates, aux amis du Cameroun et aux Institutions Internationales dont la raison d’être est d’asseoir la paix, la justice et la sécurité dans le monde, à déployer dès maintenant tous les efforts pour a mise en place d’un système, des mécanismes et des moyens appropriés pour la préparation et le déroulement sains des élections, et plus particulièrement de l’élection présidentielle de 2004», confie un autre membre de la commission chargée de l’élaboration de la «déclaration commune».
«appels» à Paul Biya
D’ailleurs, John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya devraient aller plus loin, «en s’engageant solennellement, individuellement, et collectivement devant le peuple camerounais et les amis du Cameroun, à présenter à l’élection présidentielle de 2004 un candidat unique de l’opposition qui, avec une équipe d’hommes et de femmes patriotes, compétents, expérimentés, réalisera un programme commun répondant aux aspirations de la Nation camerounaise et à l’attente du peuple camerounais», indique-t-on dans les deux partis.
«Programme commun»: tel est le mot-clé de cette dynamique qui suscite, bien avant même qu’elle ne s’enclenche, du scepticisme au sein même d’une opposition rongée par les égoïsmes divers, qui n’a pas, depuis le retour au multipartisme, réussi, malgré les incantations, et au gré des regroupements au destin éphémère, à désigner un candidat unique » à l’élection présidentielle. «Notre président national est prêt à s’effacer au profit d’un autre candidat de l’opposition, si les partis en décidaient ainsi», assure le secrétaire général du SDF, parlant de John Fru Ndi. «Si malgré nos efforts, l’opposition n’arrivait pas à se regrouper autour d’une figure, alors ce ne serait pas la faute à l’UDC dont le président a dit qu’il est disposé à soutenir un candidat unique de l’opposition, autre que lui-même», fait observer Théophile Yimgaing Moyo, chargé de la communication à l’Union démocratique du Cameroun. Optimiste, il table sur un changement de stratégies.
En attendant, le pays tout entier vit dans une étonnante effervescence, dans les rangs du RDPC. Depuis de longs mois, les moindres structures du parti, inspirées par des «élites», –en général des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement, des directeurs de structures publiques– font parvenir au président Biya, même pendant ses vacances en Europe, des «motions de soutien», l’invitant, à se présenter à l’élection présidentielle de 2004. Les journaux , notamment l’Action, organe d’expression du RDP, et le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, relaient, sans interruption, à longueur de colonnes, ces «appels» adressées par la «base» au président national; on a pu lire, il y a quelques semaines, que certains militants priaient l’épouse du président national, de demander à son époux de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Or, Paul Biya n’a rien à craindre de son parti, hormis, une fronde interne animée par un groupe de hauts cadres qui appellent, bruyamment, à la modernisation de l’appareil: élu à la tête du RDPC en juillet 2001 pour un mandat de cinq ans, il est d’office, selon les textes du parti, son candidat à l’élection présidentielle.
Alors que l’opinion attend encore d’éprouver ses ressorts, les officiels des deux partis s’enchantent déjà de la perspective d’une symphonie politique dont les partitions sont quasiment arrêtées. Non sans raison. En 1992, John Fru Ndi, leader du Social Démocratic Front (SDF), principal parti d’opposition, s’était présenté à l’élection présidentielle, sous la bannière d’une coalition des partis politiques, à laquelle prenait part, Adamou Ndam Njoya, porte- étendard de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), faute pour les deux d’avoir accepté de s’effacer au profit de l’un ou de l’autre. Et, depuis l’élection présidentielle d’octobre 1997, que les deux partis avaient boycottée –aussi bien que l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, UNDP, devenue un parti de gouvernement avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais , RDPC au pouvoir– rien n’indiquait que UDC et le SDF se retrouveraient sur un front commun. C’est chose faite.
L’un des champs de préoccupations est de part en part traversé par des considérations électorales. «Eu égard aux expériences des élections jusque-là organisées par le gouvernement du Renouveau depuis l’avènement du multipartisme au Cameroun en 1990, élections toutes entachées des irrégularités les plus variées et des multiples fraudes allant de l’inscription discriminatoire sur les listes électorales à la falsification des procès-verbaux de décompte des voix en passant par le bourrage des urnes et les tripatouillages divers, et étant donné en outre que l’alternance politique par voie des élections libres, justes et transparentes constitue l’essence même du système démocratique, nous n’entendons plus, en aucun cas, accepter une fois de plus des élections irrégulières au Cameroun», explique, soucieux de ne pas brûler la politesse aux leaders des deux partis, l’un des membres de la commission de préparation de la «déclaration commune» en voie de finalisation.
Autant dire que l’Observatoire national des élections (Onel), créé en 2000, considéré, dans le texte, comme une «structure indépendante chargée de la supervision et du contrôle des opérations électorales et référendaires», continue d’être récusé par ces partis, comme un organe crédible. Rien d’étonnant pour l’UDC et le SDF, qui n’ont jamais fait mystère de leur vœu de voir mises en place au Cameroun, des institutions véritablement indépendantes pour assurer la gestion de l’ensemble du processus électorale, à l’exemple d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni), selon le parti de John Fru Ndi. Ce qui n’est pas une mince affaire.
«C’est pourquoi, nous en appellerons à tous les patriotes républicains et démocrates, aux amis du Cameroun et aux Institutions Internationales dont la raison d’être est d’asseoir la paix, la justice et la sécurité dans le monde, à déployer dès maintenant tous les efforts pour a mise en place d’un système, des mécanismes et des moyens appropriés pour la préparation et le déroulement sains des élections, et plus particulièrement de l’élection présidentielle de 2004», confie un autre membre de la commission chargée de l’élaboration de la «déclaration commune».
«appels» à Paul Biya
D’ailleurs, John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya devraient aller plus loin, «en s’engageant solennellement, individuellement, et collectivement devant le peuple camerounais et les amis du Cameroun, à présenter à l’élection présidentielle de 2004 un candidat unique de l’opposition qui, avec une équipe d’hommes et de femmes patriotes, compétents, expérimentés, réalisera un programme commun répondant aux aspirations de la Nation camerounaise et à l’attente du peuple camerounais», indique-t-on dans les deux partis.
«Programme commun»: tel est le mot-clé de cette dynamique qui suscite, bien avant même qu’elle ne s’enclenche, du scepticisme au sein même d’une opposition rongée par les égoïsmes divers, qui n’a pas, depuis le retour au multipartisme, réussi, malgré les incantations, et au gré des regroupements au destin éphémère, à désigner un candidat unique » à l’élection présidentielle. «Notre président national est prêt à s’effacer au profit d’un autre candidat de l’opposition, si les partis en décidaient ainsi», assure le secrétaire général du SDF, parlant de John Fru Ndi. «Si malgré nos efforts, l’opposition n’arrivait pas à se regrouper autour d’une figure, alors ce ne serait pas la faute à l’UDC dont le président a dit qu’il est disposé à soutenir un candidat unique de l’opposition, autre que lui-même», fait observer Théophile Yimgaing Moyo, chargé de la communication à l’Union démocratique du Cameroun. Optimiste, il table sur un changement de stratégies.
En attendant, le pays tout entier vit dans une étonnante effervescence, dans les rangs du RDPC. Depuis de longs mois, les moindres structures du parti, inspirées par des «élites», –en général des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement, des directeurs de structures publiques– font parvenir au président Biya, même pendant ses vacances en Europe, des «motions de soutien», l’invitant, à se présenter à l’élection présidentielle de 2004. Les journaux , notamment l’Action, organe d’expression du RDP, et le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, relaient, sans interruption, à longueur de colonnes, ces «appels» adressées par la «base» au président national; on a pu lire, il y a quelques semaines, que certains militants priaient l’épouse du président national, de demander à son époux de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Or, Paul Biya n’a rien à craindre de son parti, hormis, une fronde interne animée par un groupe de hauts cadres qui appellent, bruyamment, à la modernisation de l’appareil: élu à la tête du RDPC en juillet 2001 pour un mandat de cinq ans, il est d’office, selon les textes du parti, son candidat à l’élection présidentielle.
par Valentin Zinga
Article publié le 16/08/2003