Cameroun
Présidentielle : un front commun autour de Fru Ndi et Ndam Njoya
Lancée en août dernier à l’initiative du Social democratic front (SDF, principal parti d’opposition parlementaire) et l’Union démocratique du Cameroun (UDC, deuxième force d’opposition à l’Assemblée nationale), l’idée de présenter, autour d’un programme commun, un candidat unique de l’opposition, face à Paul Biya, lors de la prochaine élection présidentielle de 2004, est désormais plus lisible : le plan d’action est connu, les nouveaux adhérents aussi.
De notre correspondant à Yaoundé
Il semblait flotter sur le microcosme politique, comme un air d’impatience mâtinée de scepticisme. Depuis la signature à la fois inattendue et spectaculaire en août dernier, d’une «déclaration commune» par John Fru Ndi (leader du SDF) et Adamou Ndam Njoya, (président de l’UDC), l’opinion attendait comme un droit de suite à cette initiative, censée fédérer, autour d’un projet commun, dans la perspective de l’élection présidentielle prévue pour octobre 2004, «les patriotes et démocrates camerounais».
Avec la publication, et la signature, dans la nuit de mercredi, par trois autres leaders politiques, du «programme-plan d’action», le chairman du SDF et le président national de l’UDC, font d’une pierre deux coups. Ils rendent publiques les grandes articulations d’un programme politique, jusque là simplement ébauchés. Cet opuscule d’une quarantaine de pages traduit clairement le fait que ses auteurs ne nourrissaient pas quelque projet éditorial. L’essentiel semble être ailleurs : dans ce corps de propositions qui ont trait à une série de réformes, dont celle de la Constitution, celles aussi du code électoral et du code médiatique.
Dans le détail, on en retiendra par exemple que ces réformes se déclinent en l’institution pour les élections législatives, et présidentielles à deux tours, le retour au mandat présidentiel fixé à cinq ans renouvelable une seule fois –en lieu et place du septennat en vigueur prévu par la Constitution de 1996–, le renforcement du rôle et des pouvoirs d’un Premier ministre issu du groupe majoritaire au terme d’élections au Parlement, l’instauration d’un pouvoir judiciaire véritable, etc. Par ailleurs, «le candidat au poste de Président de la République coordonnera l’équipe qui sera mise en place pour appliquer le programme, ne sera pas nécessairement chef d’un parti politique, devra être membre de l’équipe, ne sera pas candidat à l’élection présidentielle suivante». Mandat du candidat à l’élection présidentielle et de l’équipe choisis par ce regroupement : conduire une transition d’une période de trois ans.
La dynamique pourrait gagner en envergure
Grande inconnue: le choix du candidat dont le profil est ainsi brossé. En dépit des dénégations officielles, et les bonnes dispositions généreusement déclamées sur la place publique de la part des chefs de partis qui se disent d’abord préoccupés par le programme et non pas l’homme qui le conduira à la tête d’une équipe, il paraît évident que les états-majors gardent un œil sur cette question.
Mais déjà, cette initiative, dont personne ne peut encore pour l’instant prédire l’espérance de vie, a enregistré des adhérents recrutés au delà du cercle jusque là circonscrits aux seuls leaders du Social democratic front et de l’Union démocratique du Cameroun, lesquels donnent ainsi- et c’est le deuxième coup de cette pierre lancée cette semaine sur la scène politique- une claire indication que la dynamique enclenchée en août dernier, pourrait gagner en envergure. Car, dans la pêche aux voix qui s’organise autour de ce «plan d’action», les statistiques comptent autant que les profils. Significatives sont à ce sujet, toutes les nouvelles adhésions : Marcel Yondo, président du Mouvement pour le Libération et le Développement au Cameroun (un parti d’opposition, à l’ancrage certes limité mais réel) ; Aron Mukuri Maka, leader du Mouvement pour la Démocratie et le Progrès (minuscule formation politique d’opposition) ; Antar Gassagay. Ce dernier semble au premier abord concentrer à lui tout seul, deux symboles : cet ancien membre de la majorité présidentielle, chef de l’Union pour la République (marginale sur l’échiquier politique), est par ailleurs l’une des chevilles ouvrières, avec trois autres anciens ministres originaires des trois provinces du Nord du pays, de la dynamique du «mémorandum sur les problèmes du Grand Nord», un réquisitoire particulièrement sévère sur les responsabilités du régime en place sur la «marginalisation» des populations de la partie septentrionale du Cameroun, publié depuis septembre 2002, et qui n’a pas laissé le pouvoir impassible. Même s’il n’est pas encore formellement acquis que la signature de Antar Gassagay engage le «front nord», elle n’est pas de celles qui passent inaperçues dans le contexte actuel.
Et, selon toute évidence, la liste n’est pas close. On annonce d’ailleurs pour «bientôt», de nouvelles signatures, dont celles d’au moins eux anciens ministres de Paul Biya, tous originaires du Grand Nord. On parle également d’une tournée de provinces qui serait d’ ores et déjà envisagée dans double objectif bien compris d’expliquer ce plan d’action, et d’en assurer le marketing.
Reste que cette initiative fait face à une autre, animée par d’autres leaders de l’opposition, regroupés au sein du Front des Forces Alternatives autour de Jean-Jacques Ekindi, ancien haut responsable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC au pouvoir), passé armes et bagages à l’opposition, au point de se présenter contre Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 1992, mais dont le poids politique reste incertain.
Pour l’instant, le RDPC, qui affronte déjà en son sein un pôle de contestation de la gestion jugée archaïque de l’appareil et dont personne ne peut dire à quelles évolutions cette dissidence est promise, scrute les mouvements et les manœuvres. Il a beau disposer d’une véritable machine électorale, rien ne dit que la participation apparemment acquise de Paul Biya à la future élection présidentielles sera une simple formalité.
Il semblait flotter sur le microcosme politique, comme un air d’impatience mâtinée de scepticisme. Depuis la signature à la fois inattendue et spectaculaire en août dernier, d’une «déclaration commune» par John Fru Ndi (leader du SDF) et Adamou Ndam Njoya, (président de l’UDC), l’opinion attendait comme un droit de suite à cette initiative, censée fédérer, autour d’un projet commun, dans la perspective de l’élection présidentielle prévue pour octobre 2004, «les patriotes et démocrates camerounais».
Avec la publication, et la signature, dans la nuit de mercredi, par trois autres leaders politiques, du «programme-plan d’action», le chairman du SDF et le président national de l’UDC, font d’une pierre deux coups. Ils rendent publiques les grandes articulations d’un programme politique, jusque là simplement ébauchés. Cet opuscule d’une quarantaine de pages traduit clairement le fait que ses auteurs ne nourrissaient pas quelque projet éditorial. L’essentiel semble être ailleurs : dans ce corps de propositions qui ont trait à une série de réformes, dont celle de la Constitution, celles aussi du code électoral et du code médiatique.
Dans le détail, on en retiendra par exemple que ces réformes se déclinent en l’institution pour les élections législatives, et présidentielles à deux tours, le retour au mandat présidentiel fixé à cinq ans renouvelable une seule fois –en lieu et place du septennat en vigueur prévu par la Constitution de 1996–, le renforcement du rôle et des pouvoirs d’un Premier ministre issu du groupe majoritaire au terme d’élections au Parlement, l’instauration d’un pouvoir judiciaire véritable, etc. Par ailleurs, «le candidat au poste de Président de la République coordonnera l’équipe qui sera mise en place pour appliquer le programme, ne sera pas nécessairement chef d’un parti politique, devra être membre de l’équipe, ne sera pas candidat à l’élection présidentielle suivante». Mandat du candidat à l’élection présidentielle et de l’équipe choisis par ce regroupement : conduire une transition d’une période de trois ans.
La dynamique pourrait gagner en envergure
Grande inconnue: le choix du candidat dont le profil est ainsi brossé. En dépit des dénégations officielles, et les bonnes dispositions généreusement déclamées sur la place publique de la part des chefs de partis qui se disent d’abord préoccupés par le programme et non pas l’homme qui le conduira à la tête d’une équipe, il paraît évident que les états-majors gardent un œil sur cette question.
Mais déjà, cette initiative, dont personne ne peut encore pour l’instant prédire l’espérance de vie, a enregistré des adhérents recrutés au delà du cercle jusque là circonscrits aux seuls leaders du Social democratic front et de l’Union démocratique du Cameroun, lesquels donnent ainsi- et c’est le deuxième coup de cette pierre lancée cette semaine sur la scène politique- une claire indication que la dynamique enclenchée en août dernier, pourrait gagner en envergure. Car, dans la pêche aux voix qui s’organise autour de ce «plan d’action», les statistiques comptent autant que les profils. Significatives sont à ce sujet, toutes les nouvelles adhésions : Marcel Yondo, président du Mouvement pour le Libération et le Développement au Cameroun (un parti d’opposition, à l’ancrage certes limité mais réel) ; Aron Mukuri Maka, leader du Mouvement pour la Démocratie et le Progrès (minuscule formation politique d’opposition) ; Antar Gassagay. Ce dernier semble au premier abord concentrer à lui tout seul, deux symboles : cet ancien membre de la majorité présidentielle, chef de l’Union pour la République (marginale sur l’échiquier politique), est par ailleurs l’une des chevilles ouvrières, avec trois autres anciens ministres originaires des trois provinces du Nord du pays, de la dynamique du «mémorandum sur les problèmes du Grand Nord», un réquisitoire particulièrement sévère sur les responsabilités du régime en place sur la «marginalisation» des populations de la partie septentrionale du Cameroun, publié depuis septembre 2002, et qui n’a pas laissé le pouvoir impassible. Même s’il n’est pas encore formellement acquis que la signature de Antar Gassagay engage le «front nord», elle n’est pas de celles qui passent inaperçues dans le contexte actuel.
Et, selon toute évidence, la liste n’est pas close. On annonce d’ailleurs pour «bientôt», de nouvelles signatures, dont celles d’au moins eux anciens ministres de Paul Biya, tous originaires du Grand Nord. On parle également d’une tournée de provinces qui serait d’ ores et déjà envisagée dans double objectif bien compris d’expliquer ce plan d’action, et d’en assurer le marketing.
Reste que cette initiative fait face à une autre, animée par d’autres leaders de l’opposition, regroupés au sein du Front des Forces Alternatives autour de Jean-Jacques Ekindi, ancien haut responsable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC au pouvoir), passé armes et bagages à l’opposition, au point de se présenter contre Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 1992, mais dont le poids politique reste incertain.
Pour l’instant, le RDPC, qui affronte déjà en son sein un pôle de contestation de la gestion jugée archaïque de l’appareil et dont personne ne peut dire à quelles évolutions cette dissidence est promise, scrute les mouvements et les manœuvres. Il a beau disposer d’une véritable machine électorale, rien ne dit que la participation apparemment acquise de Paul Biya à la future élection présidentielles sera une simple formalité.
par Valentin Zinga
Article publié le 14/11/2003