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Assurance maladie

Premières manifestations contre la réforme

Samedi 5 juin, première grande manifestation contre le plan gouvernemental de réforme de l’assurance maladie. 

		(Photo AFP)
Samedi 5 juin, première grande manifestation contre le plan gouvernemental de réforme de l’assurance maladie.
(Photo AFP)
L’ensemble des organisations syndicales, mais aussi des syndicats hospitaliers, des associations d’usagers, des mutuelles d’assurance complémentaire et les partis politiques de gauche et d’extrême gauche ont appellé samedi, à la première grande manifestation contre le plan gouvernemental de réforme de l’assurance maladie. Le temps presse car le projet de loi sera examiné le 16 juin en conseil des ministres afin d’être présenté au parlement début juillet.

Les organisations syndicales espéraient une forte participation à la manifestation, samedi, dans les rues de Paris, mais aussi de nombreuses villes de province, contre le projet de réforme de l’assurance maladie du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy. Entre 220 000 et 250 000 manifestants ont répondu à l'appel général des organisateurs: CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, mais aussi les syndicats autonomes, Unsa et G10, ainsi que des syndicats de personnels hospitaliers, des associations d’usagers du système de santé, et des mutuelles. Les partis politiques de gauche, PS, PC, verts, et d’extrême gauche, LO et LCR, étaient également représentés pour ce qui était le premier test en grandeur nature du refus des Français d’une réforme augmentant leur contribution financière à l’assurance maladie.  

Les syndicats plaident en effet que le projet présenté par le ministre de la Santé repose essentiellement sur les assurés sociaux, leur laissant la plus grande part de l’effort financier, et préservant largement la contribution des entreprises. Ils reprochent aussi au ministre de «culpabiliser» les patients en surévaluant ce qui revient aux abus dans le déficit de la sécurité sociale. De fait, le plan gouvernemental instaure une franchise d’un euro par consultation médicale pour les patients, relève le forfait hospitalier, augmente la contribution des retraités. Les syndicats y voient une réduction de ce qui est pris en charge par l’assurance maladie. Sur ce fond de critiques unanimes, les différents syndicats divergent cependant sur tel ou tel point de la réforme, dont les moyens d’éponger la dette accumulée, rapide ou, au contraire, allongée dans le temps, à la charge «des générations futures».

Prudence du gouvernement

A quelques jours des élections européennes qui serviront aussi de thermomètre en politique intérieure, le gouvernement se montre très prudent. Le ministre de la Santé avait fait savoir qu’il était prêt à apporter des modifications à son projet jusqu’au 8 juin, date à laquelle le conseil d’Etat rendra son avis sur le texte qui lui a été transmis. L’ampleur des concessions que le gouvernement fera, dépendait donc très largement du succès de la manifestation -qui a drainé samedi des foules significatives. Ensuite tout ira très vite : adoption de la réforme en conseil des ministres le 16 juin et discussion à l’Assemblée nationale début juillet.

Pour le gouvernement il convient avant tout d’éviter une montée en puissance du mécontentement de l’opinion publique, sachant que, selon un sondage publié le 4 juin par le quotidien économique Les Echos, 4% seulement des Français sont prêts à soutenir une augmentation des prélèvements sociaux, 6% une baisse des remboursements, 12% une autolimitation de la consommation de médicaments. La marge est donc étroite pour la réforme alors que pour sauver leur assurance maladie 32% des Français veulent bien avoir recours aux médicaments génériques et 26% adopter une bonne hygiène de vie pour prévenir les risques de maladie.

D'ici lundi, le week end devrait être marqué par de nombreux conciliabules entre le ministère de la Santé et les acteurs sociaux, avant que le Conseil d'Etat rende son avis sur le texte mardi: "d'ici 48 heures, j'aurai l'occasion d'améliorer, je crois, le texte proposé, et nous aurons, là encore, d'autres réunions" a fait savoir dès samedi soir Philippe Douste-Blazy.



par Francine  Quentin

Article publié le 04/06/2004 Dernière mise à jour le 04/06/2004 à 13:18 TU