Social
Un 1<SUP>er</SUP> mai sous le signe de l’emploi et de la santé
(Photo : AFP)
Jacques Chirac l’a rappelé, lors de sa conférence de presse consacrée à l’élargissement de l’Union européenne, la priorité reste à la cohésion sociale et à la lutte pour l’emploi. Cette préoccupation est aussi celle de la majorité des Français qui, dans un sondage récent, mettent à plus de 70% le chômage en tête de liste. La santé et le financement de l’assurance maladie viennent ensuite. Autant de dossier ouverts par le gouvernement et qui constitueront le fond des slogans entonnés des manifestations syndicales traditionnelles du 1er mai.
Alors qu’en 2003 le mouvement de protestation contre la réforme des retraites avait mobilisé environ 400 000 personnes dans plus de 200 villes de France, les syndicats, qui partent en ordre dispersé dans la plupart des grandes villes, en attendent cette fois beaucoup moins. Les Français, en effet, ont déjà largement manifesté leur désapprobation de l’action du gouvernement, notamment dans le domaine social, lors des élections régionales de mars.
Les défilés prévus à Paris sont centrés, pour Force Ouvrière sur une «sécurité sociale égalitaire et unitaire», pour la CFTC sur «l’Europe sociale et la lutte contre les délocalisations» et pour la CGT et les organisations autonomes, sur la justice, le progrès social et la démocratie.
A la CFDT la situation est assez peu confortable. L’organisation de François Chérèque est fragilisée par sa signature au bas de la réforme des retraites et son approbation de la convention réduisant l’indemnisation des chômeurs, mise à mal par les décisions de justice.
L’assurance chômage en danger
Ce 1er mai 2004 se déroule dans un climat de forte inquiétude sociale liée à l’aggravation du chômage de 2,3% en un an soit à fin mars 2 422 500 demandeurs d’emplois. A cela s’ajoute le jugement du tribunal de Marseille qui le 15 avril a donné raison à des chômeurs contre l’assurance chômage (Unedic) pour avoir réduit la durée de leur indemnisation et qui n’est peut-être que le premier d’une longue série. Si l’ensemble des «recalculés» obtenaient finalement satisfaction et l’annulation de la convention entrée en vigueur le 1er janvier dernier, le surcoût pour l’Unedic attendrait 2 milliards d’euros. Or le déficit cumulé de l’assurance chômage devrait déjà s’établir sans cela à 7 milliards d’euros fin 2004.
Face à ce trou financier qui se creuse les organisations syndicales demandent une réouverture des négociations et une remise à plat de l’ensemble du système. Jusqu’à présent l’organisation patronale (Medef) s’y oppose. Les intermittents du spectacle sont, de leur côté, en discussion avec le ministre de la Culture pour revoir leur régime spécifique.
La réforme de l’assurance maladie est aussi à l’ordre du jour et les orientations du gouvernement en la matière devraient être dévoilées la semaine prochaine. La réflexion sur l’avenir du système de santé auquel les Français sont attachés s’inscrit dans un contexte de dérapage des dépenses mais aussi de pénurie de médecins, ce qui se traduit par une désertification médicale dans certaines régions et le mécontentement croissant des médecins hospitaliers en sous-effectif. Le nombre d’étudiants admis à poursuivre des études de médecine en deuxième année vient d’être relevé de 5 700 à 7 000 par an mais les effets ne s’en feront sentir que dans plusieurs années.
EDF-GDF en première ligne
A ces larges réformes de la protection sociale à la française s’ajoutent les mouvements de mécontentement dans le secteur public dont, au premier chef, l’opposition des personnels d’Electricité de France et de Gaz de France à la privatisation de leurs entreprises. Le gouvernement envisage de conserver 60% du capital mais cette annonce n’a pas suffi à rassurer pleinement.
Jusqu’à la Journée nationale de solidarité en faveur des personnes âgées dépendantes qui pose problème. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a fait savoir que le lundi de Pentecôte travaillé au bénéfice du plan dépendance serait imposé, si les négociations dans les entreprises échouaient. Enfin, le président du Medef Ernest-Antoine Seillière a choisi la veille du 1er mai pour relancer son combat contre la réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires. Thème brûlant que le gouvernement a renoncé à remettre en cause.
par Francine Quentin
Article publié le 01/05/2004 Dernière mise à jour le 01/05/2004 à 06:51 TU