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République démocratique du Congo

Putsch manqué

«<EM>Je ne permettrai à personne de faire dérailler le processus de transition</EM>» a déclaré le président congolais Joseph Kabila. 

		(Photo: AFP)
«Je ne permettrai à personne de faire dérailler le processus de transition» a déclaré le président congolais Joseph Kabila.
(Photo: AFP)
Dans la nuit du 10 au 11 juin le régime Kabila a été secoué par une tentative de coup d’Etat à Kinshasa. La riposte a été immédiate et les insurgés ont pris la fuite. Plusieurs déflagrations et des tirs à l’arme lourde ont réveillé les kinois.

Le major Eric Lenge semble être le meneur du groupe d’une vingtaine de soldats qui ont tenté de prendre le pouvoir à Kinshasa. Les putschistes seraient tous issus de la Garde présidentielle et leur leader serait assez proche du président Kabila. Sur les ondes de la radio nationale il a annoncé «la suspension des institutions et la neutralisation de la transition congolaise». Mais très vite les forces loyalistes ont repris la situation en main. Des tirs ont été entendus dans le quartier résidentiel de Gombe, qui abrite la présidence de la République et la résidence du chef de l’Etat.

Les tirs à l’arme automatique ont fait suite au quadrillage des principaux quartiers de Kinshasa et au déploiement des forces loyalistes autour de l’aéroport de Kinshasa-Njili. Dans le quartier Galiema, où se trouve le camp militaire Tshatshi, des échanges à l’arme lourde ont été entendus, mais les forces loyalistes auraient réussi à maintenir les putschistes en fuite à l’intérieur du camp. D’autres sources affirment que les putschistes en fuite tentent de rejoindre le siège de la Mission des nations unies en République démocratique du Congo (MONUC), certainement pour y «demander asile», a déclaré le ministre de l’Information, Vital Kamerhe. Les putschistes avant de battre entièrement en retraite auraient tenté un ultime coup en séquestrant des employés de la Société nationale d’électricité (SNEL) dans le but de plonger la capitale dans l’obscurité totale.

Les Kinois ont peur

Par ailleurs d’autres informations signalaient des fuyards prenant le chemin de «beach-Ngobila» l’embarcadère fluvial qui permet de traverser le fleuve Congo pour rejoindre Brazzaville. Une certaine confusion régnait donc dans la capitale congolaise, malgré la reprise en main par les forces loyalistes. Le président Joseph Kabila est alors intervenu à la télévision pour couper court aux rumeurs qui l’annonçaient déjà comme une des victimes du putsch manqué. Il a profité de cette intervention pour affirmer que la plupart des mutins étaient arrêtés. Une douzaine d’arrestations confirmée par l’amiral Liwanga Mata-Nyamunyobo, chef d’Etat-major de l’armée qui a aussi précisé que cinq véhicules ont été saisi et que le chef des mutins était toujours recherché. Les autorités congolaises ont promis de montrer les mutins arrêtés à la télévision.

A la mi-journée, le calme était entièrement revenu à Kinshasa, mais les rues de la capitale n’ont pas connu la même fréquentation que d’habitude. Les personnels de l’ONU ont, par exemple, reçu des instructions de rester chez eux. Des communiqués à la radio nationale et à la télévision invitent les Kinois «au calme» et à «vaquer à leurs occupations» mais les rares véhicules en circulation sont ceux des militaires. Les commerçants ont aussi fermé boutique par mesure de sécurité parce que des courses-poursuites entre mutins et loyalistes étaient engagées en ville. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi que le trafic des transports en commun a repris timidement.

La première réaction étrangère à cette tentative de coup d’Etat est venue de l’Afrique du Sud dont une délégation rentre à peine d’une mission République démocratique du Congo. «Des incidents anormaux comme cela n’ont aucune chance d’aboutir (…) Ils n’auront pas pour effet de faire dérailler le processus de paix», a déclaré à Pretoria, Sydney Mufumadi ministre sud-africain très impliqué dans les accords de paix et dialogue inter-congolais.

Pour l’heure, il est prématuré de désigner des commanditaires et de situer des responsabilités. Cependant, le président Kabila  qualifie le putsch manqué «d’appel à la confusion, à la cacophonie (…) Je ne permettrai à personne de faire dérailler le processus de transition», a-t-il conclu.    



par Didier  Samson

Article publié le 11/06/2004 Dernière mise à jour le 11/06/2004 à 16:50 TU