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Attentats du 11 septembre

Officiel: Ben Laden ne s’est pas allié à Saddam

&nbsp;La commission d’enquête sur le 11 septembre estime qu’il n’y a «<I>pas de preuve crédible que l’Irak et al-Qaïda aient coopéré pour attaquer les Etats-Unis</I>». 

		AFP
 La commission d’enquête sur le 11 septembre estime qu’il n’y a «pas de preuve crédible que l’Irak et al-Qaïda aient coopéré pour attaquer les Etats-Unis».
AFP
Déjà fortement critiquée pour sa gestion de l’après-guerre en Irak, l’administration Bush est de nouveau épinglée pour avoir déclenché, sous de faux prétextes, l’offensive contre le régime de Saddam Hussein. Après celui des armes de destruction massive dont aucune trace n’a jusqu’à ce jour été trouvée, c’est l’argument d’un soutien de l’ancien pouvoir de Bagdad au réseau terroriste d’Oussama Ben Laden qui vient de tomber. La commission d’enquête sur le 11 septembre vient en effet de publier un rapport préliminaire démentant qu’il y ait eu des liens crédibles entre al-Qaïda et Saddam Hussein. Cela n'empêche pas le président Bush de répéter sa conviction qu'il existait une relation entre les deux.

Le document publié jeudi est un nouveau coup dur pour l’administration Bush à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre. La commission d’enquête sur le 11 septembre, dont l’indépendance ne peut être mise en doute –elle est composée de cinq personnalités républicaines et de cinq démocrates– estime en effet qu’il n’y a «pas de preuve crédible que l’Irak et al-Qaïda aient coopéré pour attaquer les Etats-Unis». En début de semaine pourtant, le vice-président Dick Cheney insistait encore sur «les liens de longue date» qui unissaient ces deux ennemis des Etats-Unis. Le rapport de la commission reconnaît certes que l’option d’un rapprochement entre le réseau d’Oussama Ben Laden et l’ancien régime irakien avait un temps été envisagé mais à aucun moment cette collaboration n’a été effective.  

Le milliardaire saoudien a ainsi examiné la possibilité de coopérer avec l’Irak lorsqu’il vivait au Soudan «en dépit de son opposition au régime laïque de Saddam Hussein», précise le document qui rappelle que Ben Laden avait dans le passé soutenu les opposants islamistes au pouvoir du raïs dans le Kurdistan irakien. «Les Soudanais, pour préserver leurs liens avec l’Irak, ont persuadé le chef d’al-Qaïda de mettre un terme à un tel soutien et ont essayé d’établir des contacts entre les deux parties», poursuit le texte. Mais Oussama Ben Laden n’a jamais reçu de réponse favorable de Bagdad à sa requête concernant la mise en place de camps d’entraînement d’al-Qaïda sur le sol irakien. Une fois installé en Afghanistan sous la protection des Taliban du mollah Omar, il aurait tenté de reprendre de nouveau contact avec Bagdad mais sans succès.

Plus gênant encore pour l’administration Bush, le rapport de la commission d’enquête indépendante épingle le Pakistan et affirme qu’Islamabad a indirectement soutenu le milliardaire saoudien. «La capacité des Taliban à fournir un abri à Ben Laden face à la pression internationale et aux sanctions des Nations unies a été considérablement facilitée par le soutien du Pakistan», souligne ainsi le rapport. Il note en outre que les autorités pakistanaises n’ont rompu avec les Taliban qu'après les attentats de 2001 alors qu'elles étaient pourtant au courant que ces derniers cachaient Ben Laden, recherché par Washington dans le cadre des attentats contre des ambassades américaines de Dar Es-Salam et Nairobi en 1998. Ces révélations sur l’un des principaux alliés de la Maison Blanche dans sa guerre contre le terrorisme tomBent au plus mal. Le jour même de la publication du rapport de la commission d’enquête, le président Bush a en effet attribué au Pakistan le statut d' «allié majeur non-Otan» des Etats-Unis, permettant ainsi un renforcement de la coopération bilatérale en matière de sécurité entre les deux pays.

Al-Qaïda avait prévu une opération encore plus vaste 

Le rapport de la commission d’enquête révèle par ailleurs que le réseau d’Oussama Ben Laden avait projeté de lancer une offensive de plus grande envergure visant une dizaine d’objectifs aux Etats-Unis ainsi que des cibles en Asie du Sud-Est. Se basant sur les révélations de Khaled Cheikh Mohammed, arrêté en 2003 au Pakistan et soupçonné d’être le principal planificateur des attentats du 11 septembre, les enquêteurs affirment ainsi qu’al-Qaïda avait dressé une liste d’objectifs comprenant, outre ceux qui ont atteint Washington et New York, la Maison Blanche, le Capitole, les sièges de la CIA et du FBI mais aussi des centrales nucléaires et les plus hauts gratte-ciels de Californie et de l’Etat de Washington. Ce complot, qui prévoyait le détournement d’une dizaine d’avions, aurait été préparé dès 1999 après approbation personnelle d’Oussama Ben Laden.

A la mi-mai 2000, le milliardaire saoudien aurait toutefois réduit ses ambitions, annulant le volet asiatique et réduisant le nombre de cibles. Les enquêteurs, qui se sont penchés sur le parcours des terroristes du 11 septembre, estiment par ailleurs que leur projet a failli tomber à l’eau à de nombreuses reprises tant les dissensions entre les dirigeants d’al-Qaïda étaient nombreuses. «Il est tentant de décrire le complot comme un plan exécuté presque à la perfection. Mais cela serait une erreur», écrivent-ils dans leur rapport préliminaire. «Les auteurs se sont heurtés à des difficultés opérationnelles, des désaccords internes, et même des opinions divergentes au sein de la direction d'Al-Qaïda», soulignent-ils notamment avant de conclure qu’«en fin de compte, le plan s'est avéré suffisamment souple pour s'adapter et évoluer en fonction des nouveaux défis qui apparaissaient».

Plus inquiétant, les enquêteurs s’accordent à affirmer que le réseau d’Oussama Ben Laden est toujours déterminé à attaquer les Etats-Unis. Citant un responsable du FBI, le rapport de la commission révèle que les autorités américaines ont réussi à déjouer plusieurs attentats utilisant des avions depuis 2001. Selon ce responsable, John Pistol, al-Qaïda a la capacité d’être très «patiente». «Il s’agit d’une organisation très innovatrice, créative. Elle affine en permanence ses tactiques pour contourner les mesures de sécurité que nous mettons en place», a-t-il estimé, laissant entendre qu’un jour ou l’autre, elle allait à nouveau frapper le sol américain.

par Mounia  Daoudi

Article publié le 17/06/2004 Dernière mise à jour le 17/06/2004 à 15:20 TU