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Irak

La guérilla intensifie ses attaques

Les forces irakiennes sont sur les dents face à l'intensification des attaques de la guérilla. 

		(Photo : AFP)
Les forces irakiennes sont sur les dents face à l'intensification des attaques de la guérilla.
(Photo : AFP)
Quelque soixante-neuf personnes au moins ont été tuées jeudi dans des attaques menées quasi-simultanément par la guérilla contre des positions de la police irakienne dans plusieurs villes du pays. Les rebelles ont également engagé des combats contre les forces de la coalition. Cette intensification des attaques intervient à moins d’une semaine de la fin officielle de l’occupation et du transfert du pouvoir au nouvel exécutif irakien pour qui l’amélioration de la sécurité dans le pays est le seul moyen de gagner une légitimité auprès de la population.

La guérilla irakienne a montré jeudi sa capacité de mobilisation en Irak en réussissant à frapper de manière parfaitement coordonnée plusieurs symboles du nouveau pouvoir irakien dans quatre villes à majorité sunnite. A Mossoul, la grande agglomération du nord du pays, cinq commissariats de police ont ainsi été en moins d’une demi-heure la cible d’attentats à la voiture piégée. Les rebelles ont en outre engagé parallèlement des combats de rues avec les troupes américaines, modifiant leur façon d’agir puisque jusqu’à présents ils s’étaient contentés de mener des attaques ponctuelles contre les soldats de la coalition. A Baaqouba, situé à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, une soixantaine d’activistes, organisés en groupe de trois à quatre personnes, ont attaqué un commissariat et détruit la maison du chef de la police. Ils ont également lancé l’assaut contre plusieurs position de la coalition, poussant l’aviation américaine à intervenir en larguant quatre bombes de 250 kilos sur la ville. D’autres affrontements violents se sont également déroulés à Ramadi et dans la ville rebelle de Falloujah.

Le bilan provisoire de ce déferlement de violences à moins de six jours de la fin officielle de l’occupation est particulièrement lourd. Soixante-neuf personnes ont en effet trouvé la mort, parmi lesquelles trois soldats américains, et  au moins trois cents autres ont été blessées. «Nous nous attendions à quelque chose de ce genre depuis une semaine», a affirmé un responsable militaire américain, tout en reconnaissant que «c’est la première fois que la guérilla atteint ce niveau de coordination». Selon lui, «les rebelles ont trouvé les personnes pour faire dérailler la transition», ce qui laisse présager une intensification des attaques contre les positions de la coalition et tout ce qui pourrait s’apparenter au nouvel exécutif irakien. L’islamiste jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, considéré comme le représentant d’al-Qaïda en Irak, multiplie les annonces allant dans ce sens. Revendiquant à travers des tracts distribués à la population les attaques menées jeudi dans la ville de Baaqouba, son réseau affirme que le pire est à venir. «Nous demandons aux habitants de se conformer aux ordres de la résistance et de ne pas quitter leur maison quand nous le leur demandons. Les jours qui viennent connaîtront des attaques contre l’occupant et ceux qui collaborent avec lui», prévient notamment le texte des partisans d’Abou Moussab al-Zarqaoui.

Vaste réorganisation des forces irakiennes

La perspective d’une recrudescence des violences n’est sans doute pas étrangère à l’engagement ferme, pris il y a quelques jours par le Premier ministre irakien, de jeter toutes les forces irakiennes dans la lutte contre le terrorisme. Iyad Allaoui, qui sait que seul un retour de la sécurité peut lui garantir une légitimité auprès de la population, a ainsi annoncé dimanche la création d’un commandement intégré sous son autorité personnelle destiné à lutter contre la guérilla. L’armée, ses auxiliaires de la Garde nationale, les garde-frontières et les forces de police seront tous mobilisés à cette seule fin. Le chef de l’exécutif irakien s’est également engagé à mettre sur pied une unité anti-terroriste de quelque 750 hommes dont la mission sera de «frapper les rebelles et les terroristes avant qu’ils n’aient la possibilité de nuire à des gens innocents». Ambitieuse, cette restructuration des forces irakiennes, risque toutefois d’être confrontée à la réalité du terrain. Le nouvel exécutif manque cruellement en effet d’informations sur cette guérilla et un haut responsable du renseignement a récemment avoué ne connaître le nom d’aucun chef de la résistance.

Le gouvernement irakien doit par ailleurs faire face à un autre problème essentiel qui est celui de l’entraînement des nouvelles forces irakiennes. Les formations dispensées jusqu’à présent par la coalition ont en effet montré leurs limites à Falloujah et à Najaf où les forces irakiennes ont été incapables de maîtriser la rébellion sunnite –certains membres de la police se sont rangés aux côtés des résistants– et désarmer les partisans du chef radical chiite Moqtada al-Sadr. C’est pour pallier à cette insuffisance que le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a récemment demandé l'assistance de l’OTAN. La réponse devrait être prise en début de semaine lors du sommet de l’Alliance atlantique qui se déroule à Istanbul.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 24/06/2004 Dernière mise à jour le 24/06/2004 à 16:55 TU