République démocratique du Congo
Tête-à-tête Kagamé-Kabila
(Photo: AFP)
Paul Kagamé, le président du Rwanda était le premier arrivé à Abuja, dans la matinée du 25 juin. Au salon d’honneur de l’aéroport international d’Abuja, il attendait patiemment ses interlocuteurs, lorsque l’arrivée du président de la RDC, Joseph Kabila a été annoncée trente minutes plus tard. Olusegun Obasanjo, a rejoint Paul Kagamé et Joseph Kabila et tous les trois, l’air assez de contractés, ont rejoint à pied un bâtiment présidentiel non loin de l’aéroport. Une forte délégation accompagne chaque président, mais le chef de l’Etat nigérian a précisé qu’il rencontrait ses invités en «strict huis clos». En effet, les accompagnateurs ont été priés de rester à l’écart des discussions directes entre Kabila et Kagamé. Une autre salle du même immeuble leur a été affectée.
Même si l’initiative de cette rencontre revient au président Olusegun Obasanjo, il a été mandaté par l’Union africaine en sa qualité de président du Conseil de sécurité pour la paix et la sécurité. Ce nouvel organe de l’UA conduit sa première médiation pour apaiser la tension grandissante entre les deux pays depuis la reprise des combats dans l’est du Congo. Les soldats dissidents qui ont pris les armes contre l’armée régulière à Bukavu n’avaient pas fait mystère de leurs relations avec le Rwanda, mais le pouvoir de Paul Kagamé rejette toute implication dans les actions menées par les insurgés de Bukavu. Mais l’envoi massif de renforts du gouvernement de Kinshasa dans l’est du Congo a suscité quelques inquiétudes à Kigali qui a aussi massé ses troupes le long de la frontière avec le Congo avant d’annoncer officiellement la fermeture de la frontière le 6 juin dernier.
Une confrontation pour décrisper l’atmosphèreLe chef de l’Etat nigérian et président du Conseil pour la paix et la sécurité de l’UA avait déjà entamé des pourparlers séparés avec Joseph Kabila et Paul Kagamé. Mais la confrontation directe, après avoir entendu toutes les parties, lui semble une bonne méthode pour décrisper l’atmosphère. L’UA met tout en œuvre pour contenir et éteindre tout ce qui pourrait ressembler à un départ de feu et qui pourrait embraser toute la région. L’UA, en plusieurs occasions, a renouvelé sa confiance dans le gouvernement de transition de Kinshasa qui devrait conduire le pays à ses premières élections démocratiques en juin 2005, jamais organisées depuis l’accession à l’indépendance en 1960.
Cette initiative de l’Union africaine fait suite à la volonté de la Belgique, ancienne puissance coloniale, qui s’offre un rôle d’acteur de la paix dans la région des Grands lacs en multipliant les contacts et réunions internationales. La diplomatie belge croit en paix dans la région à travers une coopération économique accrue et structurée au sein de la «Communauté économique des grands lacs». Par ailleurs, la diplomatie belge est très active au sein du Comité international d’accompagnement de la transition en République démocratique du Congo (CIAT) qui s’est fixé un calendrier d’évaluation du processus. Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères devrait bientôt rendre un rapport au secrétaire général de l’ONU. Le CIAT est composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), de la Belgique, du Canada, de l’Afrique du Sud, de l’Angola, du Gabon, du Mozambique, de la Zambie, de l’Union européenne, de la Commission européenne, de l’Union africaine et de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC).
par Didier Samson
Article publié le 25/06/2004 Dernière mise à jour le 25/06/2004 à 15:54 TU