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Burkina Faso – Côte d’Ivoire

Violation d’espace aérien : Ouaga accuse, Abidjan dément

Carte du Burkina Faso et des pays voisins 

		N.G/RFI
Carte du Burkina Faso et des pays voisins
N.G/RFI
Décidément, le Burkina et la Côte d’Ivoire ont du mal à faire la paix. Une nouvelle affaire divise encore les autorités de ces deux pays voisins dont les relations sont plus que tumultueuses depuis 1999. Il s’agit, selon Ouagadougou, de violation de son espace aérien par des avions militaires ivoiriens. L’affaire est en discussion au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est ouvert ce mardi à Addis-Abeba (Ethiopie).

De notre correspondant au Burkina Faso

Le dernier survol remonte à une dizaine de jours selon les autorités burkinabè. Il s’agit d’un phénomène récurrent, expliquent-elles. A chaque fois, il s’agirait d’avions non identifiés qui volent dans les régions du sud-ouest et de l’ouest du Burkina, c’est-à-dire la bande frontalière allant des zones comprises entre les villes de Gaoua et de Banfora. Le gouvernement burkinabè se plaint du fait que ces avions qui pénètrent dans son espace aérien sans autorisation violent ainsi les conventions internationales en la matière. «La réglementation internationale recommande que le survol d’un Etat par un aéronef étranger civil comme militaire soit signalé aux autorités de cet Etat. Ce n’est pas le cas ici», fait observer Yéro Boly, le ministre burkinabè de la Défense.

Le Burkina a déjà attiré l’attention de son voisin ivoirien sur ce phénomène en protestant officiellement selon les canaux diplomatiques. Ouagadougou s’est même montré assez ferme en menaçant d’abattre tout avion qui survolerait de nouveau le territoire burkinabè sans autorisation. «Il n’y a pas d’autres moyens de montrer que nous défendons notre territoire», explique Yéro Boly. Cette affaire, prise très au sérieux par le Burkina, a été portée devant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dont le sommet annuel s’est ouvert à Addis-Abeba avec, entre autres sujets à l’ordre du jour, la crise ivoirienne.

Depuis que cette affaire a été révélée à la presse, c’est la polémique entre les deux capitales. L’état-major des Forces armées nationales ivoirienne (FANCI) a en effet rejeté toutes les accusations du Burkina. Dans un communiqué signé de son porte-parole, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, l’armée régulière ivoirienne fait savoir que «si des aéronefs ont été aperçus au Burkina, il ne peut, en aucun cas, s’agir d’appareils militaires ivoiriens». «Les Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire font savoir qu’elles sont respectueuses des engagements pris devant la communauté internationale et qu’en conséquence, elles ne peuvent se permettre de violer l’espace territorial d’un pays voisin», ajoute le communiqué.

Deuxième incident en moins d’un mois

De leur côté, les autorités militaires du Burkina se veulent formelles. «Il ne peut s’agir que d’avions ivoiriens puisque la zone concernée est contiguë à la Côte d’Ivoire», affirme Yéro Boly qui dit détenir un relevé de ces survols qui se dérouleraient de jour comme de nuit. Si elles ne le disent pas tout haut, certaines personnalités n’excluent pas une implication du Ghana, voisin également de la région de Gaoua, dans le sud-ouest du Burkina. «Ces avions qui doivent décoller loin en zone contrôlée par les forces régulières ne peuvent pas arriver chez nous sans passer par le Ghana», déclare sous l’anonymat une autorité militaire burkinabè.

Avec cette nouvelle affaire, le Burkina proteste pour la deuxième fois en moins d’un mois contre son voisin ivoirien. En effet, le 18 juin dernier, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire à Ouagadougou, Richard Kodjo, s’était vu convoquer au ministère burkinabè des Affaires étrangères. C’était après que des centaines de voyageurs burkinabè eurent été refoulés de la zone sous contrôle gouvernemental. L’ambassadeur Kodjo s’était alors vu remettre une lettre de protestation officielle du gouvernement du Burkina. C’est un exercice auquel l’ambassadeur ivoirien a été habitué ces dernières années à cause de la forte tension qui a caractérisé les relations entre ces deux pays.

Mais sous la pression de la communauté internationale, Ouagadougou et Abidjan avaient choisi de jouer la carte de l’apaisement. Les états-majors des deux armées avaient même multiplié les réunions ensemble l’année dernière pour rechercher les voies de normalisation entre les deux pays qui s’accusent mutuellement de déstabilisation depuis maintenant cinq ans. Ces nouvelles accusations du Burkina vont-elles remettre en cause le processus déjà entamé ? Une première réponse pourrait venir d’Addis-Abeba.



par Alpha  Barry

Article publié le 06/07/2004 Dernière mise à jour le 06/07/2004 à 13:36 TU