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Communication

Bouygues et Dassault associés dans les médias

Martin Bouygues, Président du groupe de bâtiment public (G) et l'industriel de l'armement Serge Dassault (G). 

		(Photo : AFP)
Martin Bouygues, Président du groupe de bâtiment public (G) et l'industriel de l'armement Serge Dassault (G).
(Photo : AFP)
Le groupe de bâtiment public Bouygues et sa filiale de télévision TF1 devraient entrer dans le capital de la Socpresse, premier groupe français de presse, détenu depuis peu par l'industriel de l’armement Serge Dassault. Pour la première fois en France, le numéro un de la télévision serait associé au numéro un de la presse écrite, une alliance lourde de conséquences en terme de revenus publicitaires.

Sauf rebondissement de dernière minute, le groupe de bâtiment public Bouygues et sa filiale TF1, première chaîne de télévision française, devraient entrer au capital de la Socpresse qui édite soixante-dix publications en France, dont le Figaro, l’Express, l’Expansion et de nombreux quotidiens régionaux, en prenant chacun 5% des parts. La signature de l’opération n’est pas encore faite. L’affaire pourrait être officialisée au cours des prochains jours, lors d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires de la Socpresse.

Selon les informations relayés par les journaux économiques, le montant de la transaction resté secret, devrait avoisiner les 100 millions d’euros. Ce rapprochement au-delà du lien capitalistique, constitue une première, puisqu'il scelle l’alliance de deux groupes industriels investis dans les médias, le groupe Dassault, propriétaire de la Socpresse et le groupe de bâtiment public Bouygues. «C’est à la demande de l’industriel Dasssault que Bouygues est entré dans le capital»,  a indiqué un proche du dossier.

Des répercussions en terme de revenus publicitaires

Avec cette opération, l’avionneur Serge Dassault souhaite s’adjoindre les compétences d’un géant de l’audiovisuel et obtenir une expertise pour redresser les comptes de la Socpresse dont il a racheté 82% des parts le 22 juin dernier. De l’autre, l’option Socpresse ne manque pas d’intérêt pour le premier groupe audiovisuel TF1 qui s’intéresse aux télévisions locales. Mettre un pied dans le premier groupe français de presse permettra au groupe Bouygues de s’appuyer sur ses quotidiens régionaux (Progrès, Voix du Nord, Dauphiné Libéré) pour s’investir dans les télévisions locales et développer les relations avec le secteur de la grande distribution, annonceur majeur de la presse quotidienne régionale.

Cet accord stratégique s’il se concrétise aura donc de nombreuses répercussions en termes de revenus publicitaires. Le Syndicat général du Livre et de la Communication écrite CGT n’a pas manqué de faire valoir les dangers d’un éventuel mariage entre TF1 qui rafle 55% du marché publicitaire de la télévision, et la Socpresse qui pèse entre 30 et 40% du marché de la presse écrite. Le Syndicat du livre craint en effet «les abus de la puissance économique privée lorsque l'association de la régie Publiprint (Socpresse) et celle de TF1 exerceront un quasi-monopole en terme de marché publicitaire, ce qui condamnera à court terme les autres éditeurs». Pour leur part, les députés du groupe socialiste de l’Assemblée nationale ont déploré que «dorénavant, la presque totalité de la presse écrite, télévisée ou radiophonique, est dans les mains des dirigeants de puissants groupes industriels spécialisés dans l'armement ou les travaux publics, vivant des commandes publiques de l'Etat».



par Myriam  Berber

Article publié le 08/07/2004 Dernière mise à jour le 08/07/2004 à 14:52 TU