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Le rapport Butler blanchit Tony Blair

Le rapport de Lord Robin Butler ne blâme personne directement. 

		(Photo: AFP)
Le rapport de Lord Robin Butler ne blâme personne directement.
(Photo: AFP)
Le Premier ministre britannique n’est pas responsable des défaillances des services secrets sur les armes de destruction massive, selon le rapport rendu public ce mercredi par Lord Butler.

De notre correspondante à Londres

Embarrassant mais pas fatal pour le gouvernement Blair... Voilà comment on peut résumer le rapport que Lord Butler et son équipe ont rendu public ce mercredi sur la qualité des informations fournies par les services secrets britanniques et utilisées par le gouvernement pour justifier la guerre contre Saddam Hussein. Chargé de cette enquête en février dernier par un Tony Blair contraint et forcé devant l’absence persistante de toute arme de destruction massive en Irak, Lord Butler a rendu son verdict sur plusieurs questions-clés.

L’enquête de près de 200 pages relève d’abord des erreurs collectives du renseignement, qui ont amené les services secrets à fournir des informations sérieusement douteuses. Selon le rapport Butler, l'Irak « n'avait pas de stocks significatifs, s'il en a jamais eu, d'armes chimiques et bactériologiques », avant mars 2003. Qui plus est l’ancien haut fonctionnaire a estimé que le dossier présenté par le gouvernement en septembre 2002 n’aurait pas dû faire mention sans réserve de la possibilité par l’Irak de déployer des armes de destruction massive en 45 minutes. Au total, « la validation des sources humaines de renseignement après la guerre a jeté pour une grande part le doute sur ces sources et sur leurs informations » et, partant de là, « sur la qualité des évaluations reçues par les ministres et responsables dans la période allant de l'été 2002 au déclenchement des hostilités », en mars 2003. Car la commission Butler souligne que certaines informations émanaient d’agents qui n’avaient pas été mis à l’épreuve auparavant.

Le rapport critique aussi le fait que des appels à la prudence sur certaines informations ne sont pas apparus dans le dossier final du gouvernement et que le dossier présenté à la chambre des Communes –destiné à retourner à l’époque une opinion hostile à la guerre en Irak– était allé « aux confins des informations alors disponibles ». « Il a été accordé plus de poids que n’en pouvait soutenir ces renseignements », poursuit le rapport qui critique également le gouvernement pour avoir publiquement affirmé que le Comité conjoint des services de renseignements britanniques (JIC) détenait la paternité du dossier, lui accordant ainsi plus de crédibilité qu’il n’aurait eu autrement. Lord Butler recommande d’accorder plus d’indépendance au JIC.

Personne n’est blâmé personnellement

Néanmoins et c’est ce qui a dû provoquer des soupirs de soulagement à Downing Street et au sein du MI6, le rapport ne blâme personne directement, il n’y a ainsi aucune preuve de distorsion délibérée des informations fournies par les services secrets, le gouvernement ayant agi « de bonne foi », ce qui dédouane Tony Blair, accusé par ses détracteurs d’avoir voulu gonfler son dossier à charge contre l’Irak. Quant à John Scarlett, le directeur du comité conjoint des services de renseignement britanniques, en ligne de mire car responsable de la rédaction du dossier incriminé, le rapport Butler qui ne souhaite pas le voir démissionner espère qu’il prendra comme prévu le poste de chef du MI6 au mois d’août. Reste que les critiques les plus acérées pour le locataire de Downing Street se concentrent sur le style très informel du gouvernement de Tony Blair et notamment la façon non officielle de prendre des décisions sans qu’aucun compte-rendu ait jamais été rédigé, ce que certains analystes ont surnommé le « government by sofa », le gouvernement sur canapé faisant allusion à la prise de décision au sein de l’entourage très restreint de Tony Blair en dehors des réunions du cabinet sans en notifier à l’avance le reste des ministres...

Des conclusions que le Premier ministre a dit avoir « pleinement acceptées ». S’exprimant à la Chambre des communes après la publication du rapport Butler, Tony Blair a déclaré qu'il assumait la « pleine responsabilité personnelle » pour « la façon dont le dossier a été présenté » en 2002 et dès lors « pour toute erreur commise ».

« Personne n'a menti, personne n'a fabriqué les renseignements, personne n'a inséré des choses dans le dossier contre l'avis des services de renseignement », a ajouté le chef du gouvernement Blair, qui a toutefois répété qu’il continuait à penser que « se débarrasser de Saddam Hussein » ne constituait pas une erreur.



par Muriel  Delcroix

Article publié le 14/07/2004 Dernière mise à jour le 15/07/2004 à 09:56 TU

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Charles Grant

Politologue britannique, directeur du «Centre of european reform»

«Ce que le rapport dit n'est pas nouveau et les conséquences vont être limitées.»

[15/07/2004]

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