Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Haut-Karabakh

Le pétrole a besoin de paix

Une nouvelle visite dans la région des coprésidents du groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui regroupe les Etats-Unis, la Russie, et la France et qui est chargé de résoudre le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan à propos de l'enclave du Haut-Karabakh, vient de s’achever. Les négociations se sont intensifiées ces derniers mois. Alors que le groupe de Minsk exige des compromis des deux pays pour trouver une issue pacifique à ce conflit non résolu depuis plus de dix ans, un sentiment croissant de frustration et une certaine hostilité vis-à-vis des médiateurs est en train de s’établir au sein de la société azerbaïdjanaise, qui appelle à reprendre les hostilités pour le contrôle de cette région. L’intensification des pourparlers n’est pas liée seulement aux facteurs politiques, car elle cache un grand intérêt économique : celui de pétrole.
(Carte : Géo Atlas/RFI)
(Carte : Géo Atlas/RFI)

























De notre correspondant à Bakou

Les émissaires croient à la possibilité d’un règlement pacifique du conflit arméno-azerbaïdjanais », a déclaré devant les journalistes Steve Mann, le coprésident américain, lors d'une conférence de presse à Bakou. « Nous continuerons d'être actifs en vue de remplir le mandat du groupe de Minsk qui est de soutenir des discussions et des négociations entre les deux parties ». Les trois émissaires Steve Mann (Etats-Unis), Yuri Merzlyakov (Fédération de Russie) et Henry Jacolin (France), qui se sont entretenus ces derniers jours avec les dirigeants des deux pays, n’ont pas fourni plus de détails sur le contenu de leurs discussions.

Les négociations de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie se déroulent par intermittence depuis dix ans avec la médiation du groupe de Minsk, qui opère sous le mandat de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

« Personne de l’extérieur ne pourra pas régler ce conflit. C’est aux parties elles-mêmes de trouver un accord », avait déclaré l’un des diplomates lors d’une rencontre avec les représentants de la société civile à Bakou.

 « Les trois coprésidents parlent des compromis, de réconciliation et de concessions, sans quoi un accord de paix ne sera pas obtenu, commente Vafa Guluzadé, un politologue et ancien conseiller politique du président Aliyev (père défunt de l’actuel chef de l’Etat azerbaïdjanais). Mais toutes ces déclarations mènent à ce que l’Azerbaïdjan doit se concilier avec le fait de l’occupation d’une partie de ses territoires et refuser le rétablissement de son intégrité territoriale. C'est-à-dire accepter l’indépendance du Haut-Karabakh. C’est inacceptable et absolument exclue ».

Cet avis est partagé par toute la population qui affiche une attitude de plus en plus critique envers le groupe de Minsk en l’accusant d’être incapable de trouver une issue à ce conflit vieux de dix ans. « Les coprésidents doivent comprendre que ni les autorités, ni l’opposition azerbaïdjanaise n’acceptera une concession mettant en cause l’intégrité territoriale » du pays, dit Etibar Mamedov chef du parti de l’Indépendance Nationale (AMIP).

L'oléoduc à quelques kilomètres de la ligne de front

De leur côté, les médiateurs ont déclaré vendredi qu'ils ne devaient pas être les « boucs émissaires » du peu d'empressement des deux parties à parvenir à une solution durable. « Qu'on nous aime ou pas, que la formule vous convienne ou pas, vous (nous) aurez toujours en face les trois émissaires », a déclaré à la presse le français Henri Jacolin.

Les négociations de paix avaient été interrompues en 2003 à cause des élections en Arménie et en Azerbaïdjan. Elles ont repris en décembre dernier et, depuis, le deux présidents Ilham Aliyev et Robert Kotcharian se sont rencontrés à deux reprises. Les pourparlers se poursuivent aussi au niveau des ministres des Affaires étrangères des deux pays.

L'Azerbaïdjan et l'Arménie se sont battus pendant quatre ans pour le contrôle du Haut-Karabakh, une enclave peuplée majoritairement d'Arméniens en Azerbaïdjan. Les Arméniens l'ont emporté et contrôlent de facto l'enclave et 7 régions environnantes depuis 1994. Cette guerre à fait plus de 30 000 morts des deux côtés et plus d’un million de réfugiés et déplacés.

Le conflit du Haut-Karabakh déstabilise une région qui a une importance stratégique pour l’Occident. La construction de l’oléoduc Bakou-Tbilisi-Ceyhan, dont le coût est de 3,5 milliards de dollars, sera achevée début 2005. Les Etats-Unis ont apporté leur soutien pour acheminer le pétrole du secteur azerbaïdjanais de la mer Caspienne vers la Méditerranée à travers la Géorgie et la Turquie sans passer par la Russie. Quelque 1 million de barils de brut azerbaïdjanais devrait y couler dès l’an prochain. Par endroits, le tracé de l'oléoduc se trouve à quelques kilomètres de la ligne de front entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises. La reprise des hostilités signifierait un échec pour ce projet d’oléoduc, d’où l’inquiétude américaine et occidentale pour trouver une solution de paix le plus vite possible à ce conflit.


par Kamil  Piriyev

Article publié le 19/07/2004 Dernière mise à jour le 19/07/2004 à 10:45 TU