Automobile
La France roule moins cher
(Photo : AFP)
Pour la première fois, en 2003, les ventes de carburant, en volume, ont diminué en France et la tendance se poursuit sur les six premiers mois de 2004. L’Union française des industries pétrolières (UFIP) enregistre, en 2003, une baisse de 1% des ventes de carburant automobile par rapport à 2002, soit 400 000 m3 d’essence et de gazole. C’est peu, mais la diminution affecte surtout l’essence, qui recule de plus de 6% tandis que le gazole augmente de 1,4%. De janvier à juillet 2004, l’essence perd encore 5,7% et le gazole progresse de 2% à 3%.
Deux phénomènes bien distincts peuvent expliquer cette inflexion, qui, si elle se vérifiait dans la durée, constituerait une véritable rupture de tendance. En raison du prix élevé de l’essence, de plus en plus d’automobilistes se tournent vers le diesel, moins gourmand et moins coûteux. De plus, les mesures drastiques de limitation de la vitesse sur les routes ont entraîné une réduction de la consommation de carburants. En effet, les spécialistes de l’UFIP ne décèlent pas une révolution écologique des comportements. Les automobilistes n’ont pas circulé moins, le kilométrage parcouru n’a guère changé, mais ils circulent moins vite.
La mise en place de nombreux radars y est pour beaucoup car, à la Sécurité routière on souligne que, fin avril, ces appareils qui sont le cauchemar des automobilistes sont à l’origine de 42% des procès-verbaux de contravention, soit deux fois plus qu’avant leur installation en nombre.
Sept ventes sur dixLa « diésélisation » du parc automobile français est en cours depuis plusieurs années. Il est vrai que la comparaison est à l’avantage du gazole. Les modèles diesel consomment moins de carburant aux 100 kms et le prix du litre de gazole s’est établi, en moyenne, en 2003, à 0,84 euro contre 1,05 euro en moyenne pour le litre d’essence. Les automobilistes semblent avoir fait leurs comptes. Le diesel représentait 16% du parc automobile total en 1990 et atteint désormais plus de 43%. Les modèles diesel représentaient moins d’un quart de la production automobile française en 1990, cette production dépasse maintenant les 44% du total.
Illustration de ce phénomène : alors que le marché automobile français a enregistré, en juillet, une baisse de 10% du nombre d’immatriculations par rapport à juillet 2003, les ventes de voitures particulières roulant au diesel représentaient près de 70% de l’ensemble, contre 67% un an plus tôt. A l’exportation, on relève la même progression et les véhicules diesel qui représentaient 15,5% des exportations françaises totales en 1990 ont régulièrement augmenté au fil des ans pour atteindre 38% en 2003.
La santé relative du diesel ne saurait occulter totalement les hauts et les bas du marché automobile français qui de janvier à juillet a connu un recul de 1,6 des voitures particulières neuves par rapport au premier semestre 2003. Dans ce contexte peu favorable les marques françaises sont particulièrement malmenées.
Le prix du pétrole et donc celui de l’essence à la pompe n’explique pas tout. Le baril de pétrole est actuellement de l’ordre de 34 dollars en moyenne alors que, rapporté en dollars constants ce prix avait atteint 45% lors du premier choc pétrolier en 1973 et 80 dollars au moment du deuxième choc pétrolier en 1979. de plus, le prix des carburants en France n’est pas encore revenu en 2004 au niveau atteint au plus haut du pic de 2000. De plus, la hausse du brut est aujourd’hui amortie par le niveau élevé de l’euro par rapport au dollar.
par Francine Quentin
Article publié le 03/08/2004 Dernière mise à jour le 03/08/2004 à 11:52 TU