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Venezuela

La bataille finale du référendum

Hugo Chavez a appelé à la plus grande vigilance lors de son émission hebdomadaire pour éviter toute violence avant le référendum. 

		(Photo : AFP)
Hugo Chavez a appelé à la plus grande vigilance lors de son émission hebdomadaire pour éviter toute violence avant le référendum.
(Photo : AFP)
Les partisans d’Hugo Chavez et l’opposition fourbissent leurs dernières armes à l’approche du référendum qui décidera le 15 août de l’avenir du président vénézuélien. Redoutant des opérations de déstabilisation, les autorités multiplient les mises en garde à l’encontre de ceux qui souhaiteraient nuire au climat de tranquillité observé jusqu’à présent.

L’état d’alerte a été déclaré dimanche par le président Hugo Chavez à l’occasion de la deux-centième édition de sa tribune dominicale «Alo Presidente», une émission diffusée à la télévision et à la radio dans laquelle il converse pendant plusieurs heures avec ses concitoyens. Il a appelé tous les Vénézuéliens à se tenir sur leur garde afin d’éviter que des actes de violence ne viennent perturber le bon déroulement du scrutin organisé le 15 août, et a expliqué que son gouvernement suivait la situation avec beaucoup une attention extrême. «Nous faisons tout ce que nous avons à faire pour éviter que les courants terroristes et putschistes de l’opposition, soutenus par l’empire, n’atteignent leurs néfastes objectifs», a déclaré Hugo Chavez. 

Le terme «empire» désigne les Etats-Unis, avec lesquels Hugo Chavez entretient des relations très tendues depuis son élection en 1998. Il accuse notamment Washington d’avoir initié une tentative de coup d’Etat contre lui en avril 2002 qui l’avait éloigné du pouvoir pendant près de deux jours. Et il semble redouter que des militaires putschistes soient tentés de répéter les mêmes incidents sanglants qui avaient alors secoué la capitale du pays. Plusieurs officiers qui avaient participé à la tentative de 2002 se retrouvent d’ailleurs depuis samedi dans le collimateur de la justice, la Cour de Caracas ayant demandé l’arrestation de 59 militaires accusés de rébellion civile et d’insurrection. Tous occupaient depuis octobre 2002 une place de la capitale vénézuélienne en guise de protestation contre le gouvernement d’Hugo Chavez, qualifiant leur action d’acte «de désobéissance légitime».

Les menaces de violence sont également alimentées par la découverte la semaine dernière d’un important stock d’explosifs dans le centre du pays qui, selon les autorités vénézuéliennes, auraient pu être utilisés pour commettre des attentats pendant la campagne précédent le référendum. Certaines personnalités n’hésitent en effet pas à agiter publiquement le spectre de la violence pour obtenir le départ du pouvoir d’Hugo Chavez, à l’instar de l’ancien président Carlos Andres Perez, qui a déclaré qu’il s’agissait de la seule voie possible. «Je travaille pour réussir à chasser Chavez»,  a précisé cet octogénaire, victime lors de son mandat présidentiel en 1992 d'une tentative de coup d’Etat menée par Hugo Chavez.

Chavez donné gagnant

Condamnant les propos belliqueux du vieux militaire, l’opposition a jeté toutes ses forces dans la bataille démocratique du référendum. Après plusieurs mois de lutte pendant lesquels elle a collecté le nombre de signatures nécessaires pour l’organisation de ce referendum révocatoire, elle espère désormais pouvoir convaincre plus de 3,8 millions d’électeurs de voter en faveur du départ d’Hugo Chavez et la tenue, dans les trente jours suivants, de nouvelles élections présidentielles. Elle jouit pour cela d’une très grande puissance médiatique et de moyens financiers très importants. Comme lors de tous les scrutins précédents, elle ne cesse de dénoncer le manque de transparence du scrutin, en doutant notamment de la manière dont le Conseil national électoral (CNE) a élaboré les listes électorales. Quelque 14 millions d’électeurs sont officiellement convoqués aux urnes le 15 août, un chiffre bien trop élevé selon l’opposition qui s’interroge sur la validité de nombreuses inscriptions.

Invitées par les Etats-Unis à organiser un scrutin aussi transparent que le référendum sur le gaz qui a récemment eu lieu en Bolivie, les autorités vénézuéliennes se contentent de rappeler que de nombreux observateurs seront présents au Venezuela le 15 août, notamment ceux de l’Organisation des Etats américains (OEA) ou du centre Carter. Et la tranquillité qu’elles affichent est renforcée par deux nouveaux sondages divulgués vendredi qui donnent Chavez gagnant de ce scrutin. L’un d’entre eux a d’ailleurs été réalisé par une société américaine, la North American Opinion Research, et donne le «non» au départ de Chavez gagnant à 60%.



par Olivier  Bras

Article publié le 03/08/2004 Dernière mise à jour le 03/08/2004 à 14:16 TU