Venezuela
Chavez face à la menace d’un référendum
Après plusieurs semaines de suspense, le Venezuela va bientôt savoir si un référendum révocatoire de son président Hugo Chavez sera organisé ou non. Tout dépend du nombre de signatures recueillies par l’opposition et de la rapidité avec laquelle le Conseil national électoral examine les registres de noms.
«Je m’en vais, j’ai décidé d’être en avance sur 2021». Le facétieux Hugo Chavez a surpris les téléspectateurs et les auditeurs de son programme de conversation «Allo Presidente» le 28 décembre. La plupart ont cependant rapidement compris qu’il s’agissait d’une blague, l’émission dominicale du président coïncidant alors avec le jour des Innocents, l’équivalent du 1er avril en Amérique Latine. Quant à l’année 2021, elle correspond à la limite que Chavez, âgé de 49 ans, s’est fixée pour mettre un terme à sa carrière politique.
Ses opposants espèrent bien se défaire beaucoup plus tôt de cet homme dont ils réclament la démission depuis de longs mois. La «société civile», qui rassemble notamment les hommes d’affaires les plus influents du pays, a réussi à maintenir au cours des quatre dernières années un climat de grande instabilité politique et économique. Les réformes instaurées par Chavez, démocratiquement réélu en juillet 2000 après une première victoire en 1998, ne conviennent pas à l’opposition. Du coup, les manifestations se sont multipliées début 2002, un groupe de quatre militaires dissidents demandant même en mars publiquement Chavez à quitter le pouvoir. La tension est alors à son comble et les rumeurs de coup d’État vont bon train.
Chavez, le militaire qui avait lui-même tenté de prendre le pouvoir par la force en 1992 et qui avait ensuite été condamné à une peine de prison, voit son pouvoir fragilisé. Fort du soutien d’une grande partie de population, il s’efforce de dénoncer un complot ourdi par les hommes soutenus par les États-Unis. Le 11 avril 2002, des partisans et opposants se réunissent dans les rues de Caracas. La manifestation se transforme en bain de sang et la situation semble complètement échapper des mains du président. Des militaires annoncent sa démission et le président de l’organisation patronale Fedecamaras, Pedro Carmona, se charge de le remplacer à la tête de l’Etat. L’intérim durera moins de 48 heures, Chavez reprenant rapidement le contrôle de la situation et son poste.
Particulièrement résistant, l’homme fort du Venezuela a su depuis résister à une autre épreuve de force à nouveau imposée par l’opposition qui a organisé plusieurs semaines de grèves à la fin de l’année 2002. Cette fois encore, Chavez a su faire face, en assurant que rien ne lui ferait mettre un terme prématurément à son mandat présidentiel de six années prévu pour se terminer en 2006. Il enregistre une nouvelle victoire mais voit se dessiner une nouvelle menace, cette fois issue de l’une des réalisations dont il est le plus fier, la constitution de la République «bolivarienne» du Venezuela, du nom du héros de l’indépendance du pays, Simon Bolivar.
Une guerre des chiffres
L’adoption de ce texte constitutionnel en 1999 avait en effet représenté un succès de taille pour Hugo Chavez. Il parvenait ainsi à faire entériner une constitution avant-gardiste prônant notamment la création d’un fort pouvoir citoyen. L’article 72 de ce texte qu’il aime tant distribuer lors de chacune de ses apparitions publiques donne les détails de la procédure de révocation par référendum qui peut être engagée contre tous ceux qui exercent un mandat élu. Une disposition à laquelle l’opposition a finalement décidé d’avoir recours. Pour pouvoir demander l’organisation de ce référendum, elle devait tout d’abord obtenir un certain nombre de signatures, un cinquième du nombre d’électeurs inscrits au registre électoral national, soit environ 2,5 millions de signatures. Quatre jours durant, elle a organisé fin novembre une vaste opération de collecte à travers tout le pays et a ensuite déposé les registres de signatures auprès du Conseil national électoral qui s'apprête à commencer leur examen.
En attendant de connaître les résultats définitifs, opposants et partisans de Chavez se livrent à une véritable guerre des chiffres. Alors que les premiers annoncent avoir déposé plus de 3,5 millions de signatures, des membres du gouvernement ont déclaré que ce chiffre n’excédait pas les deux millions. Toute l’attention va donc se concentrer autour du Conseil national électoral au cours des prochaines semaines, une période pendant laquelle les déclarations contradictoires devraient se succéder. Le président vénézuélien avait précisé le 21 décembre qu’il n’avait aucune intention de ne pas respecter le verdict de cet organisme et qu’il se soumettrait à un référendum si telle était la volonté du peuple. Etant donné le climat politique que connaît le pays, ce scrutin pourrait alors lui permettre d’affirmer une nouvelle fois sa légitimité et de démontrer ainsi le bon fonctionnement de la démocratie vénézuélienne.
Ses opposants espèrent bien se défaire beaucoup plus tôt de cet homme dont ils réclament la démission depuis de longs mois. La «société civile», qui rassemble notamment les hommes d’affaires les plus influents du pays, a réussi à maintenir au cours des quatre dernières années un climat de grande instabilité politique et économique. Les réformes instaurées par Chavez, démocratiquement réélu en juillet 2000 après une première victoire en 1998, ne conviennent pas à l’opposition. Du coup, les manifestations se sont multipliées début 2002, un groupe de quatre militaires dissidents demandant même en mars publiquement Chavez à quitter le pouvoir. La tension est alors à son comble et les rumeurs de coup d’État vont bon train.
Chavez, le militaire qui avait lui-même tenté de prendre le pouvoir par la force en 1992 et qui avait ensuite été condamné à une peine de prison, voit son pouvoir fragilisé. Fort du soutien d’une grande partie de population, il s’efforce de dénoncer un complot ourdi par les hommes soutenus par les États-Unis. Le 11 avril 2002, des partisans et opposants se réunissent dans les rues de Caracas. La manifestation se transforme en bain de sang et la situation semble complètement échapper des mains du président. Des militaires annoncent sa démission et le président de l’organisation patronale Fedecamaras, Pedro Carmona, se charge de le remplacer à la tête de l’Etat. L’intérim durera moins de 48 heures, Chavez reprenant rapidement le contrôle de la situation et son poste.
Particulièrement résistant, l’homme fort du Venezuela a su depuis résister à une autre épreuve de force à nouveau imposée par l’opposition qui a organisé plusieurs semaines de grèves à la fin de l’année 2002. Cette fois encore, Chavez a su faire face, en assurant que rien ne lui ferait mettre un terme prématurément à son mandat présidentiel de six années prévu pour se terminer en 2006. Il enregistre une nouvelle victoire mais voit se dessiner une nouvelle menace, cette fois issue de l’une des réalisations dont il est le plus fier, la constitution de la République «bolivarienne» du Venezuela, du nom du héros de l’indépendance du pays, Simon Bolivar.
Une guerre des chiffres
L’adoption de ce texte constitutionnel en 1999 avait en effet représenté un succès de taille pour Hugo Chavez. Il parvenait ainsi à faire entériner une constitution avant-gardiste prônant notamment la création d’un fort pouvoir citoyen. L’article 72 de ce texte qu’il aime tant distribuer lors de chacune de ses apparitions publiques donne les détails de la procédure de révocation par référendum qui peut être engagée contre tous ceux qui exercent un mandat élu. Une disposition à laquelle l’opposition a finalement décidé d’avoir recours. Pour pouvoir demander l’organisation de ce référendum, elle devait tout d’abord obtenir un certain nombre de signatures, un cinquième du nombre d’électeurs inscrits au registre électoral national, soit environ 2,5 millions de signatures. Quatre jours durant, elle a organisé fin novembre une vaste opération de collecte à travers tout le pays et a ensuite déposé les registres de signatures auprès du Conseil national électoral qui s'apprête à commencer leur examen.
En attendant de connaître les résultats définitifs, opposants et partisans de Chavez se livrent à une véritable guerre des chiffres. Alors que les premiers annoncent avoir déposé plus de 3,5 millions de signatures, des membres du gouvernement ont déclaré que ce chiffre n’excédait pas les deux millions. Toute l’attention va donc se concentrer autour du Conseil national électoral au cours des prochaines semaines, une période pendant laquelle les déclarations contradictoires devraient se succéder. Le président vénézuélien avait précisé le 21 décembre qu’il n’avait aucune intention de ne pas respecter le verdict de cet organisme et qu’il se soumettrait à un référendum si telle était la volonté du peuple. Etant donné le climat politique que connaît le pays, ce scrutin pourrait alors lui permettre d’affirmer une nouvelle fois sa légitimité et de démontrer ainsi le bon fonctionnement de la démocratie vénézuélienne.
par Olivier Bras
Article publié le 05/01/2004