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Venezuela

L’armée refoule des paramilitaires colombiens hors du territoire

Tandis que les accusations sur le soutien à la guérilla ou aux paramilitaires fusent des deux cotés de la frontière, le président vénézuélien Hugo Chavez a assuré qu’il ne permettrait à aucun groupe utiliser le territoire de son pays. Il annonce qu’il rencontrera bientôt le président colombien Alvaro Uribe.
De notre correspondant à Caracas

La ligne frontalière entre le Venezuela et la Colombie est longue de plus de 2200 kilomètres. Denses forêts dans le Nord, la fin de la Cordillère des Andes, d’immenses plaines sans routes, puis la forêt amazonienne au Sud : il s’agît d’une vaste région difficile à maîtriser pour les armées des deux pays. Et donc d’un territoire de prédilection pour les groupes en conflit en Colombie : les guérillas d’extrême gauche et les paramilitaires d’extrême droite.

Depuis des semaines les tensions à ce sujet se sont avivées entre les deux pays et les accusations fusent des deux cotés de la frontière. La dernière en date : le vice-président vénézuélien, José Vicente Rangel, affirmait samedi dernier que les paramilitaires «s’affrontent à l’armée vénézuélienne, agissent en totale impunité et bénéficient apparemment d’un soutien suspect de l’autre côté de la frontière».

Rangel répondait ainsi aux accusations des parlementaires et médias colombiens qui assurent que le gouvernement Chavez protège les guérilleros des FARC et de l’ELN, protagonistes du conflit en Colombie depuis 40 ans, en les laissant se cacher en territoire vénézuélien.

Début mars, après un attentat meurtrier à Cucuta, ville-frontière avec le Venezuela dans la région des Andes, imputé à la guérilla, le président colombien Alvaro Uribe s’est dit «disposé à aller chercher les terroristes qui maltraitent le peuple colombien, au Venezuela ou dans tout endroit où ils se cachent».

Le président Chavez avait déjà indiqué le dimanche précédent, dans son émission télé hebdomadaire, que l’armée vénézuélienne avait chassé des groupes irréguliers. Dimanche dernier, il a précisé qu’il avait «ordonné un bombardement» et que «l’avertissement avait suffi pour que les irréguliers partent». Mais il n’a pas précisé de quel groupe armé il s’agissait. «Quelle que soit sa nature, aucun corps armé étranger ne peut pénétrer ni demeurer au Venezuela», a ajouté Chavez.

Au mépris des populations

Des députés de la majorité au Venezuela ont souligné que l’absence de vigilance colombienne a obligé le gouvernement à déployer 20 000 hommes tout le long de la frontière. Mais des anciens militaires, aujourd’hui dans l’opposition, ont assuré que l’effectif total ne dépasse pas les 6 000 hommes.

Côté colombien, c’est la ministre de la Défense, Martha Lucía Ramírez, qui a refusé, lundi, les accusations. «Il n’y a aucune tolérance et toute insinuation dans ce sens nous inspire évidemment le rejet immédiat», a-t-elle dit.

Le vice-président vénézuélien s’est aussi plaint «d’une campagne systématique pour associer le gouvernement Chavez avec la guérilla colombienne». Et il est vrai que les médias privés de Caracas, tous acquis à la cause de l’opposition locale, insistent en pleines pages sur la présence des guérillas aux frontières et ne disent rien sur les paramilitaires. De plus, une polémique identique avait eu lieu il y a un an, presque jour pour jour, début avril.

Chavez a annoncé qu’à la demande d’Uribe une rencontre au sommet pourrait avoir lieu dans les tout prochains jours, dans une ville à préciser, peut-être près de la frontière commune.
Le gouvernement colombien –qui soutient sans surprise la guerre en Irak– compte sur le soutien de l’armée américaine dans sa lutte contre la guérilla. Et le Venezuela –farouchement opposé à la guerre et membre de l’Opep– craint que cette aide, «le plan Colombie» soi-disant pour lutter «contre le terrorisme», ne provoque une internationalisation du conflit. En attendant, la guérilla et les paramilitaires sévissent avec des kidnappings, assassinats et trafic de drogues et armes, au mépris des populations des deux côtés de la frontière colombo-vénézuélienne.



par Pablo  Aiquel

Article publié le 01/04/2003