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Venezuela

La première manifestation de l’année tourne à la violence

Malgré l’action des forces de l’ordre pour éviter des affrontements violents entre opposants et sympathisants du gouvernement de Hugo Chavez à Caracas, les échanges de coups de feu et les jets de pierres et bouteilles entre manifestants des deux camps ont fait deux morts et plusieurs blessés.
De notre correspondant à Caracas

La manifestation avait été organisée par les leaders de l’opposition et prétendait arriver jusqu’aux portes du Fuerte Tiuna, la principale caserne militaire de Caracas. Le but: protester, cette fois, contre la détention d’un général, arrêté il y a quatre jours et dont la libération a été ordonné par un tribunal.

L’opposition avait appelé cette marche «la Grande Bataille» et l’avait annoncée pendant trois jours lors d’une énigmatique campagne publicitaire à la télévision, sans annoncer de détails jusqu’à la veille. Pour les pro-Chavez, c’était une provocation. Ils considèrent que le général Luis Alfonso Martinez, qui avait participé au putsch d’avril dernier, a été arrêté légalement alors qu’il réclamait, face à une caserne, une rébellion contre le gouvernement. Alors ils ont manifesté «contre l’impunité et le fait que les militaires putschistes n’ont pas pu encore etre jugés».

La marche de l’opposition, formée par plusieurs milliers de personnes, est arrivée à un kilomètre de son objectif, où commence l’esplanade de Los Proceres, qui précède l’entrée du Fuerte Tiuna. Là, plusieurs milliers de sympathisants du gouvernement Chavez manifestaient. Les éléments les plus avancés, sur un pont, ont répondu aux jets de pierres des plus radicaux des opposants.

La garde nationale et la police militaire ont, à plusieurs reprises, tenté d’éloigner les manifestants des deux groupes à l’aide de bombes lacrymogènes. La police métropolitaine, pour sa part, mettait en place des cordons de sécurité pour empêcher les deux manifestations d’avancer et de se rencontrer. Pendant plus de quatre heures les affrontements ont donc eu lieu à une certaine distance. Des manifestants de l’opposition lançaient ainsi des pierres sur les motards chavistes qui passaient par le périphérique voisin.

Partie remise

Quand les premiers échanges de coup de feu ont commencé, les forces de l’ordre ont dispersé les manifestations de manière définitive, avec des balles en caoutchouc. Le premier bilan faisait état de quatre blessés par balles. Deux d’entre eux sont décédés à l’hôpital. L’un avait été atteint par un tir au niveau du cou, l’autre d’une balle dans la région de l’estomac. Au moins un des deux faisait partie de la manifestation proChavez. Au milieu de la manifestation de l’opposition, un fonctionnaire de la Defensoría del Pueblo, l’organisme censé vérifier le respect des droits de l’homme, a failli être lynché. Les opposants pensaient qu’il s’agissait d’un espion à la solde du gouvernement.

Selon les premières réactions du gouvernement, une enquête sera ouverte. Mais on signale déjà que la seule force de l’ordre qui était armée était la police métropolitaine, qui dépend du maire de Caracas, Alfredo Peña, farouche opposant au président Chavez.
C’est d’ailleurs le maire qui a autorisé la marche à arriver jusqu’aux portes de la caserne militaire, alors que le commandant de la police militare a expliqué aux leaders des manifestants que c’était une zone militaire où les manifestations n’étaient pas admises.

Les chaînes de télévision privées, qui ont retransmis en direct pendant toute la journée les événéments, répétaient que les manifestants avaient le droit d’aller au bout du parcours. Tandis que la chaîne nationale a montré des images avec des effectifs de la police métropolitaine qui tiraient, ainsi que des manifestants de l’opposition qui utilisaient des armes. Les médias participent très activement au climat d’intolérence qui se développe à Caracas.

La tension monte d’un cran au Venezuela et la situation risque de continuer à se détériorer puisqu’une manifestation en faveur du gouvernement est prévue pour ce samedi et l’un des dirigeants de l’opposition, Enrique Mendoza, le gouverneur de l’état Miranda (où se trouve les secteurs favorisés de l’est de la capitale), a assuré que la marche sur l’esplanade de Los Proceres n’était que partie remise.



par Pablo  Aiquel

Article publié le 04/01/2003