Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Venezuela

Chavez cherche à récupérer le contrôle du pétrole

L'industrie du pétrole, cruciale pour l'économie du Venezuela, membre éminent de l'Opep et 5e exportateur mondial, est paralysée par la grève générale qui affecte le pays depuis le 2 décembre. Le président Chavez s'efforce donc d'en récupérer le contrôle.
De notre envoyée spéciale à Caracas

La chambre vénézuélienne des armateurs et des membres du personnel de Petroleos de Venezuela (PDVSA) viennent de déposer un recours devant la justice contre Ali Rodriguez. Le président de la compagnie pétrolière nationale est accusé d'avoir abusé de son pouvoir, notamment en militarisant les installations de PDVSA bloquées par des grévistes.

Car Ali Rodriguez, que Hugo Chavez avait placé à ce poste à la suite du coup d'État manqué d'avril dernier, est aujourd'hui seul maître à bord de la holding publique après la démission dans les premiers jours de la grève générale des sept autres membres de la direction. Et son soutien au chef de l'État dont l'opposition réclame à cor et à cri la démission ne s'est pas démenti.

De fait, le gouvernement tente depuis plusieurs jours de reprendre le contrôle du géant pétrolier vénézuélien. Dans le cadre d'un plan dénommé «pétrole souverain», l'armée est effectivement intervenue, malgré les mises en garde des grévistes contre la présence et les manipulations de personnels non qualifiés dont les assurances ne couvrent pas les éventuelles erreurs. Elle est d'abord apparue dans les stations-service pour les contraindre à ouvrir leurs portes, et elle a pris le contrôle des camions-citerne pour assurer les livraisons: Puis elle s’est déployée sur les sites de raffinage, et les pétroliers immobilisés par leurs capitaines en grève semblent être globalement sa prochaine cible.

De l’essence prochainement importée

Déjà, dimanche, le Pilin Leon, le premier navire a s'être ancré, pour se joindre au mouvement, dans le canal d'accès du lac de Maracaibo, à l'ouest du pays, avant d'être suivi par la quasi-totalité de la flotte des pétroliers vénézuéliens, a été abordé par des militaires qui ont fait descendre l'équipage, pour le remplacer par un autre que l'opposition a dénoncé comme étant composé de marins étrangers -venus d'Inde, de Cuba et de Libye– ce que le gouvernement dément. Une opération juridiquement contestable, puisqu'elle a été réalisée malgré l'opposition d'un juge local –Hugo Chavez ayant décidé d'ignorer les décisions judiciaires contraires a ses propres décrets– et qui, concrètement, n'a pas pour l'instant abouti au dégagement du pétrolier.

Autre site «militarisé»: le complexe de raffinage de Paranagua, le plus grand du monde. Son directeur, gréviste, a été démis et remplacé par un cadre à la retraite de PDVSA qui, selon l'opposition, aurait du mal à s'imposer.

Cette reprise en main partielle ne semble donc guère s'accompagner de résultats: l'industrie pétrolière, paralysée depuis près de deux semaines, ne produirait plus, selon les sources, qu'entre 400 000 et un million de barils par jour, alors que sa production quotidienne avoisine en temps normal les trois millions de barils.

Ses défaillances à l'exportation risquent de lui coûter très cher. Quant à la distribution de l'essence, elle ne semble pas être trop affectée encore, notamment a Caracas, même si ailleurs, rationnements et interminables queues à la pompe ont pu être observes. Mais les réserves seraient sur le point d’être épuisées, ce que confirme l'annonce par Hugo Chavez que de l'essence sera prochainement importée.



par Michèle  Gayral

Article publié le 19/12/2002