Venezuela
La crise s’enlise après 11 jours de grêve
Le pouvoir et l’opposition campent sur leurs positions alors que la grêve générale contre le président Chavez en est à son 11ème jour. Le conflit paralyse presque totalement le secteur pétrolier vital pour le pays.
De notre correspondant à Caracas
Tous les soirs à 20h, depuis mardi 3 décembre, un concert de casseroles résonne sur les balcons des immeubles des quartiers où vit la classe moyenne et les Vénézuéliens les plus aisés à l’est de Caracas. La réponse ne se fait pas attendre : à 22h le vrombissement des casseroles des quartiers populaires retentit à son tour. Les premiers veulent sonner les cloches du gouvernement de Hugo Chavez, dont ils exigent désormais le départ pur et simple. Les autres démontrent qu’ils ne l’ont pas élu pour rien et que la société vénézuélienne est profondément divisée.
La grève générale qui a commencé il y a onze jours pour faire pression sur les négociations et trouver une issue électorale à la crise politique, est devenue tour à tour une grève «à durée indéfinie», et désormais «irréversible», selon ses organisateurs, l’association patronale Fedecamaras, soutenue par la centrale syndicale CTV et la coalition de partis d’opposition, Coordinadora Democrática.
Dans la rue, même si le mouvement de grève n’a été que partiellement suivi dès le début –les commerces dans les zones populaires de l’ouest de la capitalen’ont pas fermé et le secteur public a été peu touché- l’exaspération règne dans les deux camps. Alors opposants et partisans de Chavez manifestent lors de marches, chacun de son côté de la ville et tous avec le drapeau jaune-bleu-rouge du Venezuela comme bannière.
L’or noir au coeur du conflit
C’est la quatrième grève en un an que le patronat organise contre le président Chavez, élu démocratiquement et par une large majorité en 1998 puis réélu pour six ans en 2000 après avoir fait rédiger une nouvelle Constitution par une Assemblée constituante.
Fin 2001, après avoir approuvé un paquet d’une quarantaine de décrets-lois, les plus importants concernant la terre, la pêche et les hydrocarbures, le patronat a réagi. La deuxième grève, en avril, a provoqué un putsch qui a démis Chavez du pouvoir pendant 48 heures avant qu’il ne retrouve ses fonctions et en octobre une journée de «paro» a été organisée.
Cette fois-ci la grève a duré plus longtemps car certains cadres de l’industrie nationale de pétrole, PDVSA, la plus grande entreprise latino-américaine et la principale de ce pays, cinquième exportateur de brut et leader de l’OPEP, ont décidé de bloquer le transport et la distribution de pétrole.
Les rumeurs de pénurie d’essence ont commencé à circuler vers le milieu de la semaine dernière, mais ce n’est que le week-end que l’on a vu les premières files d’attente dans certaines pompes à essence alors que d’autres étaient fermées. Le blocage aux ports de Maracaibo, Punto Fijo et Puerto La Cruz de plusieurs pétroliers a provoqué la réduction des exportations et fait craindre un arrêt de l’industrie. Si le gouvernement ne parvient pas à débloquer la situation à temps, il faudra fermer les robinets. Une opération qui serait à la fois délicate et coûteuse.
Depuis le début de la semaine, la justice aidée par les forces armées a commencé à récupérer le contrôle de plusieurs navires et ce mercredi le gouvernement a annoncé la reprise des exportations à un rythme soutenu. Une information démentie par les cadres grévistes.
L’opposition reproche à Chavez de vouloir mettre en place un régime autoritaire et «castro communiste» en mettant en œuvre ce que le président appelle la « révolution bolivarienne », en honneur du «Libertador» Simon Bolivar.
Le bras de fer politique dure depuis plus d’un an et il a été renforcé quelques mois après le putsch quand le Tribunal suprême, dominé par un ancien allié et ministre de Chavez, a décidé de ne pas juger les généraux félons. Ces derniers, depuis un mois et demi occupent la place Altamira, dans un des quartiers chics de Caracas, qu’ils considèrent «territoire libéré». C’est là que, vendredi dernier, un tireur fou a tué trois personnes et blessé 28 autres.
Depuis un mois gouvernement et opposition sont assis autour d’une «table de négociations», dont le médiateur est le secrétaire général de l’Organisation des États Américains, Cesar Gaviria. Six représentants de chaque bord sont censés trouver une issue électorale à la crise politique.
Pour le gouvernement il faudrait relégitimer les autorités électorales ; ce qui impliquerait un processus assez complexe qui prendrait au moins deux mois et demi. Mais l’opposition considère qu’un accord politique qui permette le départ de Chavez devrait avoir lieu plus tôt.
Les médias, qui soutiennent ouvertement l’opposition –même les secteurs les plus radicaux qui demandent un départ forcé de Chavez ou une action des militaires- font monter la pression en participant à la grève avec une programmation spéciale: pas de publicité, rien que des informations sur la grève et des interviews des figures de l’opposition.
Alors l’angoisse et l’exaspération montent. Selon un sondage, 25% des personnes consultées seraient prêtes à participer à une guerre civile, 13% contre Chavez, 12% en sa faveur. Mais la communauté internationale exprime son soutien à Cesar. Gaviria et ses négociations pour trouver une solution qui pourrait déboucher sur des élections anticipées ou un référendum pour l’année prochaine.
Tous les soirs à 20h, depuis mardi 3 décembre, un concert de casseroles résonne sur les balcons des immeubles des quartiers où vit la classe moyenne et les Vénézuéliens les plus aisés à l’est de Caracas. La réponse ne se fait pas attendre : à 22h le vrombissement des casseroles des quartiers populaires retentit à son tour. Les premiers veulent sonner les cloches du gouvernement de Hugo Chavez, dont ils exigent désormais le départ pur et simple. Les autres démontrent qu’ils ne l’ont pas élu pour rien et que la société vénézuélienne est profondément divisée.
La grève générale qui a commencé il y a onze jours pour faire pression sur les négociations et trouver une issue électorale à la crise politique, est devenue tour à tour une grève «à durée indéfinie», et désormais «irréversible», selon ses organisateurs, l’association patronale Fedecamaras, soutenue par la centrale syndicale CTV et la coalition de partis d’opposition, Coordinadora Democrática.
Dans la rue, même si le mouvement de grève n’a été que partiellement suivi dès le début –les commerces dans les zones populaires de l’ouest de la capitalen’ont pas fermé et le secteur public a été peu touché- l’exaspération règne dans les deux camps. Alors opposants et partisans de Chavez manifestent lors de marches, chacun de son côté de la ville et tous avec le drapeau jaune-bleu-rouge du Venezuela comme bannière.
L’or noir au coeur du conflit
C’est la quatrième grève en un an que le patronat organise contre le président Chavez, élu démocratiquement et par une large majorité en 1998 puis réélu pour six ans en 2000 après avoir fait rédiger une nouvelle Constitution par une Assemblée constituante.
Fin 2001, après avoir approuvé un paquet d’une quarantaine de décrets-lois, les plus importants concernant la terre, la pêche et les hydrocarbures, le patronat a réagi. La deuxième grève, en avril, a provoqué un putsch qui a démis Chavez du pouvoir pendant 48 heures avant qu’il ne retrouve ses fonctions et en octobre une journée de «paro» a été organisée.
Cette fois-ci la grève a duré plus longtemps car certains cadres de l’industrie nationale de pétrole, PDVSA, la plus grande entreprise latino-américaine et la principale de ce pays, cinquième exportateur de brut et leader de l’OPEP, ont décidé de bloquer le transport et la distribution de pétrole.
Les rumeurs de pénurie d’essence ont commencé à circuler vers le milieu de la semaine dernière, mais ce n’est que le week-end que l’on a vu les premières files d’attente dans certaines pompes à essence alors que d’autres étaient fermées. Le blocage aux ports de Maracaibo, Punto Fijo et Puerto La Cruz de plusieurs pétroliers a provoqué la réduction des exportations et fait craindre un arrêt de l’industrie. Si le gouvernement ne parvient pas à débloquer la situation à temps, il faudra fermer les robinets. Une opération qui serait à la fois délicate et coûteuse.
Depuis le début de la semaine, la justice aidée par les forces armées a commencé à récupérer le contrôle de plusieurs navires et ce mercredi le gouvernement a annoncé la reprise des exportations à un rythme soutenu. Une information démentie par les cadres grévistes.
L’opposition reproche à Chavez de vouloir mettre en place un régime autoritaire et «castro communiste» en mettant en œuvre ce que le président appelle la « révolution bolivarienne », en honneur du «Libertador» Simon Bolivar.
Le bras de fer politique dure depuis plus d’un an et il a été renforcé quelques mois après le putsch quand le Tribunal suprême, dominé par un ancien allié et ministre de Chavez, a décidé de ne pas juger les généraux félons. Ces derniers, depuis un mois et demi occupent la place Altamira, dans un des quartiers chics de Caracas, qu’ils considèrent «territoire libéré». C’est là que, vendredi dernier, un tireur fou a tué trois personnes et blessé 28 autres.
Depuis un mois gouvernement et opposition sont assis autour d’une «table de négociations», dont le médiateur est le secrétaire général de l’Organisation des États Américains, Cesar Gaviria. Six représentants de chaque bord sont censés trouver une issue électorale à la crise politique.
Pour le gouvernement il faudrait relégitimer les autorités électorales ; ce qui impliquerait un processus assez complexe qui prendrait au moins deux mois et demi. Mais l’opposition considère qu’un accord politique qui permette le départ de Chavez devrait avoir lieu plus tôt.
Les médias, qui soutiennent ouvertement l’opposition –même les secteurs les plus radicaux qui demandent un départ forcé de Chavez ou une action des militaires- font monter la pression en participant à la grève avec une programmation spéciale: pas de publicité, rien que des informations sur la grève et des interviews des figures de l’opposition.
Alors l’angoisse et l’exaspération montent. Selon un sondage, 25% des personnes consultées seraient prêtes à participer à une guerre civile, 13% contre Chavez, 12% en sa faveur. Mais la communauté internationale exprime son soutien à Cesar. Gaviria et ses négociations pour trouver une solution qui pourrait déboucher sur des élections anticipées ou un référendum pour l’année prochaine.
par Pablo Aiquel
Article publié le 12/12/2002