Venezuela
Les médias dans les rangs de l’opposition
Pas de publicité commerciale, multiplication de spots de mouvements politiques de l’opposition, appels à participer aux manifestations de l’opposition: la participation des médias privés à la grève générale, qui se produit au Venezuela depuis le 2 décembre, a été crescendo.
De notre correspondant à Caracas
Désormais, plusieurs fois par jour, chaînes de télévision et de radio arrêtent leur programmes pendant cinq minutes pour afficher le slogan contre le gouvernement de Hugo Chavez : «Élections, tout de suite !». Le mouvement de grève, organisée par le patronat et les cadres de l’entreprise nationale de pétrole et soutenu par l’opposition et la centrale syndicale, a pour but la démission du président Hugo Chavez.
Au Venezuela, pratiquement chaque média appartient à une famille et les patrons de presse sont très proches de Fedecamaras, l’association du patronat qui dirige la grève contre le gouvernement. Si bien il est vrai que l’hostilité envers le gouvernement est presque unanime depuis un an dans la quasi totalité des médias nationaux, leur parti pris en détriment de l’éthique professionnelle a été très critiqué.
«Tout au long de la crise sociétale vénézuélienne de ces vingt dernières années, les médias privés ont joué un rôle de plus en plus politique, à la mesure de l’effondrement des partis, explique l’historienne Margarita López Maya. Dès l’élection de Chavez en 1998, ils sont devenus pratiquement les principaux groupes de l’opposition. Aujourd’hui il est très difficile de trouver de l’information réelle sur ce qui se passe. C’est une tragédie car nous avons été privées du droit à l’information, on est soumis ces dernières semaines à un stress émotionnel croissant, à une maximisation de la violence et de l’agression, au classement arbitraire de ce gouvernement comme dictatorial».
Le gouvernement dispose des chaînes publiques
Dans un communiqué, le chapitre local de l’Observatoire global des médias a dénoncé que «les chaînes à Caracas, diffusent de manière permanente des messages d’ouverte incitation à l’intolérance et à la violence, cherchant à approfondir chez les citoyens la prédisposition d’accepter et participer activement à une confrontation de conséquences imprévisibles. On utilise aussi l’image d’enfants pour convoquer à des actions de violence et on fait des liens entre ces images et la promotion de la dissociation sociale».
«Un spot utilise la musique du film La Mission de Roland Jaffée sur des images des manifestation pour donner un message d’épopée ; un autre les images de gens qui vont au secours des blessés et des morts, avec en fond le Stabat Mater de Pergolessi, pour faire penser au chemin de croix», raconte un journaliste qui considère que c’est de la manipulation pure et simple.
Pendant la durée de la grève, la grille de programmes habituelle est suspendue pour laisser place à l’information en continu de ce qui se passe dans le pays, avec une couverture en direct des événements, conférences de presse des protagonistes de la crise et manifestations de l’opposition. Sur les plateaux, des analystes et commentateurs discutent sur la situation nationale, mais une large majorité des invités sont de l’opposition.
Les journaux, pour leur part, n’ont pas été diffusés les deux premiers jours de la grève et depuis ils sont publiés dans des éditions spéciales sans publicité et presque uniquement consacrés à la crise. L’association des patrons de presse avait décidé dans la matinée de lundi de ne pas circuler encore une fois mardi 17 décembre, mais ils ont finalement changé d’avis et les journaux sont parus. La non diffusion des journaux a été aussi critiqué par des associations indépendantes des journalistes.
De l’autre côté, le gouvernement dispose d’une chaîne de télévision publique et de plusieurs chaînes de la Radio Nationale pour exprimer son point de vue. Ces médias diffusent presque exclusivement les déclarations des membres du gouvernement et de leurs partisans. Dans des médias alternatifs sur Internet, comme aporrea.org ou antiescualidos.com, les adeptes du président Chavez exigent du gouvernement des mesures sévères contre les médias privés.
La semaine dernière, des manifestants pro-Chavez ont protesté devant les sièges des médias –à Caracas pacifiquement mais en province il y a eu des saccages à des chaînes régionales– ; pour les patrons des médias il s’agissait d’une violation à la liberté d’expression et d’une attaque organisée. Pour le gouvernement, d’une manifestation spontanée.
Chez les uns et les autres, les mots utilisés pour décrire sympathisants et adversaires montrent l’agressivité qui rend lourd le climat politique vénézuélien.
Désormais, plusieurs fois par jour, chaînes de télévision et de radio arrêtent leur programmes pendant cinq minutes pour afficher le slogan contre le gouvernement de Hugo Chavez : «Élections, tout de suite !». Le mouvement de grève, organisée par le patronat et les cadres de l’entreprise nationale de pétrole et soutenu par l’opposition et la centrale syndicale, a pour but la démission du président Hugo Chavez.
Au Venezuela, pratiquement chaque média appartient à une famille et les patrons de presse sont très proches de Fedecamaras, l’association du patronat qui dirige la grève contre le gouvernement. Si bien il est vrai que l’hostilité envers le gouvernement est presque unanime depuis un an dans la quasi totalité des médias nationaux, leur parti pris en détriment de l’éthique professionnelle a été très critiqué.
«Tout au long de la crise sociétale vénézuélienne de ces vingt dernières années, les médias privés ont joué un rôle de plus en plus politique, à la mesure de l’effondrement des partis, explique l’historienne Margarita López Maya. Dès l’élection de Chavez en 1998, ils sont devenus pratiquement les principaux groupes de l’opposition. Aujourd’hui il est très difficile de trouver de l’information réelle sur ce qui se passe. C’est une tragédie car nous avons été privées du droit à l’information, on est soumis ces dernières semaines à un stress émotionnel croissant, à une maximisation de la violence et de l’agression, au classement arbitraire de ce gouvernement comme dictatorial».
Le gouvernement dispose des chaînes publiques
Dans un communiqué, le chapitre local de l’Observatoire global des médias a dénoncé que «les chaînes à Caracas, diffusent de manière permanente des messages d’ouverte incitation à l’intolérance et à la violence, cherchant à approfondir chez les citoyens la prédisposition d’accepter et participer activement à une confrontation de conséquences imprévisibles. On utilise aussi l’image d’enfants pour convoquer à des actions de violence et on fait des liens entre ces images et la promotion de la dissociation sociale».
«Un spot utilise la musique du film La Mission de Roland Jaffée sur des images des manifestation pour donner un message d’épopée ; un autre les images de gens qui vont au secours des blessés et des morts, avec en fond le Stabat Mater de Pergolessi, pour faire penser au chemin de croix», raconte un journaliste qui considère que c’est de la manipulation pure et simple.
Pendant la durée de la grève, la grille de programmes habituelle est suspendue pour laisser place à l’information en continu de ce qui se passe dans le pays, avec une couverture en direct des événements, conférences de presse des protagonistes de la crise et manifestations de l’opposition. Sur les plateaux, des analystes et commentateurs discutent sur la situation nationale, mais une large majorité des invités sont de l’opposition.
Les journaux, pour leur part, n’ont pas été diffusés les deux premiers jours de la grève et depuis ils sont publiés dans des éditions spéciales sans publicité et presque uniquement consacrés à la crise. L’association des patrons de presse avait décidé dans la matinée de lundi de ne pas circuler encore une fois mardi 17 décembre, mais ils ont finalement changé d’avis et les journaux sont parus. La non diffusion des journaux a été aussi critiqué par des associations indépendantes des journalistes.
De l’autre côté, le gouvernement dispose d’une chaîne de télévision publique et de plusieurs chaînes de la Radio Nationale pour exprimer son point de vue. Ces médias diffusent presque exclusivement les déclarations des membres du gouvernement et de leurs partisans. Dans des médias alternatifs sur Internet, comme aporrea.org ou antiescualidos.com, les adeptes du président Chavez exigent du gouvernement des mesures sévères contre les médias privés.
La semaine dernière, des manifestants pro-Chavez ont protesté devant les sièges des médias –à Caracas pacifiquement mais en province il y a eu des saccages à des chaînes régionales– ; pour les patrons des médias il s’agissait d’une violation à la liberté d’expression et d’une attaque organisée. Pour le gouvernement, d’une manifestation spontanée.
Chez les uns et les autres, les mots utilisés pour décrire sympathisants et adversaires montrent l’agressivité qui rend lourd le climat politique vénézuélien.
par Pablo Aiquel
Article publié le 18/12/2002