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Venezuela

Fermeté de Chavez contre appel à la désobéissance

La tentative du président Hugo Chavez de reprendre en main l'industrie pétrolière paralysée par trois semaines de grève se heurte à l'appel à la désobéissance civile lancé par l'opposition. Dans ce contexte de radicalisation du conflit pour obtenir la démission du président, le marché mondial du pétrole hésite. Qu'adviendrait-il en cas de déclenchement d'une opération armée contre l'Irak qui perturberait aussi la production au Proche-Orient ?
Après trois semaines de blocage de l’industrie pétrolière vénézuélienne, avec au premier chef la paralysie de Petroleos de Venezuela (PDVSA), qui avec 40 000 salariés assure 80% des ressources en devise du pays, 5éme exportateur mondial, le président Chavez a pris le taureau par les cornes. La Cour suprême ayant jugé illégale la grève à PDVSA, le président Chavez a lui-même supervisé la prise de contrôle par l’armée de plusieurs pétroliers dont les équipages, grévistes, ont été remplacés par la force. Le président dont le maintien à la tête de l’Etat est tout l’enjeu du conflit politique et social a confirmé son intention de «faire le nettoyage» à PDVSA afin qu’à partir de lundi le Venezuela récupère sa capacité de production. Ceux qui s’y opposeraient seraient arrêtés.

Plus facile à dire qu’à faire car l’opposition, composée d’organisations syndicales, patronales et d’une coordination de partis politiques de droite, a appelé à la désobéissance civile et à la résistance aux ordres de reprise du travail. Pour parvenir à ses fins Hugo Chavez devra procéder à l’arrestation de six millions de vénézuéliens, a déclaré sur un ton de défi un responsable de l’opposition.

Jusqu’à présent les tentatives de parvenir à une solution politique négociée ont échoué. La dernière en date, vendredi sous l’égide de l’Organisation des Etats américains a tourné court en raison de l’absence des représentants du gouvernement à la table où devait s’instaurer un dialogue. D’ailleurs les tentatives venues de l’extérieur sont mal accueillies, tout particulièrement les interventions, même simplement verbales, des Etats-unis.

Les conséquences de deux crises

Le puissant voisin du Nord s’est en effet déconsidéré en avril dernier par une bienveillance excessive envers les acteurs du coup d’Etat manqué contre un président réélu haut la main peu auparavant mais dont les Etats-unis déplorent le style populiste et les propos pro-castristes. La Maison-blanche s’est prononcée pour des élections anticipées et a été rapidement invitée par Hugo Chavez à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires du Venezuela.

Pourtant, l’inquiétude des Etats-Unis est justifiée dans un contexte d’engagement militaire imminent contre l’Irak. En ce qui concerne une éventuelle pénurie en hydrocarbures, liée à la quasi-disparition sur le marché de la production vénézuélienne, les autres pays de l’Opep se sont voulus rassurants lors d’une réunion vendredi dernier au Caire de l’Organisation de pays arabes exportateurs de pétrole ces pays ont affirmé que l’équilibre entre l’offre et la demande serait rétabli en compensant l’absence du Venezuela. Avec une nuance toutefois, exprimée par le ministre algérien du pétrole. Chakib Khalil a souligné que les capacités de l’Opep ne suffiront pas si la production pétrolière du Golfe connaît une interruption à cause d’une frappe américaine contre l’Irak. En clair même si les pays arabes ne brandissent pas l’arme du pétrole, les Etats-Unis, et l’ensemble de l’économie mondiale, ne pourront à la fois supporter les conséquences de la crise vénézuélienne et du conflit en Irak.

Les marchés mondiaux l’ont bien compris. Le baril de pétrole est passé largement au-dessus des 28 dollars atteignant même les 30 dollars à new York, ce qui ne constitue pas encore une envolée des prix, signe d’une panique, mais manifeste quand même une nervosité évidente.



par Francine  Quentin

Article publié le 23/12/2002