Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Venezuela

L’opposition échoue à paralyser les banques

Plusieurs banques ont ouvert leurs portes, malgré les appels à la grève lancés par l’opposition, pour éviter les sanctions annoncées par le gouvernement. Les grévistes appellent maintenant à ne plus payer l’eau ni l’électricité.
De notre correspondant à Caracas

On s’attendait à voir toutes les agences et tous les distributeurs automatiques de billets fermés. Certains s’y préparaient : dans l’impossibilité d’utiliser les cartes bleues ou même de vérifier la solvabilité des chèques par téléphone, plusieurs supermarchés avaient décidé de fermer leurs portes jusqu’à lundi. Mais en fait quelques banques ont préféré ouvrir leurs guichets plutôt que de subir les sanctions annoncés par le gouvernement et les organismes de tutelle respectifs contre ceux qui n’offriraient pas le service considéré «d’intérêt public».

Cette décision d’ouvrir a été prise par les deux plus grandes banques du pays, Banco Provincial –du groupe espagnol Bilbao-Vizcaya–, et Banco de Venezuela –du groupe espagnol Santander–. Ainsi que Corp Banca, de capitaux chiliens, et Citibank, américaine. En province, la grève a été encore moins suivie qu’à Caracas.

Les dirigeants de Fetrabanca, le syndicat organisateur, ont parlé de «réussite» et ont assuré que le mouvement avait été suivi à 80%. Pourtant, le leader de la centrale syndicale CTV, Carlos Ortega, un des leaders de la grève générale qui a commencé il y a un mois, a admis que ce n’était pas un succès et invitait les travailleurs des banques à participer au mouvement ce vendredi.

Cependant les banques qui ont ouvert leurs portes ont continué à observer le rythme de «débrayage partiel», avec ouverture pendant trois heures par jours, pour assurer le service minimum au public.

Nouvelle ardoise

L’opposition au gouvernement de Hugo Chavez cherche maintenant de nouvelles actions pour raviver la flamme d’une grève qui s’estompe de plus en plus, notamment dans le secteur commercial. Ce jeudi, les leaders de la fédération patronale Fedecamaras et de la centrale syndicale CTV ont annoncé qu’ils pourraient prochainement appeler à ne pas payer les factures d’eau et de l’électricité, deux services qui sont presque partout –ce n’est pas le cas à Caracas– fournis par des entreprises régionales appartenant à l’État ou aux provinces.

Déjà la Coordination démocratique, l’alliance de l’opposition, en liaison avec les grévistes, a lancé la «désobéissance fiscale», le non-paiement des impôts comme la TVA ou l’impôt sur le revenu, «pour ne pas financer ce gouvernement».

La grève patronale et commerciale, qui a commencé le 2 décembre, n’a pas été suivie dans le secteur public –fief des syndicats–, même si la centrale syndicale –proche d'un des partis de l’opposition– dirige le mouvement. Mais le mouvement a réussi à paralyser en grande partie l’industrie pétrolière, la plus importante du pays, surtout grâce aux cadres et à l’administration, ainsi qu’aux capitaines de pétroliers.

Le gouvernement a commencé la reprise en main depuis le début de l’année et a annoncé cette semaine une restructuration profonde pour assurer la production du 5ème exportateur mondial de brut.

Les annonces d’un durcissement de la grève, spécialement dans le secteur bancaire, avaient fait chuter le bolivar de 13,8% cette semaine, dépassant le seuil de 1600 bolivars pour un dollar, alors que depuis plusieurs mois la monnaie vénézuélienne stagnait autour de 1400 bolivars pour un dollar. Mais finalement le cours a retrouvé l’équilibre autour de 1500.a



par Pablo  Aiquel

Article publié le 10/01/2003