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Etats-Unis

Kerry défend son honneur de soldat

Image du soldat John Kerry au Vietnam. 

		(Photo: AFP)
Image du soldat John Kerry au Vietnam.
(Photo: AFP)
La diffusion sur certaines chaînes de télévision américaines d’un spot publicitaire dans lequel la bravoure du candidat démocrate à la présidence, John Kerry, durant la guerre du Vietnam est directement mise en cause, a provoqué une énorme polémique aux Etats-Unis.
Des vétérans du Vietnam applaudissent lors d'un discours de John Kerry. 

		(Photo: AFP)
Des vétérans du Vietnam applaudissent lors d'un discours de John Kerry.
(Photo: AFP)
John Kerry n’aura pas profité longtemps des bénéfices engrangés grâce à la convention démocrate du mois de juillet auprès des vétérans, une frange importante du corps électoral (20 %), dont il avait pourtant fait une cible prioritaire pour conquérir des voix. En décidant de mettre en avant son passé de soldat au Vietnam dans la campagne électorale, John Kerry entendait en effet les inciter à voter démocrate, plus largement qu’ils ne le font habituellement. Peine perdue: de récents sondages indiquent qu’après avoir fait jeu égal avec le candidat républicain dans les intentions de vote des anciens combattants après la convention, il est de nouveau largement derrière celui-ci (37 % contre 55 %). La polémique engagée à la suite de la diffusion du spot publicitaire d’un groupe d’anciens combattants du Vietnam, le «Swift Boat Veterans for Truth» (les anciens patrouilleurs du Vietnam pour la vérité) explique sans aucun doute ce revirement.

Le passé de soldat courageux de John Kerry y est, en effet, mis en cause. Les détracteurs du candidat démocrate l’accusent sans ambiguïté d’avoir délibérément donné une version améliorée de ses faits d’armes (notamment de ses blessures) dans le seul but d’obtenir des médailles qu’il ne méritait pas. Ils lui reprochent aussi d’avoir dénigré le comportement des soldats américains durant ce conflit en tenant des propos «pacifistes» après son retour aux Etats-Unis. Ces accusations, fondées ou pas, semblent avoir obtenu un certain écho auprès des électeurs américains puisque 59 % d’entre eux estiment qu’elles sont «crédibles», selon un sondage réalisé entre le 9 et le 16 août par le Centre électoral Annenberg de l’Université de Pennsylvanie.

Un «coup tordu»

Face à ces attaques, les démocrates ont riposté en affirmant non seulement que toutes ces accusations étaient sans fondement mais aussi en déclarant que l’entourage de George W. Bush était directement responsable de cette campagne de dénigrement. Ils ont d’ailleurs déposé une plainte devant la Commission électorale fédérale pour dénoncer les «liens illégaux» qui unissent le groupe de vétérans à l’état-major de campagne de Bush. Même si les républicains ont qualifié ce recours de «ridicule» et ont nié une quelconque implication, ils ont préféré se séparer de l’un de leur conseiller bénévole, le colonel Ken Cordier, qui apparaissait dans le spot incriminé, arguant du fait qu’il ne les avait pas informé de sa participation.

Dans sa contre-offensive médiatique, John Kerry a reçu le soutien de certains vétérans. Parmi eux, le journaliste du Chicago Tribune William Rood qui a confirmé les actes de bravoure de John Kerry pour lesquels il a été décoré. Son témoignage est important car il est, avec le sénateur du Massachusetts, le seul officier présent lors de faits mis en cause, encore vivant. Du coup, George W. Bush est lui aussi entré dans le débat en affirmant que son adversaire pour la présidentielle pouvait «être fier de ses états de service» et en souhaitant l’arrêt de la diffusion de «tous» les spots publicitaires indépendants qui influent sur la campagne électorale.

Malgré la prise de position du président américain, les proches de John Kerry, estiment que la diffusion d’un spot destiné à atteindre l’image du candidat démocrate n’est ni plus ni moins qu’un «coup tordu» des républicains visant à détourner l’attention des électeurs de plus en plus séduits par le message de Kerry sur les questions de fond comme l’économie, l’éducation ou l’environnement. Il est vrai que le président sortant stagne depuis plusieurs semaines dans les sondages sur les intentions de vote qui placent Kerry en tête. Une situation à laquelle les républicains entendent remédier au plus vite, à savoir lors de leur convention, qui débute le 30 août à New York. Le président sortant va une nouvelle fois y développer son thème favori, celui de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme dont il veut absolument être le leader incontesté.

par Valérie  Gas

Article publié le 24/08/2004 Dernière mise à jour le 27/08/2004 à 13:08 TU