Tchétchénie
L’homme du Kremlin élu sans surprise
(Photo : AFP)
Comme prévu, le président de la commission électorale a annoncé l’élection dés le premier tour de l’ancien ministre de l’Intérieur, Alou Alkhanov, à la présidence tchétchène. Selon les premiers résultats, il a obtenu près de 74 % des suffrages. Il succède à Akhmad Kadyrov, assassiné le 9 mai à Grozny lors d’un attentat. Ce dernier, fidèle soutien également de la politique menée par Moscou dans la région, avait été élu en octobre 2003. Le dirigeant indépendantiste Aslan Maskhadov a promis le même sort à son successeur.
Alou Alkhanov se réclame de la politique de son prédécesseur, auquel il a rendu hommage à maintes reprises au cours de la campagne électorale. Il a notamment promis de poursuivre sa politique engagée aux côtés de Moscou et déclare ne pas se laisser intimider par les menaces adressées « à toute l’équipe Kadyrov ». « Même si on me tue, cela ne changera rien pour les wahhabites. Un autre homme viendra et continuera notre travail pour détruire le terrorisme, le wahhabisme et le banditisme », a notamment déclaré M. Alkhanov.
A l’annonce de son élection, le nouveau président a également souligné que son objectif était de restaurer l’économie de la république caucasienne, ruinée par une décennie de guerre ou d’instabilité chronique. Pour y parvenir, il compte notamment sur les exportations de pétrole tchétchène qui pourraient rapporter quelque 370 millions de dollars par an et dont le revenu devrait entièrement revenir à Grozny. Actuellement, la Tchétchénie ne reçoit que 49% de ces recettes, le reste étant dévolu à la Russie.
Un journaliste a pu voter quatre fois
Reste que les conditions du scrutin dans cette république ravagée par la guerre sont vivement contestées. Selon l’organisation russe de défense des droits de l’Homme « Memorial », les chiffres ont été falsifiés. Selon elle, la participation annoncée de 80% est improbable. La presse écrite russe publie des reportages sans concession sur les conditions d’organisation et les circonstances du vote, soulignant l’improbabilité du discours officiel sur la liberté et la transparence des opérations. Les Izvestia décrivent une capitale déserte. L’envoyé spécial du Kommersant raconte comment il a pu facilement voter dans quatre bureaux. « Ils feraient mieux de nommer un président », titre pour sa part le quotidien Vremia Novosteï.
La direction indépendantiste a comparé le scrutin à un vote « dans le ghetto de Varsovie ou dans un goulag stalinien » et appelle la communauté internationale à condamner cette élection, à « ne pas reconnaître ses résultats et à proclamer leur illégitimité ».
L’élection s’est déroulée dans le calme, à l’exception notable de la mort d’un jeune homme, tué par l’explosion de la bombe qu’il s’apprêtait vraisemblablement à déposer dans un bureau de vote de Grozny.
par Georges Abou
Article publié le 30/08/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2004 à 10:49 TU