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Terrorisme

La Russie en deuil

A la recherche de proches à la morgue de Vladikavkz, le samedi 4 septembre. 

		(Photo : AFP)
A la recherche de proches à la morgue de Vladikavkz, le samedi 4 septembre.
(Photo : AFP)
Les premières funérailles des victimes de la prise d’otages d’un millier de personnes dans une école de Beslan en Ossétie du Nord, ont eu lieu dimanche 5 septembre. Le bilan officiel avoisine désormais les 400 morts mais une longue liste de disparus fait craindre qu’il ne soit encore supérieur à ce chiffre. Le président russe Vladimir Poutine qui s’est adressé solennellement à ses compatriotes dans une courte intervention télévisée, a décrété lundi 6 et mardi 7 septembre, jours de deuil national en hommage aux victimes.

La terrible épreuve de l’adieu aux victimes de la prise d’otages de Beslan a débuté avec les premiers enterrements organisés par les familles. Seules une vingtaine de personnes ont été inhumées dimanche, mais ce triste rituel va se répéter inlassablement dans les prochains jours. Preuve de l’ampleur du drame vécu à Beslan, des tombes ont déjà été creusées dans un champ à l’extérieur du cimetière de la ville, trop petit pour accueillir les cercueils de l’ensemble des victimes. Car on recense déjà 338 morts dont la moitié sont des enfants selon les chiffres officiels, 394 selon un membre de la principale morgue d’Ossétie du Nord, à Vladikavkaz. Mais surtout, de nombreuses personnes restent sans nouvelle de leurs proches qui se trouvaient dans l’école assaillie par le commando pro-tchétchène. Il pourrait donc y avoir encore plus de deux cents disparus que leurs familles recherchent désespérément, même si l’espoir de les retrouver vivants est dorénavant quasi-inexistant.

Les affrontements entre les terroristes et les forces spéciales ont été particulièrement violents et de nombreuses explosions ont provoqué l’effondrement de murs et des incendies dans l’établissement scolaire. Du coup, un grand nombre de cadavres sont calcinés ou écrasés et n’ont pas pu être identifiés par les familles qui, après l’angoisse de l’attente et de l’incertitude, sont projetées au plus profond de l’horreur en étant obligé d’examiner des cadavres mutilés. Face à ce drame, le Patriarche russe Alexis II a évoqué «le visage de Satan» du terrorisme et a demandé de dire des messes dans toutes les églises «pour les morts, pour ceux qui sont à l’hôpital, qui sont blessés et ont besoin de soutien».

Peu d’informations sur les preneurs d’otages

Le président Vladimir Poutine, peu habitué des démonstrations d’émotion, avait tout de même lui aussi la gorge serrée lorsqu’il s’est adressé à ses compatriotes à la télévision, samedi soir. Il a envoyé un message de sympathie aux familles touchées par le drame et a annoncé deux jours de deuil national, lundi et mardi, en hommage à la mémoire des victimes de la tuerie de Beslan. 

Face à l’indignation provoquée par un tel massacre et aux accusations sur l’incapacité du gouvernement d’Ossétie à gérer la crise, le ministre de l’Intérieur, Kazbek Dzantiev, a présenté sa démission qui n’a pas été acceptée. Il avait pourtant déclaré : «Après ce qu’il s’est passé à Beslan, je n’ai aucunement le droit de rester à ce poste, à la fois en tant que responsable et en tant qu’homme».

Les autorités ont, d’autre part, annoncé que trente preneurs d’otages avaient été tués lors de l’assaut mais n’ont diffusé aucune information sur leur identité, à l’exception du fait qu’une dizaine d’entre eux seraient «originaires de pays arabes». Une information qui, si elle était vérifiée, irait dans le sens de la déclaration de Vladimir Poutine qui a dénoncé l’implication du terrorisme international dans la prise d’otage, lors de son allocution télévisée. La responsabilité du chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev, qui est à l’origine de la prise d’otages du théâtre moscovite de la Doubrovska, en 2002, a aussi été évoquée par les services spéciaux russes. Mais cette piste n’a été confirmée par aucune revendication pour le moment.

Le leader indépendantiste tchétchène Aslan Maskhadov a, quant à lui, condamné «fermement la prise d’otages de Beslan» dans un communiqué publié dimanche. Mais il a aussi accusé le président Poutine d’en porter la responsabilité à cause de sa politique en Tchétchénie qui «rend de telles tragédies non seulement possibles mais inévitables».



par Valérie  Gas

Article publié le 05/09/2004 Dernière mise à jour le 05/09/2004 à 14:47 TU

Audio

Envoyé spécial en Ossétie du Nord

«Depuis vendredi ils sont des centaines à faire le tour des hôpitaux et des morgues à la recherche de leurs proches disparus.»

[05/09/2004]

Journaliste à RFI

«La réaction à travers le monde est de condamner le terrorisme et la violence. Mais aucun gouvernement ne s'interroge sur la responsabilité des forces russes dans le massacre de Beslan.»

[05/09/2004]

Correspondant de RFI à Moscou

«Pour la première Vladimir Poutine a amorcé une autocritique de sa politique, non pas sur le fond mais sur la forme.»

[05/09/2004]

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