Environnement
Quatrième congrès mondial de l’Eau
(Photo : AFP)
Après Paris, Melbourne et Berlin, et devant des candidatures de poids présentées par de grandes villes comme Yokohama (Japon), Bali (Indonésie) et Kuala Lumpur (Malaisie), c’est Marrakech qui a été choisie pour être durant une semaine la capitale mondiale de l’eau. Le 4ème congrès mondial de l’Eau, dont le budget s’élève à 15 millions de DH, siège à partir de samedi 18 septembre 2004 au Palais des Congrès de la ville marocaine, organisé par l’IWA, et placé sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en collaboration avec l’association marocaine de l’Eau potable et l’Assainissement (AMEPA).
Chercheurs et dirigeants d’entreprises sont réunis pour réfléchir en commun sur des thèmes liés à la problématique de l’eau en Afrique du Nord et, d’une manière plus générale, dans les pays en voie de développement. Deux séances plénières, cinq cents séances techniques et quinze ateliers de travail sont prévus, ainsi que des réunions, des tables rondes et des séminaires, pour tenter de promouvoir le savoir-faire de chacun, échanger les expériences, et initier des contacts privilégiés, aussi bien avec des personnalités clefs du secteur de l’eau qu’avec des organisations publiques.
L’IWA est un réseau international de professionnels et de spécialistes de l’assainissement de l’eau qui compte 13 000 adhérents, et qui représente une centaine de pays dans le monde. Cette association est née en 1999, de la fusion de deux grandes associations internationales, spécialisées dans le domaine de l’eau : l’IWSA, et l’IWQA.
Ali Fassi Fihri, président du congrès, de l’AMEPA, et directeur général de l’ ONEP (office national d’eau potable), souligne: «Il s’agit de la plus importante manifestation sur l’eau en 2004. C’est la première fois que ce congrès est organisé dans un pays en développement, et sur le sol africain». Si la notoriété de Marrakech a beaucoup compté dans le choix du Maroc pour le siège de ce congrès, les efforts particuliers fournis dans le domaine par le royaume aussi puisque, selon Ali Fassi Fihri, d’ici fin 2007, toutes les villes seront approvisionnées en eau potable ainsi que le monde rural: 90% des Marocains devraient disposer d’eau potable dans leurs foyers. «Concernant l’assainissement liquide, explique le directeur général de l’ONEP, beaucoup de réformes sont faites et des chantiers sont ouverts, mais le Maroc accuse encore un grand retard dans ses projets», mais ce pays d’Afrique du Nord n’est pas le seul à accuser ce retard.
Sciences, réflexion et solidarité
Les huit thèmes principalement traités seront: exploitation des systèmes relatifs à l’eau potable et aux eaux usées; innovation dans les processus de traitement des eaux usées; innovation dans les systèmes d’approvisionnement en eau : utilisation, recyclage et efficacité ; innovation dans le traitement de l’eau portable ; ressources hydriques intégrées et gestion des bassins versants ; gestion stratégique des infrastructures ; gestion de l’entreprise ; eau et santé. Mais d’autres thèmes, spécifiques aux pays africains et aux pays du Moyen-Orient et Afrique du Nord, seront également abordés. Par ailleurs, parallèlement aux travaux scientifiques, l’enceinte du Palais des congrès offre une surface de 2 000 mètres carrés pour l’exposition de matériels et de services.
Le problème de l’accès à l’eau et de son partage sur l’ensemble de la planète est un problème majeur. «La guerre de l’eau aura-t-elle lieu», titrait récemment un quotidien national. Des statistiques fournies par le Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP) démontrent qu'un foyer de pays développés consomme, en moyenne, 10 fois plus d'eau douce qu'un foyer de pays en développement, au moment où 80 pays qui représentent à l'heure actuelle 40 % de la population mondiale, connaissent de graves pénuries d'eau. Or, à cet égard, certains experts onusiens estiment que si l'eau soulève un grand problème, ce n'est pas parce que la planète dans sa globalité en manque, mais parce que cette richesse est mal répartie: souvent surconsommée par certains, elle demeure inaccessible pour d'autres, voire même mal utilisée et de plus en plus polluée. Bref, il est urgent de réfléchir ensemble, de partager des savoir-faire, et d'adopter une attitude responsable face à la consommation d'une matière première de plus en plus précieuse.
La prochaine édition du Congrès international de l'Eau aura lieu à Pékin, en Chine.
par Dominique Raizon
Article publié le 18/09/2004 Dernière mise à jour le 19/09/2004 à 08:32 TU