Environnement
Eau : attention ressource en danger
L’eau n’est pas une ressource inépuisable. Et selon les spécialistes, la menace de pénurie pourrait devenir bien réelle dans les prochaines années puisque la demande croît en même temps que la population mondiale augmente et que le rythme de consommation est déjà très élevé par rapport aux ressources hydriques disponibles. Les inégalités flagrantes entre les zones qui disposent de réserves importantes et celles qui manquent d’eau, vont ainsi s’accentuer. Dans ce contexte de «crise», plus de quinze mille spécialistes de la question, venus des cinq continents, vont s’intéresser à la problématique de la gestion de cette ressource indispensable à la vie lors du Forum mondial de l’eau, organisé à Kyoto, au Japon, du 16 au 23 mars.
Dans le «triangle de la soif», on sait déjà ce que c’est que de manquer d’eau. Dans cette zone qui va du Maroc au Pakistan, en descendant jusqu’à la corne de l’Afrique, le «stress hydrique» est important. Le rapport entre les prélèvements exercés pour satisfaire les activités humaines (alimentation, agriculture, industrie) et les ressources renouvelables se situe à la limite du seuil acceptable. En 1995, on estimait qu’environ deux milliards de personnes dans le monde étaient concernées par cette situation. En 2025, elles devraient être 4 milliards.
Cette tendance à l’élargissement de la zone de pénurie avérée ou potentielle a été confirmée récemment par Koïchiro Matsuura, le directeur général de l’Unesco : «Au cours des vingt prochaines années, on s’attend à une diminution d’un tiers, en moyenne, de l’eau disponible par personne dans le monde». Les estimations chiffrées sont pessimistes. Elles annoncent que d’ici 2050, entre deux et sept milliards d’habitants de 48 à 60 pays différents seront directement concernés par la pénurie d’eau.
Gaspillage et recyclage
On assiste à un engrenage infernal. L’homme consomme de plus en plus d’eau au fil des années. En 50 ans, la consommation a ainsi presque doublé. C’est l’agriculture qui utilise les plus grandes quantités d’eau. Soixante-dix pour cent des prélèvements effectués dans le monde servent à l’irrigation. Dans certaines zones arides, on atteint même 90 %. Si l’activité agricole consomme beaucoup d’eau, elle en gâche aussi énormément (environ 60 % de ce qui est utilisé pour l’irrigation). C’est pour cette raison que l’amélioration des pratiques et des techniques agricoles fait partie des moyens d’économiser l’eau. Selon une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, une amélioration de la productivité de l’eau de 1 % par an permettrait de fournir de l’eau potable à 150 personnes pour la même durée.
Bien sûr, certains consomment beaucoup plus que d’autres et les moyennes en ce qui concerne les données sur l’eau agissent un peu comme l’arbre qui cache la forêt. Un enfant d’un pays développé utilise de 30 à 50 fois plus d’eau qu’un enfant d’un pays en développement. Un Américain ou un Japonais consomme chaque jour 350 litres d’eau pour boire, prendre sa douche, arroser son jardin ou laver sa voiture. Un Européen en consomme 200 litres. Et un Africain de 10 à 20 litres…
L’eau est une ressource vitale mais très mal partagée. C’est pour cette raison qu’un débat est engagé pour savoir s’il ne faut pas faire avec l’eau ce que l’on fait avec le pétrole : pomper les nappes souterraines profondes et opérer des transferts des zones bien loties vers celles qui souffrent de pénurie. Au risque, dans le premier cas, de rompre certains équilibres écologiques et de mettre en péril le renouvellement des ressources en eau potable.
L’avenir de l’eau passe par une meilleure gestion des ressources, et donc par une chasse au gaspillage. Dans ce domaine, des progrès importants peuvent être réalisés en matière de recyclage notamment. Car pour le moment, il y a très peu d’expériences de traitement des eaux usées pour les rendre propres à la consommation humaine. C’est certainement pour cette raison qu’une initiative de ce type prise récemment par le gouvernement de Singapour a provoqué la méfiance de la population. Pour éviter de se retrouver du jour au lendemain privé d’eau, ce petit Etat dont l’approvisionnement dépend d’accords coûteux avec la Malaisie, a décidé de lancer un programme de purification des eaux usées (toilettes, machine à laver…) pour en faire une source complémentaire d’eau potable. Singapour fait, en effet, partie des pays les plus pauvres en eau du monde. Il se situe au 170e rang sur 180 dans le classement des pays suivant leurs ressources en eau renouvelable par habitant. Au-delà des réticences manifestées par les consommateurs lorsqu’on leur propose de retrouver dans leur verre l’eau du lave-vaisselle, la généralisation du recyclage des eaux usées se heurte à d’autres types de blocages. Il nécessite des techniques de pointes et des investissements importants qui ne sont de toute manière pas à la portée des pays les plus pauvres qui souffrent de pénurie.
Ecouter également :
Loïc Fauchon gouverneur du conseil mondial de l'eau
15/03/2003, 19'27
Cette tendance à l’élargissement de la zone de pénurie avérée ou potentielle a été confirmée récemment par Koïchiro Matsuura, le directeur général de l’Unesco : «Au cours des vingt prochaines années, on s’attend à une diminution d’un tiers, en moyenne, de l’eau disponible par personne dans le monde». Les estimations chiffrées sont pessimistes. Elles annoncent que d’ici 2050, entre deux et sept milliards d’habitants de 48 à 60 pays différents seront directement concernés par la pénurie d’eau.
Gaspillage et recyclage
On assiste à un engrenage infernal. L’homme consomme de plus en plus d’eau au fil des années. En 50 ans, la consommation a ainsi presque doublé. C’est l’agriculture qui utilise les plus grandes quantités d’eau. Soixante-dix pour cent des prélèvements effectués dans le monde servent à l’irrigation. Dans certaines zones arides, on atteint même 90 %. Si l’activité agricole consomme beaucoup d’eau, elle en gâche aussi énormément (environ 60 % de ce qui est utilisé pour l’irrigation). C’est pour cette raison que l’amélioration des pratiques et des techniques agricoles fait partie des moyens d’économiser l’eau. Selon une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, une amélioration de la productivité de l’eau de 1 % par an permettrait de fournir de l’eau potable à 150 personnes pour la même durée.
Bien sûr, certains consomment beaucoup plus que d’autres et les moyennes en ce qui concerne les données sur l’eau agissent un peu comme l’arbre qui cache la forêt. Un enfant d’un pays développé utilise de 30 à 50 fois plus d’eau qu’un enfant d’un pays en développement. Un Américain ou un Japonais consomme chaque jour 350 litres d’eau pour boire, prendre sa douche, arroser son jardin ou laver sa voiture. Un Européen en consomme 200 litres. Et un Africain de 10 à 20 litres…
L’eau est une ressource vitale mais très mal partagée. C’est pour cette raison qu’un débat est engagé pour savoir s’il ne faut pas faire avec l’eau ce que l’on fait avec le pétrole : pomper les nappes souterraines profondes et opérer des transferts des zones bien loties vers celles qui souffrent de pénurie. Au risque, dans le premier cas, de rompre certains équilibres écologiques et de mettre en péril le renouvellement des ressources en eau potable.
L’avenir de l’eau passe par une meilleure gestion des ressources, et donc par une chasse au gaspillage. Dans ce domaine, des progrès importants peuvent être réalisés en matière de recyclage notamment. Car pour le moment, il y a très peu d’expériences de traitement des eaux usées pour les rendre propres à la consommation humaine. C’est certainement pour cette raison qu’une initiative de ce type prise récemment par le gouvernement de Singapour a provoqué la méfiance de la population. Pour éviter de se retrouver du jour au lendemain privé d’eau, ce petit Etat dont l’approvisionnement dépend d’accords coûteux avec la Malaisie, a décidé de lancer un programme de purification des eaux usées (toilettes, machine à laver…) pour en faire une source complémentaire d’eau potable. Singapour fait, en effet, partie des pays les plus pauvres en eau du monde. Il se situe au 170e rang sur 180 dans le classement des pays suivant leurs ressources en eau renouvelable par habitant. Au-delà des réticences manifestées par les consommateurs lorsqu’on leur propose de retrouver dans leur verre l’eau du lave-vaisselle, la généralisation du recyclage des eaux usées se heurte à d’autres types de blocages. Il nécessite des techniques de pointes et des investissements importants qui ne sont de toute manière pas à la portée des pays les plus pauvres qui souffrent de pénurie.
Ecouter également :
Loïc Fauchon gouverneur du conseil mondial de l'eau
15/03/2003, 19'27
par Valérie Gas
Article publié le 15/03/2003