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Liban

Attentat contre un ministre proche de Joumblatt

Le véhicule de Marwan Hamadé, ministre démissionnaire de l’Economie après l'attentat à la voiture piégée à Beyrouth. Son chauffeur a été tué sur le coup. 

		(Photo : AFP)
Le véhicule de Marwan Hamadé, ministre démissionnaire de l’Economie après l'attentat à la voiture piégée à Beyrouth. Son chauffeur a été tué sur le coup.
(Photo : AFP)
Marwan Hamadé, ministre démissionnaire de l’Economie et principal collaborateur du chef druze Walid Joumblatt, a été victime d’une attaque à la voiture piégée à Beyrouth. L’attentat intervient alors que le Liban traverse une des plus graves crises politiques depuis la fin de la guerre, en 1990. 
De notre correspondant à Beyrouth

Blessé au visage et aux jambes, Marwan Hamadé a été transporté à l’Hôpital américain de Beyrouth. Sa vie n’est pas en danger. Son chauffeur a été tué sur le coup et son garde du corps grièvement blessé. Quatre passants qui se trouvaient près du lieu de l’explosion ont également été atteints de débris et d’éclats.

Selon les premiers éléments de l’enquête, la bombe, placée dans une voiture garée sur le côté de la route qu’empruntait la voiture de Marwan Hamadé, sur la corniche du bord de mer, a été actionnée par télécommande. Le souffle de l’explosion a détruit trois voitures dont celle de Hamadé, qui était pourtant blindée.

Cet attentat, le premier contre un homme politique de ce calibre depuis l’assassinat, en janvier 2002, de l’ancien ministre et chef de guerre chrétien Elie Hobeika, intervient dans un contexte bien particulier. La prorogation pour trois ans, sous pression syrienne, du mandat du président Emile Lahoud a provoqué une crise politique, la plus grave depuis la fin de la guerre civile, en 1990.

Tensions internes, pressions externes

Ainsi, une partie de la classe politique libanaise, y compris de proches alliés de Damas, s’est opposée au maintien de Lahoud au pouvoir, bien que la Syrie ait clairement appuyé cette option. Le chef druze Walid Joumblatt est le fer de lance de ce mouvement de contestation du choix syrien. Son bloc parlementaire fort de 18 membres a voté contre l’amendement de la Constitution permettant la prolongation du mandat présidentiel. Et au lendemain de la prorogation, ses trois représentants au gouvernement, dont Marwan Hamadé, ont présenté leur démission en signe de protestation.

Le Premier ministre, Rafic Hariri, était aussi farouchement opposé au maintien de Lahoud au pouvoir. Il devait finalement céder aux pressions syriennes. Mais entre-temps, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 1559, appelant indirectement à l’élection d’un nouveau président et exigeant le retrait des troupes étrangères du Liban (comprendre syriennes) et le désarmement des milices libanaises (Hezbollah) et non libanaises (palestiniennes). Damas soupçonne Rafic Hariri de n’être pas intervenu assez efficacement auprès de Jacques Chirac pour atténuer le ton de cette résolution. Certains journaux proches de la Syrie l’accusent carrément d’avoir encouragé l’adoption de ce texte par le Conseil de sécurité à l’initiative de Paris et de Washington. Quoi qu’il en soit, Marwan Hamadé est en même temps un des principaux lieutenants de Walid Joumblatt et un ami de longue date de Rafic Hariri.

Cet attentat survient donc dans un contexte de tensions politiques internes et de pressions internationales exercées aussi bien contre le Liban que la Syrie. Il intervient aussi au lendemain d’un entretien à l’Élysée entre Rafic Hariri et Jacques Chirac. Une rencontre au cours de laquelle le Premier ministre libanais n’a pas réussi à convaincre son interlocuteur de faire preuve de plus de flexibilité envers Beyrouth et Damas. Surtout que la Syrie a fait un geste de bonne volonté en retirant 3 000 des 18 000 soldats déployés au Liban. Mais Jacques Chirac est resté ferme: la résolution 1559 doit être appliquée intégralement.

Enfin, l’attentat contre Hamadé s’est produit à quelques heures du rapport du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, sur l’application par le Liban et la Syrie la 1559.



par Paul  Khalifeh

Article publié le 01/10/2004 Dernière mise à jour le 01/10/2004 à 12:19 TU