Liban
Joumblatt «persona non grata» en Syrie
Damas a fait savoir que le leader druze et ses amis politiques n'étaient plus les bienvenus en Syrie. Walid Joumblatt avait osé demander publiquement un rééquilibrage des rapports entre Beyrouth et Damas et un retrait graduel des soldats syriens du territoire libanais.
Le divorce est consommé entre le leader druze libanais Walid Joumblatt et la Syrie. Le chef du Parti socialiste, qui prône un rééquilibrage des relations entre Damas et Beyrouth et un retrait graduel des troupes syriennes, a reçu une sévère mise en garde: Joumblatt et tous les membres de son bloc parlementaire, dont trois ministres, sont désormais indésirables en Syrie. Ils peuvent s'y rendre en tant que «citoyens ordinaires» mais ne seront plus reçus par des officiels syriens et ne bénéficieront plus des facilités et des privilèges accordés par les autorités damascènes à leurs «amis» libanais.
Cette affaire aurait été banale si l'interdiction d'entrée en territoire syrien n'avait été couplée d'une accusation d'»affinités pro-israéliennes» lancée contre M. Joumblatt, qui fut un des principaux alliés de Damas pendant la guerre libanaise (1975-1990). «L'entrée de la Syrie est interdite à celui qui désire servir Israël, et celui qui veut être avec l'Etat hébreu ne peut être (dans le même temps) avec la Syrie», précise la mise en garde.
La première réaction du chef druze a été d'annuler une rencontre-débat avec des étudiants de l'Université Saint-Joseph et une interview qu'il devait accorder à une télévision locale. Prétexte avancé: «Le terrorisme politique et culturel que l'on tente d'imposer au Liban.» M. Joumblatt a ensuite observé un profond silence, alors que des médiateurs tentaient, en vain, de désamorcer cette crise, la plus grave depuis que l'ancien seigneur de la guerre a succédé à son père Kamal à la tête du Parti socialiste. Un père assassiné en 1977à après une rencontre houleuse avec l'ancien président syrien Hafez el-Assad.
La nervosité des autorités syriennes
L'affaire Joumblatt est le dernier épisode d'un processus de repositionnement des forces politiques libanaises, enclenché au lendemain du décès de Hafez el-Assad et à la veille des élections législatives de cet été, au Liban. Un repositionnement marqué par une spectaculaire ouverture du chef druze sur les chrétiens, les ennemis d'hier devenus les alliés d'aujourd'hui. Après avoir pris sur ses listes électorales des candidats proches de l'opposition chrétienne, Joumblatt a prôné une «véritable réconciliation nationale», appuyant un communiqué de l'Eglise maronite appelant au retrait des troupes syriennes. Mais son intervention, lundi dernier au Parlement, est la goutte qui a fait déborder le vase. Dans un discours retransmis en direct par les télévisions, Joumblatt a remis en question les relations entre le Liban et la Syrie, plaidant pour un rééquilibrage des rapports et un redéploiement des troupes syriennes, conformément à l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre.
La réponse de Damas ne s'est pas fait attendre. Quelques heures plus tard, un député de la branche libanaise du parti Baas au pouvoir en Syrie s'est déchaîné contre Joumblatt à la même tribune. Il l'a accusé de collusion avec Israël, fouillant son passé pour ressortir une réunion qu'il a eue, en 1982, avec Shimon Peres. Le lendemain, le chef druze était déclaré «persona non grata» en Syrie.
La réaction particulièrement violente de Damas dénote une nervosité des autorités syriennes. Celles-ci toléraient les critiques tant qu'elles émanaient de personnalités chrétiennes sans influence réelle sur le terrain. Mais lorsque des chefs musulmans, en l'occurrence Walid Joumblatt, se mettent de la partie, les choses deviennent graves. Et c'est pour étouffer dans l'£uf une éventuelle généralisation à l'ensemble de la classe politique d'un vent de révolte contre la mainmise syrienne que Damas a haussé le tonà
Cette affaire aurait été banale si l'interdiction d'entrée en territoire syrien n'avait été couplée d'une accusation d'»affinités pro-israéliennes» lancée contre M. Joumblatt, qui fut un des principaux alliés de Damas pendant la guerre libanaise (1975-1990). «L'entrée de la Syrie est interdite à celui qui désire servir Israël, et celui qui veut être avec l'Etat hébreu ne peut être (dans le même temps) avec la Syrie», précise la mise en garde.
La première réaction du chef druze a été d'annuler une rencontre-débat avec des étudiants de l'Université Saint-Joseph et une interview qu'il devait accorder à une télévision locale. Prétexte avancé: «Le terrorisme politique et culturel que l'on tente d'imposer au Liban.» M. Joumblatt a ensuite observé un profond silence, alors que des médiateurs tentaient, en vain, de désamorcer cette crise, la plus grave depuis que l'ancien seigneur de la guerre a succédé à son père Kamal à la tête du Parti socialiste. Un père assassiné en 1977à après une rencontre houleuse avec l'ancien président syrien Hafez el-Assad.
La nervosité des autorités syriennes
L'affaire Joumblatt est le dernier épisode d'un processus de repositionnement des forces politiques libanaises, enclenché au lendemain du décès de Hafez el-Assad et à la veille des élections législatives de cet été, au Liban. Un repositionnement marqué par une spectaculaire ouverture du chef druze sur les chrétiens, les ennemis d'hier devenus les alliés d'aujourd'hui. Après avoir pris sur ses listes électorales des candidats proches de l'opposition chrétienne, Joumblatt a prôné une «véritable réconciliation nationale», appuyant un communiqué de l'Eglise maronite appelant au retrait des troupes syriennes. Mais son intervention, lundi dernier au Parlement, est la goutte qui a fait déborder le vase. Dans un discours retransmis en direct par les télévisions, Joumblatt a remis en question les relations entre le Liban et la Syrie, plaidant pour un rééquilibrage des rapports et un redéploiement des troupes syriennes, conformément à l'accord de Taëf qui a mis fin à la guerre.
La réponse de Damas ne s'est pas fait attendre. Quelques heures plus tard, un député de la branche libanaise du parti Baas au pouvoir en Syrie s'est déchaîné contre Joumblatt à la même tribune. Il l'a accusé de collusion avec Israël, fouillant son passé pour ressortir une réunion qu'il a eue, en 1982, avec Shimon Peres. Le lendemain, le chef druze était déclaré «persona non grata» en Syrie.
La réaction particulièrement violente de Damas dénote une nervosité des autorités syriennes. Celles-ci toléraient les critiques tant qu'elles émanaient de personnalités chrétiennes sans influence réelle sur le terrain. Mais lorsque des chefs musulmans, en l'occurrence Walid Joumblatt, se mettent de la partie, les choses deviennent graves. Et c'est pour étouffer dans l'£uf une éventuelle généralisation à l'ensemble de la classe politique d'un vent de révolte contre la mainmise syrienne que Damas a haussé le tonà
par Paul Khalifeh
Article publié le 08/11/2000