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Liban

Beyrouth fait de la résistance

Malgré le compromis adopté au Conseil de sécurité sur l'insistance de la Russie, le gouvernement libanais persiste à considérer que l'armée israélienne ne s'est pas entièrement retirée du Liban.
Il avait fallu plus de quinze heures de délibérations au Conseil de sécurité pour sortir de l'impasse. finalement, dans la soirée du dimanche 18 juin, le Conseil a bien entériné le rapport du secrétaire général attestant que le retrait israélien était conforme à la résolution 425. A la demande du représentant russe, une clause a été rajoutée précisant que le Conseil de sécurité «prenait note avec inquiétude d'informations faisant état de violations qui se sont produites depuis le 16 juin 2000». Cette clause, prenant en compte les réticences libanaises, était censée lever les objections de Beyrouth. Dans la foulée, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a décroché son téléphone pour auprès du chef du gouvernement israélien, Ehoud Barak, sur «la nécessité pour chacun de respecter la ligne» de retrait tracée par l'ONU.

Lundi matin, au Caire, Kofi Annan a même affirmé que si les Israéliens traversent la ligne, cela constituerait une violation et que l'ONU s'efforcerait de faire reculer les Israéliens. Quelques jours auparavant, pourtant, ce sont les soldats israéliens qui ont tiré une salve d'avertissement au-dessus de la tête des Casques bleus qui tentaient de pénétrer dans le village d'Abassiyeh afin de vérifier la réalité du retrait des troupes israéliennes.

Quoi qu'il en soit, à son arrivée à Beyrouth ce lundi à la mi-journée, le secrétaire général des Nations Unies a tenu à rassurer ses hôtes en indiquant que les Casques bleus de la FINUL étaient en train de vérifier les éventuelles violations par Israël de la ligne bleue. Le gouvernement libanais, qui insiste sur la notion de frontière internationale, distincte de celle de «ligne de retrait» estime qu'Israël empiète encore en treize endroits sur le territoire du Liban, dix violations concernant la «ligne bleue» et trois autres la frontière proprement dite, représentant au total plusieurs centaines de mètres carrés.

Mais les gestes de Kofi Annan n'ont pas entraîné de la part de ses interlocuteurs les assouplissements escomptés. Reçu au palais de Baabda par le président Emile Lahoud, Kofi Annan a entendu de celui-ci un langage particulièrement ferme: pour le président libanais, «le maintien des empiètements signifie que le retrait israélien n'est pas complet (à) L'élimination des empiètements est une étape nécessaire avant tout changement au déploiement actuel dans les régions libérées».

Pour le premier ministre israélien, englué dans une crise politique qui décidera de l'avenir de son gouvernement, il n'est pas sûr que le sujet soit désormais une priorité. Quant au gouvernement libanais, qui affiche aujourd'hui sa fermeté, le quiproquo actuel ne présente pas que des inconvénients: en différant sa reconnaissance du retrait israélien, il diffère d'autant le désarmement du Hezbollah qui s'annonce problématique pour les autorités de Beyrouth.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 19/06/2000