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Liban

L'ONU fixe la «ligne bleue»

L'envoyé spécial de l'ONU, Terje Roed-Larsen, et son équipe de cartographes de l'ONU ont terminé de délimiter la ligne derrière laquelle les troupes israéliennes devront se trouver pour que leur retrait du Liban sud soit déclaré conforme à la résolution 425.
Deux semaines après le retrait des troupes israéliennes du Liban, l'ONU constate que l'Etat hébreu s'est bien conformé, vingt-deux ans ans après son adoption par le Conseil de sécurité, à la résolution 425 qui exigeait un retrait «sans délai» du Sud Liban. Ce constat ne s'est pas fait sans mal. Il a exigé d'intenses consultations de Terje Roed-Larsen avec les gouvernements d'Israël, du Liban et de la Syrie. Il lui a fallu notamment régler l'épineux dossier des fermes de Chebaa, revendiquées par le Liban, mais prises en 1967 par Israël à la Syrie. Cette ligne est donc tracée. Il ne s'agit pas, souligne-t-on à l'ONU, d'une frontière qui reste à déterminer entre les Etats intéressés, à savoir le Liban et Israël.

Désormais que l'ONU a déterminé cette «ligne bleue», les casques bleus de la Finul vont pouvoir se déployer dans l'ex-zone occupée. Depuis le départ des forces israéliennes, la France, qui a constamment répété sa disponibilité à contribuer à un renforcement de son contingent au sein de la FINUL dans le cadre d'un retrait négocié, n'a cessé en revanche de demander au préalable des garanties de sécurité. Paris s'irrite en particulier du fait que l'armée libanaise tarde à se déployer dans les zones évacuées par l'armée israélienne, abandonnant de fait le terrain au Hezbollah. Le «Parti de Dieu», qui a géré sa victoire en évitant tout débordement, entend désormais monnayer politiquement son succès que personne, dans la classe politique libanaise, ne songe à lui disputer. La Syrie semble ne pas s'être tout à fait résignée à abandonner la carte que représentait pour elle le Hezbollah au Liban Sud.

En attendant, depuis le départ des soldats israéliens, des voix commencent à s'élever au Liban même pour demander que la Syrie suive l'exemple d'Israël. Dans un entretien publié le 6 juin par le quotidien français La Croix, le patriarche maronite, Mgr Sfeir, se demande dans quelle mesure le gouvernement libanais peut se prononcer sur le retrait des quelque 30 000 soldats syriens dans la mesure où «il a été lui-même mis en place avec l'intervention de la Syrie». La semaine précédente, le président Lahoud, directement visé par le cardinal Sfeir, affirmait que les soldats syriens au Liban étaient des alliés qui partiraient lorsque le gouvernement libanais le jugeraient «utile».

Au fond, tout se passe comme si l'Etat libanais craignait désormais de jouir pleinement de sa souveraineté retrouvée sur le sud du pays, un scénario auquel il a refusé de croire jusqu'à la dernière minute et dont il n'a rien maîtrisé.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 06/06/2000