Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Liban

France : être présent mais comment ?

La France s'est engagée à renforcer sa présence au Liban sud. Elle doit maintenant tenir sa parole, malgré la précipitation du retrait israélien. Une mission risquée que Paris veut entourer de toutes les garanties.
La participation de la France à un éventuel renforcement de la force de l'ONU au Liban sud est une «mission dangereuse», a affirmé Alain Richard, le ministre français de la Défense s'exprimant sur RFI le lundi 22 mai. Selon lui, le péril est double. Pour les Casques bleus d'abord, qui «peuvent être pris à partie par des gens extrêmement violents à plusieurs endroits». La France a encore en mémoire l'attentat contre le camp du Drakkar, qui avait coûté la vie à 58 de ses parachutistes, en octobre 1983 à Beyrouth. Pour la communauté internationale ensuite, qui serait «discréditée» si elle ne parvenait pas à faire progresser la paix dans cette région.

Autant dire que la participation française est étudiée à Paris avec la plus grande prudence, et avec un certain embarras. Prudence, comme en témoignent les contacts téléphoniques que multiplie Jacques Chirac avec les principaux protagonistes. Le président français a joint récemment son homologue libanais Emile Lahoud, le président syrien Hafez el-Assad, le Premier ministre israélien Ehoud Barak, et le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. La France, qui a déjà 250 Casques bleus sur place, veut obtenir des «garanties» avant d'envoyer de nouveaux soldats. Jacques Chirac a notamment fait savoir à Kofi Annan qu'il souhaite qu'Israël, le Liban et la Syrie s'engagent sur les conditions de sécurité au Liban sud. L'Elysée demande également «un plein soutien» et «un mandat clair» de la part du Conseil de sécurité de l'ONU. Ces exigences françaises sont d'autant plus justifiées que la précipitation du retrait israélien crée une situation particulièrement explosive.

Embarras, parce que la France a donné sa parole. Depuis longtemps, elle demande à jouer un rôle au Proche-Orient. Elle entend assumer, en particulier, ses responsabilités historiques à l'égard du Liban. A plusieurs reprises, les responsables français se sont déclarés prêts à participer aux arrangements de sécurité entourant le retrait de l'armée israélienne. Certes, il était prévu que ce retrait s'accompagne d'un accord entre Israël et la Syrie. Cet accord n'ayant pu être conclu, voilà la France contrainte, malgré tout, de prendre des risques. D'autant qu'à l'obligation morale de tenir ses promesses s'ajoutent des sollicitations internationales, notamment celles d'Israël et des Etats-Unis, lesquels n'enverront pas de soldats.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 23/05/2000