Proche-Orient
Bilan meurtrier pour Jours de pénitence
(Photo : AFP)
Le journal israélien Haaretz a révélé dans son édition de mardi que le cabinet israélien et l’Autorité palestinienne avaient entrepris des négociations dans le but de mettre fin à la vaste opération actuellement en cours dans le nord de la bande de Gaza et pour laquelle quelque 2 000 soldats de Tsahal ont été mobilisés et plus de 200 chars déployés. Des sources militaires ont en effet affirmé au quotidien que le contact avait été renoué lundi entre les deux parties à travers un intermédiaire –qui n’a pas été identifié– dont le rôle est d’obtenir l’engagement de l’Autorité palestinienne concernant un arrêt des tirs sur le territoire israélien des roquettes Qassam fabriquées par les activistes du Hamas. En échange le gouvernement d’Ariel Sharon s’engagerait à se retirer du secteur qu’il a réoccupé. Les discussions, croit savoir Haaretz, devraient se poursuivre durant les prochains jours. Officiellement, aucune annonce allant dans ce sens n’a cependant été faite. Un responsable israélien a au contraire mis en doute la capacité des services palestiniens à maîtriser les agissements du Hamas. Interrogé sur la réalité de ces pourparlers, le ministre palestinien chargé des Négociations, Saeb Erakat, a pour sa part affirmé «ne pas avoir eu connaissance de tels contacts». «La position de l’Autorité palestinienne n’a pas changé. Elle a constamment appelé Israël à reprendre immédiatement des négociations de paix et à dialoguer avec elle plutôt que de la détruire», a-t-il ajouté.
L’opération lancée la semaine dernière a pour finalité d’assurer le contrôle d’une zone de sécurité d’une dizaine de kilomètres carrés afin de mettre les villes israéliennes hors de portée des roquettes Qassam tirées par les radicaux palestiniens. Cette incursion de l’armée israélienne n’a toutefois pas empêché les activistes du Hamas de poursuivre leurs attaques et depuis le début de Jours de pénitence, pas moins d’une quinzaine de Qassam ont atteint le territoire israélien. Réuni en session d’urgence à Ramallah, le Conseil législatif palestinien a pourtant implicitement appelé les groupes armés à cesser de tirer des roquettes en direction d’Israël mais aussi des colonies. «Il faut cesser d’avoir recours à des moyens qui n’ont aucune valeur politique pour le peuple palestinien», ont notamment affirmé les députés. La veille, le Premier ministre, Ahmed Qoreï, avait lancé le même appel au nom de «l’intérêt du peuple palestinien». «J’appelle les organisations palestiniennes à ne pas donner de prétextes à Israël de poursuivre son agression», avait-il insisté.
Vote au Conseil de sécuritéLa dégradation de la situation dans la bande de Gaza a fait l’objet d’un débat de plusieurs heures au Conseil de sécurité des Nations unies après le dépôt par l’Algérie d’un projet de résolution au sujet duquel un vote a été programmé ce mardi. Présenté au nom du groupe arabe de l’ONU, le texte «exige la cessation immédiate de toutes les opérations militaires dans le nord de Gaza et le retrait des forces d'occupation israéliennes de cette zone». Il appelle également «Israël, puissance occupante, à assurer l'accès libre et la sécurité des personnels des Nations unies et appelle au respect de l'inviolabilité des installations de l'ONU sur le terrain, y compris de l'Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens». Les relations entre l’organisation internationale et le gouvernement d’Ariel Sharon qui n’ont jamais vraiment été très bonnes se sont brusquement tendues ces derniers jours, Israël accusant l’agence onusienne d’être «impliquée dans le terrorisme palestinien».
L’ambassadeur algérien à l’ONU, Abdallah Baali, dont le pays est à l’origine de ce projet de résolution a appelé les membres permanents du Conseil de sécurité à voter en faveur de ce texte. Selon lui, «il y va de la crédibilité de cet organe d'exiger d'Israël qu'il mette fin immédiatement aux opérations qu'il mène à Gaza». Il a notamment fait valoir que le Conseil, en adoptant, le mois dernier, une résolution exigeant le retrait de toutes les troupes étrangères du Liban avait agi «avec une célérité et une efficacité inaccoutumée alors même qu'il n'y avait aucune menace directe à la paix et à la sécurité internationales». Aujourd’hui que la situation au Proche-Orient est explosive, le diplomate algérien a dit espérer qu’une telle unanimité soit de nouveau de mise.
Sans doute un vœu pieu dans la mesure où l'ambassadeur américain, John Danforth, a vivement critiqué le projet de résolution soumis au vote, estimant qu'il s'agissait «d'un pas de plus sur la route de nulle part». Il s’en est également pris aux principaux organes de l’organisation internationale. «Au lieu de dire stop aux deux parties, l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité font la claque pour les Palestiniens», s’est-il indigné. Dans ce contexte, un veto des Etats-Unis est plus que probable même si le département d’Etat a récemment appelé Israël à «un maximum de retenue».
par Mounia Daoudi
Article publié le 05/10/2004 Dernière mise à jour le 05/10/2004 à 15:22 TU