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Proche-Orient

Le Hamas frappe à nouveau Israël

Le double attentat suicide contre deux bus a fait seize morts, outre ses deux auteurs, mardi à 
Beersheva dans le sud d'Israël. 

		(Photo : AFP)
Le double attentat suicide contre deux bus a fait seize morts, outre ses deux auteurs, mardi à Beersheva dans le sud d'Israël.
(Photo : AFP)
Après plusieurs semaines de trêve -la dernière attaque terroriste d’envergure contre Israël remonte au mois de mars dernier-, un double attentat suicide a ensanglanté mardi la ville de Beersheva dans le sud du pays, provoquant la mort d’au moins seize personnes outre les deux kamikazes. Plus de quatre-vingt autres personnes ont également été blessées, dont certaines grièvement dans cette attaque qui a visé deux autobus. Le mouvement radical palestinien Hamas a revendiqué ces attentats affirmant avoir agi pour venger la mort de deux de ses dirigeants liquidés par l’armée israélienne en mars et avril derniers. Ces attaques suicide ont immédiatement été condamnées par la communauté internationale.

Les deux kamikazes ont actionné leurs charges trois minutes après être montés à bord des deux autobus, à un arrêt situé près de la gare centrale de Beersheva. Les explosions quasi-simultanées sont intervenues près d’un centre commercial, non loin de la mairie de cette ville du sud du pays jusque-là épargnée par les attaques terroristes. L’un des autobus a été complètement détruit tandis que le second était en flamme à l’arrivée des secours. Le bilan de ce double attentat suicide –au moins dix-huit morts et plus de 80 blessés– est le plus meurtrier jamais commis en Israël depuis l’attaque suicide perpétrée par une Palestinienne en octobre 2003 dans un restaurant de Haïfa et qui avait fait 23 tués. Ce nouveau drame met un terme à une trêve de près de cinq mois dans les opérations de cette ampleur visant des civils israéliens. La dernière attaque d’envergure avait en effet eu lieu le 14 mars dernier lorsque deux kamikazes avaient provoqué la mort de dix personnes dans le port méridional d’Ashdod. Depuis une seule attaque avait été enregistrée avec l’explosion d’une bombe près d’un arrêt d’autobus de Tel Aviv qui avait coûté le 11 juillet la vie à une Israélienne.

L’attentat de Beersheva a très vite été revendiqué par le mouvement palestinien Hamas. Un tract de cette organisation radicale distribué à Hébron, à une cinquantaine de kilomètres du lieu de l’attaque, a en effet donné la paternité de cette double opération kamikaze à sa branche armée, qui avait à de nombreuses reprises déjà promis de venger la mort de son chef spirituel cheikh Ahmed Yassine et de son successeur Abdelaziz Rantissi, tous deux liquidés par l’armée israélienne. «Ce n’est que l’une des répliques que les Brigades Ezzedine al-Qassam se sont jurées d’opérer en riposte au martyre des dirigeants de notre mouvement», indique notamment le communiqué. «Vous vous trompez en pensant que l'assassinat de nos leaders entamera notre détermination à combattre» ajoute également le texte qui affirme en outre que le double attentat de Beersheva est un «cadeau» destiné aux nouveaux immigrants juifs qui s'installent en Israël. Dès l’annonce de cette double opération suicide, des militants du Hamas ont fêté à Gaza l’événement affirmant par haut-parleur qu’ils vengeaient la mort de leurs dirigeants liquidés en mars et avril derniers.

Condamnations internationales unanimes

L’Autorité palestinienne, la première, a dénoncé le double attentat de Beersheva. Le ministre chargé des Négociations, Saëb Erakat, a en effet «condamné les attaques qui visent les civils, qu'ils soient Israéliens ou Palestiniens». Il a appelé le Quartette, qui outre les Etats-Unis et la Russie regroupe l’Union européenne et les Nations unies, à «intervenir immédiatement pour faire appliquer la Feuille de route», le dernier plan de paix international sur le conflit israélo-palestinien. «La paix et la sécurité ne seront pas instaurées grâce aux murs, à la colonisation et aux assassinats mais à travers un processus de paix sérieux qui conduirait à la fin de l'occupation», a-t-il insisté. A Bruxelles, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, a lui aussi condamné «les attaques terroristes» et appelé à un arrêt de la violence tandis que le Conseil de l'Europe soulignait pour sa part que «la violence n'était  pas et ne sera jamais une réponse à quelque problème politique que ce soit» ajoutant que «la négociation et le dialogue sont les seuls moyens de progresser». La France et la Grande-Bretagne, toutes deux impliquées de longue date dans le processus de paix israélo-palestinien, ont également condamné avec «la plus grande fermeté» ce double attentat.

Côté israélien, l’heure est la préparation de la riposte. Le Premier ministre, Ariel Sharon, devait tenir en soirée des consultations sécuritaires dans cette optique. Peu après le double attentat suicide il a promis de poursuivre sans relâche «la lutte contre le terrorisme». «La lutte contre le terrorisme sera menée de toutes nos forces. C'est la politique du gouvernement et c'est ma politique», a-t-il insisté. Son ministre de la Sécurité intérieure, Tzahi Hanegbi, a pour sa part insisté sur la nécessité de poursuivre la construction de la très controversée «barrière de sécurité» érigée en Cisjordanie. «Là où la barrière existe, il n'y a pas de terrorisme», a-t-il notamment affirmé. 

Le double attentat de Beersheba risque de contrarier les efforts du Premier ministre israélien pour vaincre la résistance des durs de son parti, le Likoud, violemment opposés au plan de séparation unilatérale d’avec les Palestiniens qui prévoit l’évacuation de la bande de Gaza d’ici février prochain.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 31/08/2004 Dernière mise à jour le 31/08/2004 à 16:52 TU