Côte d'ivoire
L'ONU soutient l'action de la France
(Photo: AFP)
De notre correspondant à New York (Nations unies)
Le conseil de sécurité s’est réuni d’urgence hier soir, à la demande de la France, pour unanimement condamner «l’attaque commise contre les forces françaises», ainsi que «les frappes aériennes meurtrières menées dans le nord du pays» par l’armée ivoirienne. «Le Conseil de sécurité exprime son plein soutien à l’action menée par les forces françaises et l’Onuci (Opération des nations unies en Côte d’Ivoire)», ont déclaré les 15 membres du Conseil, qui par ailleurs ont confirmé que «les forces françaises et l’Onuci sont autorisées à faire usage de tous les moyens nécessaires à la pleine exécution de leur mandat, conformément à la résolution 1528» –en langage onusien, il s’agit d’un chèque en blanc pour utiliser la force, réclamé à la fois par Paris et par Kofi Annan, qui souhaitait un éclaircissement public du mandat ambigu des quelques 6 000 casques bleus déployés en Côte d’Ivoire.
Le Conseil confirme ainsi que «l’Onuci, dans la limite de ses capacités et de ses zones de déploiement, est autorisée à prévenir toute action hostile dans la zone de confiance». En clair, cela signifie que les soldats de l’ONU ont officiellement le droit d’ouvrir le feu de manière préventive, pour empêcher toute offensive dans la zone de confiance. Par ailleurs, le Conseil de sécurité déclare «son intention d’examiner rapidement les actions additionnelles, y compris les mesures individuelles à prendre» –une allusion transparente à des sanctions voulues par Paris. «On ne comprend rien à ce qui se passe» confiait un diplomate dans les couloirs de l’ONU, alors que les ambassadeurs, tirés de leur week-end, négociaient les derniers détails de leur réaction. «Nous visions les rebelles, pas les Français. Les Français sont nos amis» a déclaré à RFI l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’ONU, Philippe Djankonébi.
Après les condamnations, les sanctions
Les diplomates français devaient par ailleurs faire circuler dans la nuit un projet de résolution destiné à imposer, ou à menacer d’imposer, un embargo sur les armes pour la Côte d’Ivoire et une interdiction de décoller pour ce qu’il reste des avions militaires et des hélicoptères d’attaque ivoiriens. Ce projet pourrait rencontrer l’opposition de la Chine et de la Russie, traditionnellement hostiles à ce type de sanctions. Le texte devait également menacer de sanctions immédiates les individus qui font obstacle à l’application des accords de paix, ainsi que ceux qui s’opposent au processus de désarmement, ceux qui appellent à la reprise des hostilités, ou ceux qui se rendent coupables de violation des droits de l’homme. Ces individus, espèrent les auteurs du texte, se reconnaîtront, aussi bien dans les rangs gouvernementaux que dans ceux des Forces nouvelles. Ils risquent d’être frappés d’une interdiction de voyager et du gel de leurs avoirs. Beaucoup d’entre eux sont d’ailleurs cités dans un rapport accablant, réalisé par des enquêteurs du commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, et à paraître dans les jours qui viennent.
«Je crois qu’il est très important que le Conseil soit saisi de la situation en Côte d’Ivoire», a déclaré Kofi Annan sur les antennes de RFI. «Evidemment, nous espérons qu’on va pouvoir arrêter les détériorations de la situation et j’espère que toutes les parties vont respecter le cessez-le-feu qu’elles ont signé. Mais l’essentiel c’est d’appeler tout le monde au calme, pour qu’il n’y ait pas d’actions agressives, ni contre les Ivoiriens ni contre les étrangers. J’ai cru comprendre que le président venait de faire une déclaration encourageant la population à rester calme», a poursuivi le secrétaire général de l’ONU qui s’est entretenu à deux reprises hier avec le président Gbagbo dont il a reçu des assurances, ainsi qu’avec plusieurs dirigeants régionaux. «Il est important pour les forces françaises et pour les familles de ces neuf militaires français tués qu’ils sachent que le Conseil de sécurité soutient totalement l’action de l’opération Licorne qui est là pour aider les Nations unies et pour aider les Ivoiriens», a pour sa part déclaré à RFI Jean-Marc de la Sablière, ambassadeur de France à l’ONU. Les diplomates du Conseil devaient se retrouver le 7 novembre pour étudier les projets de sanction proposés par la France.
par Philippe Bolopion
Article publié le 07/11/2004 Dernière mise à jour le 08/11/2004 à 10:02 TU