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Etats-Unis

Bush II : la mission

George Bush réélu président des Etats-Unis promet de gagner la confiance des électeurs démocrates.  

		(Photo : AFP)
George Bush réélu président des Etats-Unis promet de gagner la confiance des électeurs démocrates.
(Photo : AFP)
Le président américain offre un ton plus conciliant et promet de gagner la confiance des électeurs démocrates. Passée la lune de miel, il risque pourtant de poursuivre le programme radical entamé il y a quatre ans. Son équipe sera modifiée à la marge, sans refléter un changement de philosophie.
De notre correspondant à New York

A quoi faut-il s’attendre ? Le nouveau gouvernement de George Bush s’attachera-t-il à réunir une Amérique profondément divisée par une campagne électorale particulièrement acrimonieuse ? Va-t-il tendre la main aux électeurs démocrates et « gagner leur confiance », comme il l’a promis ? Ou va-t-il au contraire poursuivre un programme radical, favorisant l’Amérique conservatrice et religieuse qui l’a élu ?

Simple constat : son premier mandat fut très partisan, alors même qu’il avait perdu le vote populaire et remporté une étroite victoire au sein du collège électoral. Il a cette fois remporté très largement le vote populaire : 51% contre 48% pour John Kerry. Sa majorité est renforcée au Congrès, à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat. Il va pouvoir consolider son avantage au sein de la Cour suprême en nommant de nouveaux juges conservateurs. « J’ai gagné du capital durant cette campagne, du capital politique, et j’ai maintenant l’intention de le dépenser », a-t-il déclaré, rayonnant de plaisir et plus confiant que jamais. Maintenant qu’il se sent investi « d’un mandat clair » de l’électorat, pourquoi s’embarrasserait-il de bonnes manières ? En dépit de déclarations rassurantes à l’égard des démocrates, rien n’indique que George Bush ait l’intention de changer de trajectoire. Au contraire. A l’intérieur, il semble déjà pressé de faire avancer un programme ambitieux de réforme des impôts et de la sécurité sociale tout en favorisant l’implication des organisations religieuses dans les œuvres caritatives.

Donald Rumsfeld s’accroche

La meilleure preuve en est que son cabinet ne changera qu’à la marge. L’une des principales inconnues porte sur le secrétaire d’État Colin Powell. On le disait depuis des mois fatigué par ses joutes avec les néoconservateurs et prêt à jeter l’éponge, peut-être pour reprendre les rênes de la Banque mondiale. Mais ses proches font désormais savoir qu’il pourrait rester à son poste encore quelques mois, ne serait-ce qu’en attendant le départ annoncé d’ici un an de Donald Rumsfeld, un ennemi devant lequel il ne veut pas donner l’impression de capituler. Si malgré tout il partait, il pourrait être remplacé par John Danforth, l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU. L’ancien sénateur républicain et pasteur épiscopalien est très apprécié de la droite religieuse, même si il est considéré comme un modéré, fin connaisseur du dossier soudanais (il a été envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan).

La conseillère à la sécurité nationale, Condoleeza Rice, faisant partie du premier cercle du président Bush, serait intéressée par le Pentagone, auquel Donald Rumsfeld semble toutefois s’accrocher, au moins pour quelques mois encore. Si elle n’obtient pas le poste, la conseillère reprendra sans doute une carrière universitaire. Son poste vacant suscite bien des convoitises, y compris celles de son adjoint, Stephen Hadley, et surtout celles de Paul Wolfowitz, prince des néoconservateurs et architecte de la guerre en Irak. Jusqu’à maintenant, en dépit des difficultés rencontrées en Irak, George Bush n’a désavoué aucuns des néocons. S’il promeut certains d’entre eux, cela réfutera la thèse évoquée par certains d’une pause de la politique étrangère américaine. Ses premières déclarations semblent indiquer qu’il entend bien, selon sa propre vision, continuer à « répandre la liberté » à travers le monde. Fort d’un soutien populaire clair, le président semble tenté d’aller plus loin, en poursuivant ses attaques préemptives, l’utilisation sans restreinte de la puissance américaine et la constitution de coalitions ad hoc. Un combat des réalistes contre les néoconservateurs au sein du parti républicain n’est toutefois pas impossible. La gestion du dossier iranien (diplomatie ou frappes militaires) sera sans doute un bon indicateur de l’inclination présidentielle.

Tom Ridge, le ministre de la sécurité intérieure pourrait également quitter son poste, mais on pourrait le retrouver ailleurs, peut-être à la tête du département de la justice que devrait quitter, pour raison de santé, le très radical John Ashcroft. Parmi les autres candidats à sa succession figurent John Danforth (qui satisferait les chrétiens conservateurs dont Ashcroft était le champion) ou Alberto Gonzales, le conseiller juridique de la Maison Blanche. Le siège de Ridge intéresse deux Républicains connus, Dan Coats, ambassadeur des États-Unis en Allemagne, et Marc Racicot, un des artisans de la réélection de George Bush. Le nom de Rudolf Giuliani, ancien maire de New York à la réputation d’homme de fer circule également. Mais peut-être est-il trop connu. On ne s’attend pas à ce que George Bush nomme des personnalités célèbres. La plupart de ses ministres sont relativement discrets, et leur rôle est uniquement de fournir une expertise technique et de mettre en œuvre des priorités édictées et pilotées par la Maison blanche. Les départs devraient s’étaler au cours des neuf prochains mois, car le président veut poursuivre son programme, ce qui serait plus difficile si les ministères étaient dirigés par des remplaçants, en attendant l’approbation du congrès pour les nouveaux membres.



par Philippe  Bolopion

Article publié le 08/11/2004 Dernière mise à jour le 08/11/2004 à 07:47 TU