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Economie

Nouveau record historique de l’euro

Depuis novembre 2002 le cours de l’euro a progressé de 30% par rapport au dollar. 

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Depuis novembre 2002 le cours de l’euro a progressé de 30% par rapport au dollar.
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Depuis sa création il y a près de six ans, l’euro n’a pas cessé de s’apprécier face au dollar pour atteindre cette semaine un niveau jamais égalé. Même si cette ascension montre la vitalité de la monnaie européenne, cette montée inquiète les Européens car elle a des inconvénients pour les économies du vieux continent.
Pour la première fois depuis son lancement le premier janvier 1999, l’euro a atteint mercredi le niveau record de 1,30 dollar avant de se replier. Dans la soirée, au cours d’une intervention télévisée, le premier ministre français a parlé « d’un vrai problème » provoqué par « la crise du dollar, l’effondrement du dollar ». La déclaration de Jean-Pierre Raffarin a été interprétée comme un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures « car le dollar est trop bas, cela ne correspond pas aujourd’hui à l’état des différentes économies », déclarait encore le chef du gouvernement français. Une intervention coordonnée pour faire baisser l’euro est même envisagée au niveau européen. Cette intervention aurait lieu dans le cadre du G7, comme à l’automne 2000, lorsque la Banque centrale européenne était intervenue sur le marché des changes pour acheter des euros et vendre des dollars alors que la monnaie européenne avait atteint son plus bas niveau historique. Après le seuil symbolique d’un euro pour 1,30 dollar américain atteint jeudi, Washington s’est défendu d’avoir modifié sa politique de change. Le secrétaire américain au Trésor, John Snow a affirmé que « la politique du dollar fort reste inchangée ».

Si l’euro est si fort, c’est surtout parce que le dollar est tombé à un niveau historiquement bas après l’annonce d’une nouvelle augmentation du déficit américain. Sur le marché des changes, les intervenants sont préoccupés par ce déficit record de la balance américaine. Il s’élève à 166,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2004. Ce déficit montre que les Etats-Unis importent beaucoup plus de biens étrangers qu’ils n’en exportent, même si les exportations américaines ont fait un bond inattendu en septembre. Certains économistes pensent que les Etats-Unis pourraient volontairement laisser le dollar s’affaiblir afin de résoudre ce déficit des comptes.

Pas d'intervention concertée des banques centrales 

Silvio Berlusconi s’est lui aussi publiquement inquiété de l’envol de l’euro face au dollar. Le chef du gouvernement italien a estimé que le maintien de l’euro au niveau actuel n’était pas soutenable. Il a fait également état de contacts avec la Banque centrale européenne (BCE) sans donner plus de précisions. Les analystes estiment cependant qu’il n’y aura pas d’intervention concertée des banques centrales pour calmer le cours de la monnaie européenne. « L’économie européenne est aujourd’hui en meilleure forme qu’au début de l’année et donc plus résistante », explique David Gilmore, du Foreign Exchange Analytics. Comme le premier ministre français, cet expert estime que la hausse de l’euro a tout de même un avantage, elle allège la facture pétrolière puisque le pétrole se paie en dollars. Cependant, « sur le moyen terme, la hausse des prix du pétrole a un effet négatif sur la croissance » a indiqué l’un des responsables de la BCE.

L’Allemagne a été classée en 2003 championne du monde des exportations par l’Organisation mondiale du commerce et pourrait bien garder ce titre en 2004. C’est donc avec un certain détachement que Berlin constate la montée de l’euro face au dollar. Le chancelier Gerhard Schroeder a ainsi estimé que la hausse de la monnaie unique n’était « pas dramatique » à en juger par la « forme brillante » des exportations allemandes. De janvier à fin septembre, l’Allemagne, première économie de la zone euro, a accumulé un excédent commercial de 120,8 milliards d’euros, grâce à son secteur industriel. Mais si l’euro continue à progresser dans les mois à venir et si la demande économique mondiale ralentit, la croissance allemande ne restera pas indemne puisqu’elle dépend totalement de ses exportations.

Sur cette même période de janvier à fin septembre, la France pour sa part enregistre un déficit de 3,289 milliards d’euros, le plus élevé depuis septembre 2001. Si la hausse de l’euro est quasiment sans effet en Allemagne, elle est particulièrement mal venue en France alors que les exportations repartent timidement. Paris pourrait donc souhaiter une intervention de la BCE. Un spécialiste estime que cette intervention devient probable quand un euro vaut 1,30 ou 1,40 USD.



par Colette  Thomas

Article publié le 11/11/2004 Dernière mise à jour le 11/11/2004 à 15:08 TU