Economie
Nouveau record historique de l’euro
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Si l’euro est si fort, c’est surtout parce que le dollar est tombé à un niveau historiquement bas après l’annonce d’une nouvelle augmentation du déficit américain. Sur le marché des changes, les intervenants sont préoccupés par ce déficit record de la balance américaine. Il s’élève à 166,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2004. Ce déficit montre que les Etats-Unis importent beaucoup plus de biens étrangers qu’ils n’en exportent, même si les exportations américaines ont fait un bond inattendu en septembre. Certains économistes pensent que les Etats-Unis pourraient volontairement laisser le dollar s’affaiblir afin de résoudre ce déficit des comptes.
Pas d'intervention concertée des banques centrales
Silvio Berlusconi s’est lui aussi publiquement inquiété de l’envol de l’euro face au dollar. Le chef du gouvernement italien a estimé que le maintien de l’euro au niveau actuel n’était pas soutenable. Il a fait également état de contacts avec la Banque centrale européenne (BCE) sans donner plus de précisions. Les analystes estiment cependant qu’il n’y aura pas d’intervention concertée des banques centrales pour calmer le cours de la monnaie européenne. « L’économie européenne est aujourd’hui en meilleure forme qu’au début de l’année et donc plus résistante », explique David Gilmore, du Foreign Exchange Analytics. Comme le premier ministre français, cet expert estime que la hausse de l’euro a tout de même un avantage, elle allège la facture pétrolière puisque le pétrole se paie en dollars. Cependant, « sur le moyen terme, la hausse des prix du pétrole a un effet négatif sur la croissance » a indiqué l’un des responsables de la BCE.
L’Allemagne a été classée en 2003 championne du monde des exportations par l’Organisation mondiale du commerce et pourrait bien garder ce titre en 2004. C’est donc avec un certain détachement que Berlin constate la montée de l’euro face au dollar. Le chancelier Gerhard Schroeder a ainsi estimé que la hausse de la monnaie unique n’était « pas dramatique » à en juger par la « forme brillante » des exportations allemandes. De janvier à fin septembre, l’Allemagne, première économie de la zone euro, a accumulé un excédent commercial de 120,8 milliards d’euros, grâce à son secteur industriel. Mais si l’euro continue à progresser dans les mois à venir et si la demande économique mondiale ralentit, la croissance allemande ne restera pas indemne puisqu’elle dépend totalement de ses exportations.
Sur cette même période de janvier à fin septembre, la France pour sa part enregistre un déficit de 3,289 milliards d’euros, le plus élevé depuis septembre 2001. Si la hausse de l’euro est quasiment sans effet en Allemagne, elle est particulièrement mal venue en France alors que les exportations repartent timidement. Paris pourrait donc souhaiter une intervention de la BCE. Un spécialiste estime que cette intervention devient probable quand un euro vaut 1,30 ou 1,40 USD.
par Colette Thomas
Article publié le 11/11/2004 Dernière mise à jour le 11/11/2004 à 15:08 TU