Monnaie unique européenne
Accord de façade à Boca Raton
Les ministres des Finances du G7 ont estimé samedi, à l’issue de deux jours de réunion, que la reprise économique risquait d’être mise en péril par des mouvements de change brutaux.
En surface, tout va bien : les ministres des Finances du G7 ont su trouver les mots pour affirmer leur dénonciation de la «volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de change» tandis que le secrétaire américain au Trésor John Snow réitérait son soutien à la politique du dollar fort.
Pour les Européens et les Japonais, dont les exportations souffrent de la chute de la devise américaine depuis plus d’un an, ce texte commun devrait apporter toute satisfaction. En réalité, ce sont les marchés qui, dès lundi, apporteront la réponse. Mais il y a tout lieu de penser que la principale conclusion à laquelle parviendront les cambistes est que rien n’a changé.
En effet, avec une constance digne d’éloge, le secrétaire au Trésor a accompagné chaque mouvement à la baisse du dollar d’un hommage à la politique du dollar fort, sans que cela change quoi que ce soit à la réalité des changes. Qui plus est, nombre de responsables de l’administration Bush, à laquelle appartient M. Snow, n’ont pas fait mystère de leur satisfaction de voir la barrière monétaire protéger les exportations américaines tout en freinant la concurrence de l’Europe et de l’Asie. C’était tout particulièrement manifeste lorsque le président Bush a dû, sous la pression de l’OMC et devant la menace de sanctions commerciales européennes, lever les taxes à l’importation d’acier. Mais à ce moment là, l’évolution des taux de changes avait à ce point renchéri l’acier importé et abaissé le prix à l’export de l’acier américain que l’effet de cette barrière non-tarifaire compensait largement les taxes imposées l’année précédente.
D’autre part, ce que critique le communiqué du G7 n’est pas tant le taux de change actuel euro/dollar ou yen/dollar que la volatilité de son évolution, qui «menace la croissance». En d’autres termes, les ministres des Finances sont d’accord non pour agir en faveur d’une hausse du dollar et d’une baisse de l’euro et du yen, mais pour éviter que leur cours respectif évolue de façon trop erratique. En outre, la responsabilité en la matière incombe non pas aux gouvernements, mais aux banques centrales. Or, en l’absence d’une coordination entre celles-ci, toute action sur les devises a toute chance d’être à la fois coûteuse en réserves et inefficace.
«Chaque mot a été pesé au trébuchet»
Pour sa part, le patron de la Fed, l’inamovible Alan Greenspan, n’a jusqu’à présent guère laissé percer d’appétence pour une telle opération combinée avec ses collègues banquiers centraux, même si il a récemment laissé entendre que le mouvement de baisse des taux pourrait s’infléchir, voire s’inverser. De ce point de vue, ses déclarations mercredi devant le Congrès auront probablement autant d’impact, sinon davantage, sur les marchés que la pauvre déclaration de Boca Raton.
Quant à Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, dont c’était le premier G7 à ce titre, il s’est empressé, au sortir de la réunion, d’indiquer qu’aucun des participants à la réunion n’avait appelé la BCE à changer sa politique monétaire, renvoyant les analystes au déchiffrement du sibyllin communiqué du G7 dont «le texte parle pour lui-même». Comme le dit Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, «chaque mot a été pesé au trébuchet, chaque virgule placée avec énormément de soin». Si l’accord avait été aussi parfait qu’on l’affirme aujourd’hui entre les ministres des Finances, aurait-on eu besoin de négocier ainsi mot après mot le communiqué final ?
Il faut espérer que les exégètes des salles de marché ne comprendront pas de travers les intentions calibrées au millimètre par les grands argentiers de la planète. Il est vrai que le communiqué publié en septembre à l’issue du G7 du Dubaï, loin d’atténuer le désordre des marchés, avait au contraire précipité la chute du dollar sur les marchés des changes.
Pour les Européens et les Japonais, dont les exportations souffrent de la chute de la devise américaine depuis plus d’un an, ce texte commun devrait apporter toute satisfaction. En réalité, ce sont les marchés qui, dès lundi, apporteront la réponse. Mais il y a tout lieu de penser que la principale conclusion à laquelle parviendront les cambistes est que rien n’a changé.
En effet, avec une constance digne d’éloge, le secrétaire au Trésor a accompagné chaque mouvement à la baisse du dollar d’un hommage à la politique du dollar fort, sans que cela change quoi que ce soit à la réalité des changes. Qui plus est, nombre de responsables de l’administration Bush, à laquelle appartient M. Snow, n’ont pas fait mystère de leur satisfaction de voir la barrière monétaire protéger les exportations américaines tout en freinant la concurrence de l’Europe et de l’Asie. C’était tout particulièrement manifeste lorsque le président Bush a dû, sous la pression de l’OMC et devant la menace de sanctions commerciales européennes, lever les taxes à l’importation d’acier. Mais à ce moment là, l’évolution des taux de changes avait à ce point renchéri l’acier importé et abaissé le prix à l’export de l’acier américain que l’effet de cette barrière non-tarifaire compensait largement les taxes imposées l’année précédente.
D’autre part, ce que critique le communiqué du G7 n’est pas tant le taux de change actuel euro/dollar ou yen/dollar que la volatilité de son évolution, qui «menace la croissance». En d’autres termes, les ministres des Finances sont d’accord non pour agir en faveur d’une hausse du dollar et d’une baisse de l’euro et du yen, mais pour éviter que leur cours respectif évolue de façon trop erratique. En outre, la responsabilité en la matière incombe non pas aux gouvernements, mais aux banques centrales. Or, en l’absence d’une coordination entre celles-ci, toute action sur les devises a toute chance d’être à la fois coûteuse en réserves et inefficace.
«Chaque mot a été pesé au trébuchet»
Pour sa part, le patron de la Fed, l’inamovible Alan Greenspan, n’a jusqu’à présent guère laissé percer d’appétence pour une telle opération combinée avec ses collègues banquiers centraux, même si il a récemment laissé entendre que le mouvement de baisse des taux pourrait s’infléchir, voire s’inverser. De ce point de vue, ses déclarations mercredi devant le Congrès auront probablement autant d’impact, sinon davantage, sur les marchés que la pauvre déclaration de Boca Raton.
Quant à Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, dont c’était le premier G7 à ce titre, il s’est empressé, au sortir de la réunion, d’indiquer qu’aucun des participants à la réunion n’avait appelé la BCE à changer sa politique monétaire, renvoyant les analystes au déchiffrement du sibyllin communiqué du G7 dont «le texte parle pour lui-même». Comme le dit Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, «chaque mot a été pesé au trébuchet, chaque virgule placée avec énormément de soin». Si l’accord avait été aussi parfait qu’on l’affirme aujourd’hui entre les ministres des Finances, aurait-on eu besoin de négocier ainsi mot après mot le communiqué final ?
Il faut espérer que les exégètes des salles de marché ne comprendront pas de travers les intentions calibrées au millimètre par les grands argentiers de la planète. Il est vrai que le communiqué publié en septembre à l’issue du G7 du Dubaï, loin d’atténuer le désordre des marchés, avait au contraire précipité la chute du dollar sur les marchés des changes.
par Olivier Da Lage
Article publié le 08/02/2004