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Monnaie unique européenne

Tous les records ne sont pas bons à battre

L’euro a atteint un nouveau record historique par rapport au dollar en raison de la défiance accrue des marchés sur la monnaie américaine. Mais tous les records ne sont pas bons à battre et cette situation n’est pas sans danger pour les pays de la zone euro qui, tels la France et l’Allemagne, espèrent une sortie prochaine de la crise.
La monnaie unique européenne a affiché son plus haut niveau depuis 1999 à 1,1979 dollar et des analystes vont jusqu’à prédire un taux de change euro-dollar à 1,22 ou même 1,25 dans les six mois à venir. Cette appréciation de la monnaie unique européenne ne tient pas tant à l’enthousiasme soudain des marchés des changes pour l’euro mais plutôt à une méfiance accrue envers le billet vert, en raison des décisions récentes de politique économique du gouvernement Bush et du déficit américain persistant.

Les fondamentaux de l’économie des Etats-Unis sont encourageants et, en tout état de cause, supérieurs à ceux du reste du monde industrialisé. La croissance américaine devrait atteindre 4,2% au dernier trimestre de 2003, après 7,2% au troisième trimestre, et une amélioration du marché de l’emploi est perceptible. Après un long tunnel de plusieurs mois l’économie américaine a créé 286 000 emplois depuis le mois d’août. Toutefois, plusieurs éléments jouent contre le dollar. L’ampleur des déficits publics suscite un mouvement de crainte chez les créanciers étrangers et les capitaux hésitent à venir s’y investir.

A ce mouvement de fond, car le problème du déficit américain n’est pas nouveau, le président Bush a ajouté la menace d’imposer des quotas sur les importations chinoises de textiles, ravivant le spectre du protectionnisme américain et d’éventuelles mesures de rétorsion de la part des pays victimes de ces restrictions. Déjà, la semaine dernière, l’Organisation mondiale du commerce a enjoint les États-Unis de renoncer à des surtaxes douanières sur les importations d’acier. Les experts n’excluent plus que la Maison-Blanche use de mesures peu conformes aux principes de la mondialisation du commerce mondial pour améliorer la situation de l’emploi aux Etats-Unis, avant l’élection présidentielle de 2004.

Risques pour la reprise en Europe

En ce qui concerne le niveau du dollar, le raisonnement est le même et l’hypothèse que Washington souhaite un affaiblissement du dollar pour stimuler les exportations, et ne fait donc rien pour y remédier, est de plus en plus souvent émise.

Voilà qui ne fait guère l’affaire des pays européens ni du Japon qui commencent à peine à envisager une sortie de crise et une reprise de la croissance. Un dollar faible, un euro fort jouent en défaveur des exportations européennes et cette situation pourrait réduire à néant les signes d’améliorations dans la zone euro. L’Allemagne sort enfin de la récession qu’elle traversait depuis la fin 2002. La petite reprise de 0,2% du PIB au deuxième trimestre s’explique par une remontée des exportations et un recul des importations, rétablissant un excédent commercial. Si l’euro venait contrecarrer cette tendance à la reprise, l’Allemagne aurait encore plus de difficultés à satisfaire aux exigences de la Commission européenne qui lui demande de ramener ses déficits publics dans les limites du pacte de stabilité en 2005 et de faire un effort accru dès 2004.

En France, on note une amélioration du climat des affaires dans l’industrie, et la Banque de France confirme un redémarrage progressif de l’activité, après un très mauvais milieu d’année. Les exportations se redressent et la persistance d’une monnaie forte ne serait pas sans conséquences sur la timide reprise d’une économie caractérisée par un chômage important.



par Francine  Quentin

Article publié le 19/11/2003