Monnaie unique européenne
Chirac isolé sur le Pacte de stabilité
Les partenaires européens de la France ont vivement rejeté la demande du président français d’assouplir «provisoirement» le Pacte de stabilité.
La première réaction est venue de Pedro Solbes, le commissaire européen aux Affaires économiques : le Pacte de stabilité «n’a pas besoin d’être modifié». Quelques heures plus tôt, dans les salons de l’Élysée, le président de la République avait saisi l’occasion de sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet pour souhaiter que les ministres de la zone euro «examinent ensemble les modalités provisoires d’assouplissement» du Pacte de stabilité qui soient «cohérentes avec l’impératif de stabilité et permettent de ne pas diminuer la croissance».
Justement, les ministres des Finances de l’Eurogroupe se réunissaient le soir même à Bruxelles et la déclaration du président français leur a fourni un sujet de discussion. Ou plutôt de mécontentement, car il ne s’est pas trouvé un seul Européen pour venir appuyer, même timidement, la suggestion française. Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, a d’ailleurs spectaculairement appuyé la position de Pedro Solbes, alors que l’Allemagne se trouve dans une situation comparable à celle de la France en matière de déficits. Plus grave, même et s’il se trouve en Allemagne des responsables pour espérer, comme les Français, un assouplissement des critères du Pacte, tel n’est pas le cas du grand argentier allemand qui se veut un gardien rigoureux de l’orthodoxie budgétaire.
Les autres pays qui, contrairement à la France et l’Allemagne, ont pris des mesures rigoureuses depuis déjà longtemps et qui ne sont donc pas en faute vis-à-vis des engagements pris, n’ont eu aucune indulgence pour le chef de l’État français : «Nous sommes le 14 juillet, le jour où la Bastille a été prise d’assaut, et maintenant c’est le pacte de stabilité qui est pris d’assaut», a grincé le ministre néerlandais des Finances.
France et Allemagne: la moitié de l’économie de la zone euro
Sur ce point au moins, nul ne peut reprocher à la France de manquer de constance. En 1996, lors de la négociation du Pacte de stabilité, Paris avait réussi à atténuer la demande allemande que les pays dont le déficit budgétaire dépasse lourdement soient durement sanctionnés. À l’époque, l’Allemagne avait dans le collimateur les pays qualifiés avec morgue de «Club Med», à savoir l’Italie, l’Espagne et le Portugal, trois pays dont les gouvernements ont réussi à depuis à contenir les déficits au prix de mesures d’austérité drastiques alors que l’Allemagne s’enfonçait dans les déficits (3,6 % du PIB l’an passé).
Les autres ministres des Finances de l’Eurogroupe ne se sont guère montrés plus charitables, le Finlandais refusant d’envisager un assouplissement, même temporaire, tandis que l’Autrichien estimait que le sujet ne devrait même pas être abordé. Les déficits français et allemand ne peuvent être pris à la légère par les autres membres de la zone euro dans la mesure où l’économie de ces deux pays compte pour la moitié de l’ensemble du groupe.
Jacques Chirac, cependant, n’est pas entièrement seul dans son approche. Le président de la Commission européenne Romano Prodi, qui à la tête du gouvernement italien avait été l’architecte de l’entrée de son pays dans l’euro, avait lui-même provoqué un scandale en affirmant l’an dernier au journal Le Monde que le pacte de stabilité était «une stupidité» et que tout le monde le savait. La France, l’Allemagne et l’Italie ont également entrepris des démarches, jusqu’à présent sans succès, pour que les dépenses militaires ne soient pas prises en compte dans les critères du Pacte de stabilité, de façon à ne pas pénaliser ceux des pays qui contribuent le plus à la défense européenne au moment où chacun s’accorde à reconnaître que l’effort de défense de l’Union est insuffisant.
Sur le plan intérieur, Jacques Chirac a également reçu une volée de bois vert des socialistes, par la voix de Laurent Fabius qui ironise sur le fait que cette demande aurait de meilleures chances d’être entendue si elle ne provenait pas du mauvais élève de la classe budgétaire européenne.
Bien entendu, il est peu probable que ces réactions aient surpris Jacques Chirac qui s’adressait avant tout à l’opinion intérieure française. Il est toutefois probable que le président français fasse le pari que la dégradation de la conjoncture en Europe conduira certains partenaires de la France à se montrer moins intransigeants qu’aujourd’hui. Mais pour l’heure, ce n’est qu’un pari.
Justement, les ministres des Finances de l’Eurogroupe se réunissaient le soir même à Bruxelles et la déclaration du président français leur a fourni un sujet de discussion. Ou plutôt de mécontentement, car il ne s’est pas trouvé un seul Européen pour venir appuyer, même timidement, la suggestion française. Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, a d’ailleurs spectaculairement appuyé la position de Pedro Solbes, alors que l’Allemagne se trouve dans une situation comparable à celle de la France en matière de déficits. Plus grave, même et s’il se trouve en Allemagne des responsables pour espérer, comme les Français, un assouplissement des critères du Pacte, tel n’est pas le cas du grand argentier allemand qui se veut un gardien rigoureux de l’orthodoxie budgétaire.
Les autres pays qui, contrairement à la France et l’Allemagne, ont pris des mesures rigoureuses depuis déjà longtemps et qui ne sont donc pas en faute vis-à-vis des engagements pris, n’ont eu aucune indulgence pour le chef de l’État français : «Nous sommes le 14 juillet, le jour où la Bastille a été prise d’assaut, et maintenant c’est le pacte de stabilité qui est pris d’assaut», a grincé le ministre néerlandais des Finances.
France et Allemagne: la moitié de l’économie de la zone euro
Sur ce point au moins, nul ne peut reprocher à la France de manquer de constance. En 1996, lors de la négociation du Pacte de stabilité, Paris avait réussi à atténuer la demande allemande que les pays dont le déficit budgétaire dépasse lourdement soient durement sanctionnés. À l’époque, l’Allemagne avait dans le collimateur les pays qualifiés avec morgue de «Club Med», à savoir l’Italie, l’Espagne et le Portugal, trois pays dont les gouvernements ont réussi à depuis à contenir les déficits au prix de mesures d’austérité drastiques alors que l’Allemagne s’enfonçait dans les déficits (3,6 % du PIB l’an passé).
Les autres ministres des Finances de l’Eurogroupe ne se sont guère montrés plus charitables, le Finlandais refusant d’envisager un assouplissement, même temporaire, tandis que l’Autrichien estimait que le sujet ne devrait même pas être abordé. Les déficits français et allemand ne peuvent être pris à la légère par les autres membres de la zone euro dans la mesure où l’économie de ces deux pays compte pour la moitié de l’ensemble du groupe.
Jacques Chirac, cependant, n’est pas entièrement seul dans son approche. Le président de la Commission européenne Romano Prodi, qui à la tête du gouvernement italien avait été l’architecte de l’entrée de son pays dans l’euro, avait lui-même provoqué un scandale en affirmant l’an dernier au journal Le Monde que le pacte de stabilité était «une stupidité» et que tout le monde le savait. La France, l’Allemagne et l’Italie ont également entrepris des démarches, jusqu’à présent sans succès, pour que les dépenses militaires ne soient pas prises en compte dans les critères du Pacte de stabilité, de façon à ne pas pénaliser ceux des pays qui contribuent le plus à la défense européenne au moment où chacun s’accorde à reconnaître que l’effort de défense de l’Union est insuffisant.
Sur le plan intérieur, Jacques Chirac a également reçu une volée de bois vert des socialistes, par la voix de Laurent Fabius qui ironise sur le fait que cette demande aurait de meilleures chances d’être entendue si elle ne provenait pas du mauvais élève de la classe budgétaire européenne.
Bien entendu, il est peu probable que ces réactions aient surpris Jacques Chirac qui s’adressait avant tout à l’opinion intérieure française. Il est toutefois probable que le président français fasse le pari que la dégradation de la conjoncture en Europe conduira certains partenaires de la France à se montrer moins intransigeants qu’aujourd’hui. Mais pour l’heure, ce n’est qu’un pari.
par Olivier Da Lage
Article publié le 15/07/2003