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Monnaie unique européenne

L’euro à son plus haut depuis quatre ans

L’euro est revenu à un taux de change, par rapport au dollar, 1,12, qu’il n’avait plus connu depuis 4 ans, peu après son lancement. Cette remontée de la monnaie unique européenne, davantage le signe d’une dépréciation du billet vert, ne présente pas que des avantages pour l’Europe. En revanche un dollar faible a quelques mérites pour les Etats-Unis.
La monnaie unique européenne est passée, ces derniers jours, au-dessus de 1,12 dollars. Un taux de change qu’elle n’avait plus connu depuis février 1999, après une introduction à 1,18 dollars le 1er janvier de la même année. En octobre 2000, l’euro atteignait un plancher de 0,83 dollar avant d’amorcer une reprise très lente. En juillet 2002, on saluait comme une grande victoire le premier retour à la parité euro-dollar mais peu d’analystes auraient parié un sou sur le renversement de la tendance antérieure et ce, jusqu’à la fin de l’année 2002.

Et puis, la reprise économique américaine se faisant attendre, la Réserve fédérale a opté pour une relance par la baisse des taux d’intérêts. Les capitaux à la recherche d’une meilleure rémunération ont commencé de se porter sur l’euro. Avec la préparation de l’intervention militaire en Irak le mouvement s’est accéléré. Mais il était bien entendu pour tout le monde que les hostilités militaires achevées la croissance reprendrait aux Etats-Unis et la confiance des investisseurs avec elle.

Cela ne s’est pas produit. L’indice d’activité industrielle aux Etats-Unis est en recul en avril par rapport à mars alors que les analystes espéraient le contraire. Les chiffres de l’emploi sont mauvais et à la perte de près de 500 000 emplois en février et mars s’ajoute un mauvais indice en avril, avec un taux de chômage de 6%, ce qui est beaucoup de ce coté de l’Atlantique.

La dépréciation du dollar profite plus nettement à la monnaie unique européenne mais aussi à la livre sterling et au yen dans une moindre mesure. Les performances économiques dans la zone euro ou au Japon ne sont évidemment pas à l’origine de ce goût des spéculateurs pour leur devise. Le Japon se débat dans une crise profonde depuis plus de 10 ans et l’Union européenne est marquée par une faible croissance et un fort chômage. L’explication est ailleurs, dans la politique des taux d’intérêts menée en Europe et dans la connivence des autorités américaines pour un dollar faible facilitant le remboursement de leurs lourds déficits extérieurs.

Remboursements à moindre coût

Désormais, les cambistes ne se prononcent plus sur un plafond probable de l’euro par rapport au dollar. La guerre en Irak a un temps servi d’explication à la léthargie de l’industrie américaine mais elle n’est pas le seul facteur. Dans une conjoncture économique générale laissant prévoir, au mieux, une croissance molle, les taux d’intérêts américains exceptionnellement bas limitent les investissements en dollar alors qu’ils avaient pour objectifs de faciliter le plan de relance de l’économie. Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale estime malgré tout qu’il est possible d’envisager une nouvelle baise des taux d’intérêts si cela s’avérait nécessaire pour doper une croissance en berne. De son côté la Banque centrale européenne a opté pour une réduction modérée de ces taux.

La réduction de la différence des taux entre les deux côtés de l’Atlantique est présentée comme une nécessité par des économistes européens. En effet l’attitude des autorités monétaires américaines amène les marchés financiers à mettre en doute leurs déclarations officielles sur leur préférence pour un dollar fort. En réalité l’affaiblissement du dollar soutient les exportations des entreprises américaines au détriment de celles de la zone euro ce qui constitue pour elles une alternative à une faible consommation intérieure.

Pour le gouvernement américain la baisse du dollar est également une solution à moindre coût pour rééquilibrer la balance commerciale très déficitaire et résorber les déficits extérieurs en forte augmentation ces dernières années. Rembourser ses dettes avec une monnaie dévaluée revient assurément moins cher.



par Francine  Quentin

Article publié le 02/05/2003