Monnaie unique européenne
La BCE réduit son taux directeur d’un demi-point
La Banque centrale européenne a accompli le geste qu’attendaient d’elles les marchés, les gouvernements, les entreprises et les consommateurs en réduisant son taux directeur de 0,5 point à 2 %.
Pour la première fois depuis bien longtemps, la Banque centrale européenne (BCE) a accompli le geste attendu en réduisant d’un demi-point son taux directeur qui passe de 2,5 % à 2 %, réduisant du même coup le différentiel avec les taux directeurs américains de 1 point à 1 demi-point.
Il ne faisait guère de doute que ce jeudi, la BCE réduirait enfin ses taux. Mais si les marchés espéraient une baisse de 0,5 point, certains redoutaient qu’elle se limite à 0,25 point. Le président de la BCE Wim Duisenberg, qui s’est fait le chantre de la lutte anti-inflationniste depuis sa prise de fonctions, avait reconnu mardi que «les pressions inflationnistes [avaient] décliné de manière significative au cours de ces derniers mois». Le taux d’inflation de la zone euro est en effet revenu au mois de mai au-dessous du seuil de 2 %, considéré comme la limite supérieure acceptable par l’institut européen d’émission.
Mais il est d’autres chiffres qui ont dû retenir l’attention des banquiers centraux européens, même si l’objectif publiquement affiché demeure la lutte contre l’inflation : la croissance européenne est atone, à la limite de la récession. L’Allemagne, moteur économique de la zone euro, est pour sa part officiellement entrée en récession. La France s’en sort un peu mieux avec une croissance très légèrement positive (0,3 %) au premier trimestre. Mais la moyenne pour l’ensemble des pays de l’Union européenne au premier trimestre est de 0,1 %. Autrement dit, l’UE flirte avec la croissance zéro.
De surcroît, l’appréciation vertigineuse du cours de l’euro face au dollar qui a dépassé la semaine dernière 1,19 dollars, enfonçant son plafond historique, compromet désormais directement les exportations européennes, menacées par la compétitivité nouvelle des produits libellés en dollars ou dans une monnaie liée au billet vert. Le mouvement inverse des devises équivaut à un rabais de près de 40 % des biens et services facturés en dollars. Le fait que les Américains semblent ouvertement prendre leur parti d’un dollar faible comme moyen de combler leur déficit commercial et d’équilibrer leur balance des paiements laissait redouter que le mouvement de progression de l’euro face au dollar reprenne de plus belle, certains citant une parité de 1,30 à la fin de l’année qui risquerait de casser pour de bon ce qui reste de croissance européenne.
Ce raisonnement, cela fait des mois, voire des années que les gouvernements européens le tiennent. Mais ils sont cette fois restés silencieux, connaissant la susceptibilité légendaire de cette jeune Banque centrale qui, pour faire la preuve de son indépendance, n’a pas hésité dans le passé à renoncer à une baisse de taux qu’elle savait inéluctable, uniquement pour ne pas apparaître comme cédant aux pressions politiques des gouvernements européens.
Les regards se tournent vers la Fed
Dans l’immédiat, la pression sur l’euro se relâche, et le signe encourageant donné aux investisseurs devraient leur redonner confiance dans l’avenir de la zone euro. Pour autant, Wim Duisenberg et ses collègues auraient tort de considérer qu’ils en ont fini avec les pressions du marché. Car la plupart des analystes continuent, malgré cette baisse des taux de la BCE, de penser que le cours de l’euro contre dollar va repartir à la hausse. Le 25 juin prochain, la Fed (l’institut fédéral d’émission américain) devrait lors de sa prochaine réunion, décider une nouvelle baisse de 0,25 %. A ce moment, les regards se tourneront à nouveau vers Francfort pour voir si la BCE suit le mouvement.
En fait, les acteurs économiques, qui avaient déjà intégré la baisse des taux de la BCE de ce jeudi, et qui prennent en compte la baisse attendue des taux américains le 25 juin, commencent déjà à guetter les signes annonciateurs d’une nouvelle baisse des taux européens. Celle-ci serait la bienvenue, mais tellement étrangère à la pratique à laquelle nous a habitués la BCE… dans le cas contraire, le risque est grand que les effets positifs de la baisse d’un demi-point que vient d’effectuer la BCE s’évanouissent avant même d’avoir pu produire leurs effets.
Il ne faisait guère de doute que ce jeudi, la BCE réduirait enfin ses taux. Mais si les marchés espéraient une baisse de 0,5 point, certains redoutaient qu’elle se limite à 0,25 point. Le président de la BCE Wim Duisenberg, qui s’est fait le chantre de la lutte anti-inflationniste depuis sa prise de fonctions, avait reconnu mardi que «les pressions inflationnistes [avaient] décliné de manière significative au cours de ces derniers mois». Le taux d’inflation de la zone euro est en effet revenu au mois de mai au-dessous du seuil de 2 %, considéré comme la limite supérieure acceptable par l’institut européen d’émission.
Mais il est d’autres chiffres qui ont dû retenir l’attention des banquiers centraux européens, même si l’objectif publiquement affiché demeure la lutte contre l’inflation : la croissance européenne est atone, à la limite de la récession. L’Allemagne, moteur économique de la zone euro, est pour sa part officiellement entrée en récession. La France s’en sort un peu mieux avec une croissance très légèrement positive (0,3 %) au premier trimestre. Mais la moyenne pour l’ensemble des pays de l’Union européenne au premier trimestre est de 0,1 %. Autrement dit, l’UE flirte avec la croissance zéro.
De surcroît, l’appréciation vertigineuse du cours de l’euro face au dollar qui a dépassé la semaine dernière 1,19 dollars, enfonçant son plafond historique, compromet désormais directement les exportations européennes, menacées par la compétitivité nouvelle des produits libellés en dollars ou dans une monnaie liée au billet vert. Le mouvement inverse des devises équivaut à un rabais de près de 40 % des biens et services facturés en dollars. Le fait que les Américains semblent ouvertement prendre leur parti d’un dollar faible comme moyen de combler leur déficit commercial et d’équilibrer leur balance des paiements laissait redouter que le mouvement de progression de l’euro face au dollar reprenne de plus belle, certains citant une parité de 1,30 à la fin de l’année qui risquerait de casser pour de bon ce qui reste de croissance européenne.
Ce raisonnement, cela fait des mois, voire des années que les gouvernements européens le tiennent. Mais ils sont cette fois restés silencieux, connaissant la susceptibilité légendaire de cette jeune Banque centrale qui, pour faire la preuve de son indépendance, n’a pas hésité dans le passé à renoncer à une baisse de taux qu’elle savait inéluctable, uniquement pour ne pas apparaître comme cédant aux pressions politiques des gouvernements européens.
Les regards se tournent vers la Fed
Dans l’immédiat, la pression sur l’euro se relâche, et le signe encourageant donné aux investisseurs devraient leur redonner confiance dans l’avenir de la zone euro. Pour autant, Wim Duisenberg et ses collègues auraient tort de considérer qu’ils en ont fini avec les pressions du marché. Car la plupart des analystes continuent, malgré cette baisse des taux de la BCE, de penser que le cours de l’euro contre dollar va repartir à la hausse. Le 25 juin prochain, la Fed (l’institut fédéral d’émission américain) devrait lors de sa prochaine réunion, décider une nouvelle baisse de 0,25 %. A ce moment, les regards se tourneront à nouveau vers Francfort pour voir si la BCE suit le mouvement.
En fait, les acteurs économiques, qui avaient déjà intégré la baisse des taux de la BCE de ce jeudi, et qui prennent en compte la baisse attendue des taux américains le 25 juin, commencent déjà à guetter les signes annonciateurs d’une nouvelle baisse des taux européens. Celle-ci serait la bienvenue, mais tellement étrangère à la pratique à laquelle nous a habitués la BCE… dans le cas contraire, le risque est grand que les effets positifs de la baisse d’un demi-point que vient d’effectuer la BCE s’évanouissent avant même d’avoir pu produire leurs effets.
par Olivier Da Lage
Article publié le 05/06/2003