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Monnaie unique européenne

Un Français devient le gardien de l’euro

Le Français Jean-Claude Trichet succède à partir du 1er novembre au Néerlandais Wim Duisenberg à la tête de la Banque centrale européenne à un moment où la zone euro traverse une passe difficile.
Aller simple Paris-Francfort pour Jean-Claude Trichet. C'est ce samedi que le gouverneur de la Banque de France prend la tête de la BCE (Banque centrale européenne). Le nouvel homme fort de la BCE n'aura guère le temps de savourer sa nomination. La zone euro traverse en effet une période difficile: croissance en panne, trois pays (l'Allemagne, l'Italie et les Pays-bas) en récession, sans compter le dérapage des déficits publics.

Pour Jean-Claude Trichet, prendre la tête de la Banque centrale européenne, c'est un vieux rêve qui se réalise. Le rêve d'un Européen convaincu qui s'est fait l'avocat de la monnaie unique et a défendu bec et ongles le traité de Maastricht. Mais s'asseoir dans le prestigieux fauteuil de l'Eurotower de Francfort, c'est aussi aujourd'hui, relever un défi: les dossiers épineux ne manquent pas!

Une panne de croissance sans précédent affaiblit la zone euro. Et faute de reprise rapide, la Banque centrale européenne risque de se retrouver à nouveau sous pression pour baisser encore ses taux directeurs. Les taux directeurs par lesquels la banque centrale intervient pour atteindre les objectifs de sa politique monétaire. Fixé à 2%, il est aujourd'hui très faible mais reste encore bien supérieur à celui des Etats-Unis.

Autre problème, celui des déficits publics français et allemand, en particulier, qui violent les règles du pacte de stabilité européen. Les Quinze attendent le nouveau directeur au tournant. Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung se demandait récemment si Jean-Claude Trichet allait diriger la BCE dans un esprit d'indépendance ou s'il serait l'homme de main de Jacques Chirac. La réponse du principal intéressé ne s'est pas fait attendre: «je ne serai pas un Français à Francfort» a martelé Jean-Claude Trichet.

Le nouveau président de la BCE fera sa première intervention publique lundi, à Athènes lors d'une cérémonie organisée par la banque centrale de Grèce. Il devrait ensuite participer à l'Eurogroupe, qui réunit les grands argentiers des douze pays membres de la zone euro.

Le cri d’alarme de Wim Duisenberg

Pour sa part, le Néerlandais Wim Duisenberg, quitte la tête de la BCE après 5 ans et demi passé à diriger l’organisme. C’est lui qui avait piloté le passage à l'euro. Il quitte ses fonctions en lançant un cri d'alarme face aux risques qui pèsent selon lui sur le Pacte de stabilité européen.

Dans un entretien accordé vendredi à une chaîne de télévision allemande, sa toute dernière interview en tant que président de la BCE, Wim Duisenberg n'a pas hésité a dramatiser la situation. Pour lui le danger de voir le Pacte de stabilité tomber en désuétude est assurément là. Et ce serait, selon lui, un désastre pour l'Europe.

Cette mise en garde est adressée trois jours avant une importante réunion à Bruxelles. Réunion au cours de laquelle les ministres européens des finances doivent théoriquement se prononcer sur des sanctions financières contre Berlin et Paris. En effet, la France, à l'instar de l'Allemagne, devrait dépasser l'an prochain les 3% de déficit autorisés par le traité de Maastricht.

Toutefois les Européens, divisés sur la question d’accorder ou non un délai supplémentaire à Paris et Berlin pour qu'ils rentrent dans les clous, pourraient reporter leur décision. Wim Duisenberg, on l’a compris est lui partisan de la plus grande fermeté.

Le Français Jean-Claude Trichet, son successeur à la tête de la Banque centrale européenne pourrait se montrer tout aussi ferme sur la nécessité de réduire les déficits. Partisan d'un euro fort comme Wim Duisenberg, le nouveau gardien du temple monétaire européen devrait également, dans l'immédiat au moins, résister aux pressions de ceux qui militent pour une baisse des taux, afin soutenir la relance de la croissance dans la zone euro.



par Nathalie  Tourret et Jean-Marie Coat

Article publié le 01/11/2003